lundi 7 février 2011

Les vacances en Dordogne

Il est assez probable que, par excès de confiance en soi ou pour gagner un peu de temps sur son trajet, madame Alliot-Marie se passe des services d'un expert en communication. Elle trouverait pourtant son intérêt à prendre conseil en ce domaine délicat, tant ses propos passent de plus en plus mal la rampe médiatique.

A n'en pas douter, ses dernières déclarations vont (encore) lui attirer quelques réflexions désagréables...

"Maintenant je vais être très attentive, je ne sais pas où j'irai passer mes vacances, je pense que je ne quitterai pas la Dordogne si ça continue comme ça."

A-t-elle proclamé.

Il y a bien là de quoi lancer une nouvelle "polémique totalement artificielle".

Du côté des offices d'initiative et syndicats du tourisme de la belle région périgourdine, on se déclare très affecté, et mortifié, de cette attaque surprenante de la part de madame Michèle Alliot-Marie. On y apprécie peu, en effet, le discrédit ainsi porté sur le fait de passer ses vacances en Dordogne, département qui a su développer toutes les infrastructures nécessaires à un accueil touristique de qualité. Les plus radicaux des acteurs locaux envisagent même, vers l'heure de l'apéro, d'adresser au Quai d'Orsay une lettre ouverte qui, s'inspirant d'un bout de soliloque de Jean-Paul Belmondo dans A bout de souffle, s'ouvrirait ainsi :

"Si vous n'aimez pas la Dordogne... si vous n'aimez pas la mer… si vous n'aimez pas la montagne… si vous n'aimez pas la ville… n'en dégoûtez pas les autres !"





Quelques juristes avisés leur ont conseillé de n'en rien faire, appuyés par de prudents attentistes qui pensent que madame Alliot-Marie va prochainement revenir sur ses fâcheux propos pour les contredire.

Personne ne s'étonnera, en effet, de l'entendre bientôt affirmer que le Périgord vert, noir et surtout bleu-blanc-rouge, est comme son terroir d'adoption, qu'elle y est fort attachée depuis toujours, et qu'elle est "scandalisée par le fait que certains ont voulu déformer [s]es propos pour leur faire dire le contraire de ce qu'[elle] voulait dire". Il faut s'attendre à ce qu'elle avoue, à l'instar du président Sarkozy, une véritable passion pour cette belle région où le "brave Néandertalien", pourrait-elle reprendre, "avait parfaitement compris qu'ici c'était plus tempéré qu'ailleurs, qu'il devait y avoir du gibier, qu'il faisait beau et qu'il y faisait bon vivre" et qu'on pouvait aussi y trouver du thé à la menthe. Comme là-bas, dis...

Malgré cette prévisible mise au point, les présidents des offices d'initiative et autres syndicats du tourisme de Dordogne, qui se sont réunis en cellule de crise ce ouiquende, ne se sont pas mis d'accord pour proposer à madame Alliot-Marie un séjour de rêve dans cette région qu'elle aime tant.

S'ils ont bien trouvé une demeure de charme qui conviendrait, ils hésitent un peu pour le jet privé qui pourtant s'impose : les petites routes sont sinueuses en Périgord.


Petit salon dans une demeure de charme périgourdine.
(Photo : Sisse Brimberg/National Geographic.)

Certains de nos compatriotes et néanmoins contemporains s'obstinent à demander la démission de madame Michèle Alliot-Marie. Ce n'est guère aimable de leur part, et totalement irréaliste. Il semble que ces malotrus n'ont pas encore compris que ce qui fait un(e) bon(ne) ministre sous la présidence de monsieur Sarkozy est une forte résistance à la démission. Une règle s'est imposée dans les divers gouvernements Fillon : on-ne-dé-mis-sion-ne-pas !

On remarquera que les démissionnaires sont extrêmement peu nombreux/ses. Laissons de côté le cas atypique de monsieur Bernard Kouchner, qui a peut-être oublié d'envoyer sa lettre de démission. Celui de madame Jeannette Bougrab, plus récent, est aussi plus exemplaire :

La secrétaire d’Etat à la Jeunesse a été surprise de se voir tancer pour ses propos appelant au départ Hosni Moubarak. Cela lui a valu d’être convoquée à Matignon. Avec en prime un sermon de la part de François Fillon en présence de son ministre de tutelle Luc Chatel. Blessée, l’ancienne présidente de la Halde a adressé dès dimanche dernier une lettre de démission à François Fillon.

(...)


Selon nos informations, elle s’est plainte auprès de l’Elysée, en rappelant que sa "lettre de démission" était toujours sur le bureau du Premier ministre. "On" lui a assuré qu’il n’était pas question de l’accepter.

Madame Jeannette Bougrab apprendra bientôt que la seule erreur à ne pas faire, pour un(e) ministre de François Fillon et/ou de Nicolas Sarkozy, est de poser sa démission...

Pour le reste, en matière de boulettes, c'est à qui poussera la plus grosse le plus loin possible.

Deux ministres UMP se disputant une grosse boulette.
(On aura reconnu Scarabaeus laticollis dans ses œuvres.
Il est possible qu'on en trouve en Périgord.)

7 commentaires:

yelrah a dit…

Ben, un ministre en Dordogne c'est comme en Auvergne, ça va...
Faut pas en faire un nid...

Guy M. a dit…

La prudence s'impose...

emcee a dit…

C'est vrai, ça, qu'est-ce qu'ils ont fait au bon dieu les Périgourdins pour qu'il leur échoie en pis-aller (retour) une ministre mal élevée et acariâtre?

babelouest a dit…

Euh.. pourquoi le père Igor était-il encore noir ? Il ne voulait pas que la vodka s'évente ?

Guy M. a dit…

@ emcee,

Tant qu'elle me laisse le Rouergue...

(Mais je plains les Périgourdins, ils avaient déjà Darcos.)

@ babelouest,

J'ai cherché toute la journée : pas mieux !

olive a dit…

Ah ça oui pas mieux ! C'est une belle sonnerie !

Guy M. a dit…

Tiens, tu as des acouphènes ?