On pourrait conseiller à monsieur François Baroin, qui vient tout juste de comprendre que "Dominique Strauss-Kahn se rasait le matin", de lire le Flash-Actu (sic) de lefigaro-point-fr. Il pourrait y apprendre bien des choses tout aussi essentielles à la poursuite de sa brillante carrière.
Par exemple : "Obama ne se teint pas les cheveux", selon une dépêche de l'AFP du 09/02/2011, mise à jour à 17:21, qui a déjà suscité 18 commentaires, tous intelligents.
Le Flash-Actu est cependant un outil incomparable pour suivre le fil de l'information jugée comme secondaire par la rédaction. Faits divers y abondent, qui prendront de l'importance. Ou non. C'est selon.
C'est ainsi que j'ai appris, mardi, qu'une "rixe" entre "bandes" avait eu lieu la veille au soir, à Audincourt, dans le Doubs. Les sources de l'information sont fiables, il s'agit de la préfecture et du parquet.
Une centaine d'individus armés de barres de fer, de battes de base-ball et de pierres s'étaient donné rendez-vous pour en découdre. Ils se sont affrontés sur une place d'Audincourt avant l'intervention d'une quarantaine de policiers qui ont fait usage de gomme cogne, a précisé à l'AFP la directrice de cabinet de la préfecture, Vanina Nicolila.
Un homme a été sérieusement blessé à un œil, il a été opéré lundi soir, a ajouté la même source qui n'a pas pu donner d'autres précisions sur cette personne.
Si l'on ne peut "donner d'autres précisions", on fait part de ses doutes :
"Les services de police font les investigations nécessaires et une expertise médicale sera menée pour déterminer l'origine de la blessure. A ce stade, il n'est pas établi que la blessure ait été causée par un tir de flash ball", a déclaré la directrice de cabinet.
Le même jour, mais vers 16h 16, on peut apprendre que c'est un "jeune de 17 ans qui a perdu un œil lundi soir" et qu'il "pourrait avoir été victime d'un tir de Flash-Ball". La source est alors monsieur Martial Bourquin, le très prudent sénateur-maire socialiste d'Audincourt, qui, à propos de cette blessure, conclut : "L'enquête dira si c'est suite aux affrontements ou au tir de Flash-Ball".
Cependant :
Un policier a expliqué avoir tiré avec cette arme qui projette des balles en caoutchouc sur un jeune particulièrement agressif, mais en le visant au thorax, a-t-il précisé.
Cette dépêche Reuters est rédigée d'une manière qui fait un peu désordre, mais on peut comprendre :
Ni la police nationale, ni le parquet n'ont souhaité s'exprimer dans l'immédiat.
Alors on ne sait quoi dire...
Pendant ce temps-là, les journalistes locaux recueillent ces étranges récits qu'on appelle "témoignages". Ils paraîtront le lendemain dans L'Est Républicain et Le Pays.
Pour que l'on parle vraiment du blessé, qui deviendra "l'ado éborgné", il faudra attendre, semble-t-il, les déclarations de son avocat et celles de la procureure de la République de Montbéliard.
Le premier, qui n'hésite pas à parler de "bavure policière", précise que le jeune homme a complètement perdu un œil, que le second a été touché, et qu'il a le nez fracturé. Il présente la victime comme "un gamin gentil, travailleur qui n'avait rien à voir avec les affrontements". Il ne semble pas douter un seul instant que son client a bien été "victime d'un tir de Flash-Ball".
La seconde semble plutôt attachée à ses doutes :
L'Inspection générale de la police nationale "devra établir si vraiment la blessure a été causée par un tir de Flash-Ball, ce qui est une hypothèse possible mais pas du tout une certitude", avait indiqué mardi la procureure de la République de Montbéliard (Doubs), Thérèse Brunisso. Si l'hypothèse s'avérait exacte, l'IGPN devrait également "déterminer si le tir a été effectué dans des circonstances réglementaires", selon la magistrate.
Mais elle précise tout de même un point :
"Deux policiers municipaux et trois hommes de la police nationale se sont retrouvés pris en tenailles entre les deux groupes, dont la plupart des membres étaient armés de barres de fer et de battes. Il y a eu un tir de Flash-Ball."
On finissait par croire que tout le monde avait rêvé...
Dans la soirée d'hier, une dernière dépêche complète les propos de la procureure :
D'après les premiers éléments de l'enquête, le visionnage des vidéo-surveillances de la ville d'Audincourt et "le timing des images, on pense que le tir de Flash-Ball est probablement à l'origine de la blessure à l'œil" du jeune homme, a déclaré le procureur, Thérèse Brunisso.
Qui ajoute :
D'après les "dépositions concordantes et constantes" des cinq policiers présents, ils se sont considérés en "état de légitime défense".
Et qui tient même à préciser :
Les vidéos ne montrent pas le policier tirer, en revanche "on voit le jeune participer au mouvement de foule, ce qui ne veut pas dire qu'il était violent ou armé".
Madame la procureure aime sans doute beaucoup regarder planer les doutes...
PS: En complément à ce récit dont on peut se demander de quel fil il est cousu, on pourra consulter les articles des quotidiens régionaux :
- L'Est Républicain, témoignages, interpellations, appel au calme,
- Le Pays, témoignages, reportage, plainte.
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