lundi 13 février 2012

Une enfance rouennaise

Comme il ne se passe pas grand chose dans le monde - et notamment, rien du tout en Grèce -, notre journal de Haute-Normandie offre à ses lecteurs une palanquée d'articles sur la jeunesse de monsieur François Hollande, "l'enfant que Rouen avait oublié" et qu'elle retrouvera mercredi soir pour un grand mitigne...

Il y a même une carte pour s'y repérer :

A parcourir avec vénération.

Un article, sobrement intitulé François Hollande : enquête sur une jeunesse à Rouen, m'a particulièrement intéressé. Olivier Cassiau et Thierry Delacourt y livrent les résultats des sérieuses investigations qu'ils ont menées avec toute l'intransigeance d'un Albert Londres bicéphale.

Ils montrent notamment que j'avais fait erreur en estimant que le jeune François Hollande avait quitté la capitale normande pour gagner Neuilly - sur Seine - avant d'entrer en sixième. Comme j'avais affirmé cela dans un billet intitulé Taches blanches de la mémoire, cela ne tombe, malgré tout, pas trop mal, genre pirouette.

Les deux enquêteurs du "journal" ont pu retrouver la photo de classe de la 5e M2, année scolaire 1965-1966, où le petit Hollande, méconnaissable, est signalé au troisième rang, premier à partir de la gauche, comme il se doit. Ils ne précisent pas, et je le regrette un peu, qu'à JiBé - comme disent les Rouennais de bonne souche -, les photos de classe étaient, à cette époque, réalisées par l'un des frères dits "des écoles chrétiennes" présents dans l'établissement. Le frère Bernardin, que tout le monde appelait Cornu - c'était son patronyme, et c'était plus vite dit, surtout pour prévenir qu'il arrivait -, était un photographe un peu râleur lors des prises de vue, mais extrêmement soigneux. Il tirait aussi, avec un certain talent, le portrait des professeurs qui le voulaient bien, et je dois avoir encore, quelque part, de ces photos.

Voici donc la 5e M2, année scolaire 1965-1966.
Ne me cherchez pas, cette année-là j'étais en seconde.

Curieusement, il semble très difficile - même dans le cas de monsieur Nicolas Sarkozy - de trouver un ancien condisciple d'homme politique qui ait été à peu près aussi bon que lui en classe. Cela doit être une loi de ce type d'enquête. Dans notre cas, on obtient ceci :

« C’était un bon élève et un bon copain » assure un Rouennais qui a usé ses fonds de culotte sur les mêmes bancs que le dirigeant socialiste. « Lui était le premier de la classe, – il avait un an d’avance – moi plutôt du côté du radiateur » sourit l’ancien élève de J.-B. « François était très sympa, je me souviens d’être allé jouer au foot chez lui, à Bois-Guillaume, un jeudi après-midi. »

Le témoignage d'un ancien professeur est plus gentiment nuancé :

Armand Adem, son prof de français pendant au moins deux ans, se souvient d’un élève brillant, mais aussi espiègle. « C’est quelqu’un qui prenait déjà ses responsabilités, mais aimait la petite déconne ».

Je dois dire que cette dernière expression, à la limite de la trivialité, me déconcerte un peu, venant de celui qui est resté pour moi monsieur Adem. Il a été mon professeur durant un an, en quatrième ou en troisième, et, faisant partie de ces enseignants qui encouragent, il m'avait un jour conseillé d'alléger mes phrases et d'enrichir mon vocabulaire. J'aurais bien voulu suivre ses recommandations de lecture pendant les longues heures d'étude "libre" où je mourrais d'ennui, mais les écrivains qu'il m'avait indiqués figuraient sur la liste des auteurs contre-indiqués des bons frères - et les internes, dont j'étais, ne pouvaient introduire que de la littérature autorisée...

Je constate que lui, au moins, a joliment enrichi son vocabulaire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

l'expression "aimait bien la petite déconne" n'est pas de lui et ne lui paraît pas retraduire la réalité dans son souvenir

Guy M. a dit…

Merci de cette précision en forme de démenti...

(Ce supposé écart de langage n'affectait en rien le souvenir que je garde de mon ancien professeur.)