Alors qu'il aurait pu disserter sur tout autre sujet, monsieur Eric Zemmour, disert chroniqueur matinal sur RTL, a préféré, hier, saluer le départ de monsieur Xavier Darcos qui vient d'être écarté du gouvernement Fillon VI :
"Darcos était le plus cultivé des ministres, cela tranchait trop avec certains."
A déclaré monsieur Zemmour, qui s'y connait.
Puisqu'il travaille au Figaro, où l'on s'y connait.
Et c'est d'ailleurs sans doute parce qu'il est le plus cultivé des éditocrates du Figaro que l'on songe, il semble, à se séparer de lui.
Il tranche un peu trop, lui aussi.
Monsieur Xavier Darcos cultivant son sourire
lors de la passation des pouvoirs à monsieur Eric Woerth, le 23 mars 2010.
lors de la passation des pouvoirs à monsieur Eric Woerth, le 23 mars 2010.
Indubitablement, cette appréciation subtile, venant d'un des piliers de la vie intellectuelle de notre pays, aura été pour monsieur Darcos comme un baume sur son derme ulcéré.
Malgré tous ses efforts, il ne devait guère se faire d'illusion: il aurait été suicidaire pour le président Sarkozy, qui veut désormais "avancer" sans faux pas dans le traitement du dossier des retraites, de maintenir à la tête du ministère du Travail quelqu'un dont le talent le mieux reconnu réside dans un art inimitable de la reculade.
Car, on l'a vu lors de son bout d'essai au ministère de l'Education Nationale, monsieur Darcos pratique avec un naturel étonnant malgré sa formation d'un classicisme absolu, ce pas de comédie musicale, parfaitement dominé par feu Michael Jackson, où le danseur semble avancer avec résolution alors que ses pieds le font reculer.
Monsieur Sarkozy ne tenait probablement pas à le voir avancer l'âge légal de départ à la retraite tout en soutenant qu'il était nécessaire, pour le bien de tous, de le reculer.
Il faudra bien que l'amour-propre égratigné du fidèle monsieur Darcos admette que son retour au ministère de l'Education Nationale aurait trop profondément affecté monsieur Luc Chatel et que sa nomination au ministère de la Culture n'aurait vraiment satisfait que monsieur Zemmour.
Le sort de monsieur Darcos émeut beaucoup. Pour le Figaro, il est le "ministre sacrifié des régionales", qui, selon Le Monde, "paie ses désaccords avec Matignon et l'Elysée", et le bruit court un peu partout que notre pauvre Caliméro trouve la sanction vraiment trop injuste:
"La Rue de Grenelle, c'était mon ministère préféré, celui de la vraie vie, avec des gens pragmatiques, des esprits forts et des contacts vrais."
On s'inquiète: où va-t-il bien pouvoir traîner cette indéracinable nostalgie de la "vraie vie" enfin découverte ? Il aurait décliné l'offre d'un poste d'ambassadeur de France à Rome, mais ne dédaignerait pas la place occupée à Versailles par monsieur Jean-Jacques Aillagon, qui n'envisagerait pas de partir.
C'est dommage: un numéro de claquettes dans la galerie des glaces, ça serait terriblement classieux...
Dans l'attente, Le Monde nous rassure:
Demain, en attendant peut-être une autre mission ou une éventuelle candidature aux législatives en Gironde, le professeur agrégé de lettres classiques va se consacrer à l'ouvrage qu'il doit remettre prochainement à son éditeur : Le Dictionnaire amoureux de la Rome antique. Un autre monde.
Dans cette collection à succès des éditions Plon, il sera en bonne compagnie: monsieur Claude Allègre y a publié jadis un Dictionnaire amoureux de la Science.
Monsieur Eric Zemmour n'a pas donné suite à la proposition qui lui avait été faite d'œuvrer à un dictionnaire amoureux de l'Immigration.
4 commentaires:
Sentant poindre une légère inquiétude quant au sort du pétillant chroniqueur, je tiens à te rassurer : "Le Figaro va conserver Eric Zemmour".
Bises et bonne soirée.
J'espère qu'ils vont le conserver au vinaigre.
A l'alcool, ce serait du gâchis.
Bonne soirée et bises itou.
Un gâchis sans nom dans l'alcool mais j'ai bien peur qu'il fasse même tourner le vinaigre , pauvre garçon .
Il faut quand même noter que nous sommes dans une période de dérapages puis d'excuses puis de nouveaux dérapages et suivent les excuses , cela devient difficile de s'exprimer .Plus aucun débat , nous avons juste le droit de nous indigner , d'aller en justice éventuellement, c'est peu et pas constructif .
Le dérapage semi contrôlé est peut-être en passe de devenir un moyen de dominer l'opinion.
Avec le risque de se retrouver dans le décor...
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