Le 27 novembre 2007, Pierre, un lycéen de 17 ans, fut la victime, à Nantes, d'une agression dans laquelle il perdit l'usage de son œil droit.
Deux ans, trois mois et quelques jours après les faits, la presse nous apprend, avec la plus précautionneuse des circonspections, que l'enquête est arrivée à son terme et que le présumé responsable direct de la blessure de Pierre, jusqu'alors entendu en qualité de "témoin assisté", vient d'être mis en examen pour "violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique".
On peut en conclure, provisoirement, que les investigations ont été menées sans confondre vitesse et précipitation, et que le principe de présomption d'innocence a été scrupuleusement respecté.
Il faut préciser que l'agresseur présumé de Pierre est un membre des forces de l'ordre, porteur ce jour-là d'un "super flash-ball", alors "en cours d'expérimentation", dont il aurait fait usage, devant le rectorat de Nantes, en direction d'un groupe de lycéens manifestant contre le projet de loi relatif aux libertés et responsabilité des universités (LRU).
Photo publiée le 28 novembre 2007 par Indymedia-Nantes.
Si la plupart des membres de la confrérie journalistique brode laconiquement sur la même dépêche, le/la rédacteur/trice de France-Soir, notre "grand quotidien national", fait un peu plus en annonçant, à propos du "fonctionnaire de police" "mis en examen":
C’est la victime collatérale du processus judiciaire.
Heureuse formule qui nous rappelle que tout policier suspecté dans une affaire ne peut être que suspecté d'être innocent, ou victime...
L'instruction devrait encore durer trois mois...
Trois mois après lesquels on pourra commencer de songer à organiser un procès, à moins que l'on ne décide de laisser le dossier sombrer en douceur dans l'oubli.
Mais je doute que cela se fasse si aisément: la famille de Pierre ne veut pas oublier.
Elle a fait passer à la presse un rappel des faits, accompagné du texte suivant explicitant les motivations de son action:
Communiqué de la famille du lycéen blessé par un tir de flash-ball
1. élucider les motivations du tireur et de sa hiérarchie ;
2. que la République n'expérimente plus secrètement de nouvelles armes sur des enfants ;
3. pour le Droit de manifester paisiblement sans être mutilé à vie ;
4. pour le Devoir des policiers de ne pas ordonner des violences absurdes et disproportionnées ou à ne pas obéir à ces ordres.
Nous sommes loin de l'exigence d'un procès pour obtenir "réparation" du préjudice causé par le tireur cagoulé, que certains posent en "victime" du devoir.
Nous sommes loin aussi du "débat" politicien ou politicard sur les demandes sécuritaires...
D'ailleurs, les politiques n'ont pas réagi à cette mise en examen.
Ils sont bien trop occupés à réviser la liste des tarifs des transports publics...
PS: Rappel.
Le blogue "27 novembre 2007" tient à jour les informations sur cette affaire et les affaires analogues.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire