mercredi 7 octobre 2009

Une lecture indispensable pour Eric Besson

Après tout, c'est humain.

On préfère assurément "faire [s]es cochoncetés en toute quiétude" et commettre ses ignominies en catimini. Il y avait sans doute trop de bruit et trop d'agitation autour de ce "vol groupé" à destination de Kaboul; et monsieur Besson, qui n'est plus à un demi-mensonge diplomatique près, a préféré faire annuler ce charter déshonorant en invoquant d'incontournables, mais obscures, "difficultés diplomatiques".

Plaignons le pauvre ministre, placé, par la volonté de quelques droits-de-l'hommistes déterminés, dans l'incapacité de suivre l'injonction catégorique de notre Elu-souverain... Il devrait se prendre une sacrée avoinée...

Une lamentable allégorie...

Il n'est pas impossible que la violence du courroux présidentiel le pousse vers cet état de désespérance existentielle où l'on va au hasards des quais de la Seine, sous une pluie fine et pénétrante, en se répétant "toussapoursa, toussapoursa" et en bousculant rythmiquement du pied des tas de feuilles mortes et pourrissantes...

Si cela était le cas, on ne saurait mieux faire que de conseiller à notre traître déchu les consolations de saines lectures...

Qu'il garde pour plus tard les épreuves du Manuel de guérilla à l'usage des femmes (à paraître en novembre) que son ex-épouse, madame Sylvie Brunel, lui a peut-être transmises pour consultation. Se replonger dans sa propre histoire, "de ses noces, où [il] refusa, en riant, de jurer, ‘fidélité’ à son épouse, jusqu’à l’abandon et le divorce", ne pourrait que l'amener à tourner en rond.

De manière "contre-productive", comme disent les manageurs.

Autre allégorie débile...

La lecture que je conseillerais plus volontiers à monsieur Eric Besson est celle du rapport sur le développement humain 2009 du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), qui vient de paraître, et dont les médias ont diversement rendu compte.

Le Figaro insiste sur le fait que, selon ce rapport, la France se place au huitième rang mondial, et pousse un petit cocorico coincé de poulaille bien éduquée.

Très pédagogiquement, le Figaro rappelle que l'indice de développement humain (IDH) a été élaboré en 1990 par l'économiste pakistanais Mahbub ul Haq et l'économiste indien Amartya Sen, et qu'on lui reconnaît une certaine pertinence "pour mesurer le développement d'un pays, non pas uniquement en termes économiques comme cela peut être le cas avec le Produit intérieur brut, mais en tenant compte du taux d'alphabétisation, de l'espérance de vie à la naissance et du niveau de vie".

Le Monde ajoute, en encadré, que "le PNUD annonce vouloir réformer en 2010 le concept même de cet indice créé en 1990, pour y intégrer 'd'autres indicateurs, liés aux inégalités, aux libertés politiques ou à l'environnement'".

Monsieur Besson, qui a fait de solides études, sait tout cela.

Il sait aussi, comme nous tous, que les Nations-Unies ne prônent guère le recours à la révolution anti-capitaliste mondiale.

Il pourra donc, après l'avoir téléchargé, aborder en toute tranquillité l'étude de ce Rapport mondial sur le développement humain 2009, sous-titré Lever les barrières : Mobilité et développement humains.

Comme le dit Grégoire Allix, dans son article du Monde, ce rapport entend bien "bousculer les idées reçues sur les migrations".

Un exemple:

Un bénéfice net pour les pays d'accueil. "Il n'existe aucune preuve d'impacts négatifs de l'immigration sur l'économie, le marché du travail ou le budget, alors que les bénéfices ne sont plus à démontrer dans des domaines comme la diversité sociale et la capacité d'innovation", affirme le rapport à l'heure où la crise renforce les fermetures de frontières et les mesures protectionnistes.

Au contraire, d'après les études du PNUD, l'immigration accroît l'emploi et, à court terme, la croissance démographique résultant des migrations augmente le PIB réel par habitant. "Les migrants donnent généralement plus qu'ils ne reçoivent. L'impact sur les finances publiques reste faible", ajoute Papa Seck, statisticien au PNUD.

On peut dire que ça peut bousculer...

Et, comme je ne désespère jamais de la nature humaine, même en ses réalisations les plus retorses et contournées, je pense qu'après la bousculade que ne manquera pas de lui infliger le catégorique en chef, monsieur Besson pourrait se laisser bousculer par cette étude et y puiser des idées pour une nouvelle trahison.

Après tout, il n'a jamais juré "fidélité" à monsieur Nicolas Sarkozy.

2 commentaires:

CaptainObvious a dit…

"Il n'existe aucune preuve d'impacts négatifs de l'immigration sur l'économie, le marché du travail ou le budget, alors que les bénéfices ne sont plus à démontrer dans des domaines comme la diversité sociale et la capacité d'innovation"


Euf, voilà une phrase qui me laisse dubitatif.

Un peu tout, mais c'est surtout le "diversité sociale" quie me fait réagir.

c'est quoi la diversité sociale ? en quoi est-ce bon qu'elle soit importante ?

Parce que moi je me battrais plutot pour la réduire...

Guy M. a dit…

Ce rapport ne fait que bousculer les idées reçues dans le cadre de pensée des "responsables". Il reste dans le domaine d'un réformisme très modéré, mais est justement intéressant à ce titre, puisqu'il montre que lesdits "responsables", en s'accrochant à leurs vues électoralistes, passent à côté d'une richesse...