Si, en ma jeunesse folle, au lieu d'embrasser goulûment la brillante carrière d'universel glandeur qui fut la mienne, j'eusse étudié, je pourrais probablement me prévaloir, ici et maintenant, du digne statut d'universitaire. Cela n'empêcherai peut-être pas mon plombier de chercher mon approbation, au comptoir de chez Pierrot, d'un "vous direz si je me trompe, meussieu l'instituteur", mais enfin, on ne peut tout avoir, et il ne faut pas trop rêver.
L'état de la plomberie, à Trifouillis, mérite des sacrifices...
En revanche, au lieu de me contenter de commentaires modérés au pied des articles de haut vol, je pourrais livrer au journal Le Monde, dont je serai un très fidèle abonné et très attentif lecteur, des "chroniques" qui seraient mises en ligne dans la rubrique "chroniques d'abonnés", et que je pourrais signer de mon nom-complet-virgule-universitaire.
Si j'avais pu savoir...
Monsieur Luc Borot, lui, devait savoir. Sa biographie, détaillée sur le site de la Maison Française d'Oxford, institution dont il est le directeur, ne laisse aucun doute; il possède un cursus bien rempli:
Luc Borot a étudié à l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm (1980-1984). Pendant sa scolarité il a travaillé comme Lecteur de français pour les Universités d'Oxford et de Cambridge (1981-1983), et il a été reçu à l'Agrégation d'anglais en 1984. Il est ensuite parti enseigner au Maroc de 1984 à 1986, au Lycée Lyautey, avant de rentrer en France pour enseigner au département d'anglais de l'Université Paul-Valéry Montpellier III. Il a soutenu en 1988 à la Sorbonne Nouvelle un Doctorat sur Thomas Hobbes et James Harrington. Devenu Maître de Conférences en 1989, il a soutenu une Habilitation à diriger des recherches en 1993. La même année il a été élu Professeur des Universités. Entre 1996 et 2001, il a été élu comme membre Junior de l'Institut Universitaire de France.
LeMonde.fr a publié de lui un papier, assez court, mais intense, intitulé sobrement: Abstention et radicalisation: deux dangers pour la paix politique en France, écrit visiblement sous le coup d'une inspiration foudroyante, survenue à l'écoute de monsieur Alain-Gérard Slama, chroniqueur attitré des matinales de France-Culture, l'émission où l'on se racle la gorge dans le micro - à les entendre, on dirait même qu'ils demandent de pousser le son à ces moments-là.
Comme ce texticule vaut bien son pesant de pastilles Valda, je vous engage à le lire en intégralité. Vous verrez qu'il s'y déploie une belle énergie, surtout éolienne, pour fustiger le groupe qui a remporté le premier tour du scrutin des élections régionales, celui des à-quoi-bonnistes, je-m'en-foutistes et autres abstentionnistes.
Cela ne saurait se résumer...
Monsieur Borot a le délire prophétique:
Le refus des urnes par l'extrême gauche, s'il débouche comme je le crains sur des actions irresponsables contre les services publics (train, police, université, école) ou les symboles (lieux de culte, monuments, musées), ouvrira la voie au fascisme.
Et érudit.
Il dénonce, comme "autant d'indices qu'un activisme à coloration anarchiste a pris le relai de la stratégie de communication électorale dans les nébuleuses de l'action radicale", "l'influence croissante d'écrits comme L'Insurrection qui vient, ou Temporary Autonomous Zones, ou la popularité de Zizek (sic) dans certains milieux".
On voit qu'il en sait beaucoup plus que monsieur Alain Bauer, qui "découvrit" seulement L'Insurrection qui vient, et rata probablement le pernicieux Slavoj Žižek...
(J'imagine bien une commande d'une quarantaine d'exemplaires des articles et livres de Žižek pour le ministère de l'Intérieur...)
en tenue de combat révolutionnaire.
(On notera la "coloration anarchiste" des chaussettes.)
On regrettera que monsieur Borot n'ait pas dénoncé l'influence délétère de Jean-Baptiste Botul qui a prouvé sa capacité de nuisance en ramollissant, de manière qui semble définitive, l'un de nos meilleurs cerveaux.
Mais on notera surtout que monsieur Borot a totalement oublié de parler de l'inquiétant succès éditorial d'Alain Badiou...
C'est pourtant avec lui que Žižek a organisé en mars 2009, à Londres, une conférence intitulée On the idea of Communism, réunissant une quinzaine de philosophes dont les contributions ont été publiées, ce mois de janvier, par les éditions Lignes.
(J'espère qu'ils n'ont pas oublié de livrer la place Beauvau...)
2 commentaires:
Joli billet, camarade ! Le bougre est rhabillé pour l'hiver. Au regard de l'épaisseur de crétinerie qu'il affiche déjà naturellement, ça lui fera une chaleureuse deuxième couche, bien matelassé comme il faut.
"il a été élu comme membre Junior"
Logique qu'il publie de telles imbécillités, alors. C'est un castor (junior), il doit plus travailler de la queue que du cerveau…
(Si, si, j'ai honte…)
"On notera la "coloration anarchiste" des chaussettes."
:-)
Faut avouer, il a des panards impressionnants…
Je ne sais pas quelle est sa pointure, mais j'ai l'impression que c'en est une !
(Et malgré le malocrâne qui suit, il est d'une agréable lecture...)
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