On s'est demandé pourquoi le président Hosni Moubarak s'était fait si longtemps attendre avant de prendre la parole, hier soir. Au Caire a couru le bruit, tout à fait plausible, qu'il hésitait sur le choix de ses chaussures, ayant l'intention de partir en courant à la fin de son allocution. Plausible, mais fausse, cette rumeur, puisqu'il a annoncé qu'il ne partirait pas tout de suite.
La vérité est qu'il attendait la fin de l'émission de télé-réalité politique à laquelle participait son collègue et ami, le président Sarkozy. La demande lui avait été courtoisement adressée par les services diplomatiques français, et, malgré sa volonté clairement affirmée de ne pas céder aux ingérences étrangères, il avait accepté de retarder un peu son apparition.
Sa gentillesse fut bien mal récompensée, car monsieur Sarkozy, comme tout voyageur de commerce que l'on invite à s'asseoir quelque part, fut indécramponnable. Il avait appris une pleine broutée de chiffres par cœur, il fallait bien qu'il les régurgite face à une France médusée...
Patient, mais considérant qu'après tout, personne en France n'attendait une annonce de démission de la part de son homologue, monsieur Moubarak est finalement entré en scène pour affirmer que lui non plus ne démissionnerait pas.
D'ailleurs, il n'avait pas mis des chaussures lui permettant de partir en courant.
Droit dans ses godasses, monsieur Hosni Moubarak affirmait :
"L'Égypte demeure une patrie chère qui ne peut me quitter et que je ne peux quitter, jusqu'à ce que je meure sur cette terre."
(Prouvant par là que, lui aussi, parlait couramment l'Henriguaino.)
Pendant ce temps-là, en France, où la volonté démocratique a plutôt tendance à s'avachir dans les canapés faux-cuir du salon, peu de chaussures furent brandies au nez du président. On signale quelques savates et charentaises lancées en direction des téléviseurs, sans grande incidence sur l'audimat.
Au lendemain de cette prestation télévisée du chef de l'État, il fallut bien constater que le président Moubarak lui avait volé la vedette à la Une des quotidiens...
Il devait continuer à le faire puisque, ayant probablement retrouvé ses baskets, il finissait par décamper.
La volonté du peuple égyptien continuait de camper sur la place Tahrir.
5 commentaires:
Ben courir avec des talonnettes ça doit pas être facile non plus hein ...
C'est carrément un métier.
L'escalier... et plus dure sera la descente pour le petit épicier (pas arabe) de l'Elysée.
Très sympa, votre blog : affinités électives, avant 2012 !
"Qu'ils s'en aillent tous "avec ou sans chaussures mais que l'argent volée soit rendue .
@ D. Hasselmann,
Quel rêve pour un escalier que de le voir descendre quatre à quatre les trois marches du perron de l'Élysée ! Comme dans Ponson du Terrail.
(Merci, mais on continue après 2012 !)
@ Marianne,
Qu'ils s'en aillent tous à Lampedusa ! Puisqu'ils aiment l'exotisme.
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