Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Matthieu 25:13.
Matthieu 25:13.
En se rendant au pied levé à Gandrange, monsieur Nicolas Sarkozy a bien montré qu'il n'était pas un dégonflé.
Cependant, la mise en scène de cette visite surprise a été faite de manière si minimale que je m'attendais à trouver dans la presse de ce matin quelques commentaires aigres doux, soulignant la désinvolture de cette opération de messianisme présidentiel en Lorraine.
On en trouve finalement assez peu...
T. C., qui signe un articulet dans LibéStrasbourg, nous donne quelques détails sur le branle-bas de combat déclenché par ce coucou-me-revoilou sarkozien:
Le mail est arrivé à 14h38 aujourd'hui. Expéditeur : préfecture de la Moselle. Message : "Le Président de la République sera à Gandrange pour une rencontre aujourd'hui à 15h00 en mairie avec les représentants syndicaux, la direction de l'aciérie ainsi que les élus concernés". Une visite en toute discrétion, qui n'avait pas été annoncée. A la préfecture, on indique avoir été mis au courant... dans la matinée.
On a l'habitude de ne pas trop croire ce genre de précisions des services de presse des préfectures. Vous avez dû remarquer qu'ils ne sont jamais au courant de quoi que ce soit...
Pourtant, c'est bien le préfet de la Moselle qui avait convoqué en urgence, lundi dernier, cette réunion "rassemblant notamment des élus et des syndicalistes", en mairie de Gandrange.
Ce n'est qu'en début de séance que [le préfet] a annoncé l'arrivée imminente de Nicolas Sarkozy. Jean-Pierre Masseret [PS, président du conseil régional], qui s'était fait représenter, a été prévenu en catastrophe et est parvenu à s'y rendre. Idem pour le sénateur PS Jean-Marc Todeschini, président de la communauté de communes du Sillon Mosellan.
Monsieur Michel Liebgott, député PS, remarque: "Niveau courtoisie, c'est limite".
Avec une goujaterie en acier inoxydable, monsieur Nicolas Sarkozy s'est donc emparé de la présidence d'une simple réunion de travail, initialement prévue pour être une réunion technique préparatoire du comité de suivi sur l’état d’avancement des mesures de revitalisation sur le bassin d’emploi, lequel comité de suivi est programmé pour le 2 novembre.
J'ignore si l'ordre du jour a été respecté...
Car monsieur Sarkozy, qui a tant de choses à faire, était surtout là pour se montrer en sauveur, et faire des propositions de miracles.
A en croire l'éditorial de Patrick Fluckiger, dans L'Alsace, les annonces faites à la mairie ne seraient que du réchauffé de chez réchauffé:
Les annonces du chef de l’État sont à la hauteur de la discrétion préalable qui a couvert son incursion en Lorraine. Alors que la fermeture de l’aciérie de Gandrange s’est traduite par la perte de plus de 500 emplois, le président de la République a évoqué la création d’une centaine de postes dans le bassin sidérurgique. Non seulement le compte n’y est pas – de loin – mais les promesses entendues hier (centre des apprentis de la métallurgie, atelier de construction de portes coupe-feu) figuraient déjà dans une liste d’engagements présentée par le chef de l’État en février 2008. Cette liste était d’ailleurs plus étoffée que ce qu’il en reste : des promesses de l’époque ont disparu, dont la création de deux centrales à gaz Poweo et un projet de fabrication de panneaux solaires.
Quant au contrat de 300 millions d’euros portant sur la fabrication de rails pour les lignes TGV, il n’a rien à voir avec Gandrange. La firme Corus, qui l’a conclu avec Réseau Ferré de France, n’appartient pas au groupe Mittal. L’amalgame «fait joli». Il cache surtout la misère de la sidérurgie lorraine.
Je ne connais pas Patrick Fluckiger, mais on dirait qu'il n'écrit pas dans Le Figaro, et son édito explicite avec clarté ce que ses confrères donnent l'impression de balbutier...
Il est vrai que la plupart d'entre eux ne s'intéressent plus qu'à l'impact sur l'opinion des actes du Président. Pour faire l'intelligent en Sarkozie, il faut s'interroger sur l'efficacité du "coup" de communication de notre Messie au petit pied (levé) : cela va-t-il lui permettre de retrouver un peu de sa crédibilité effilochée face aux Français, face à ses électeurs, face aux militants de l'UMP, face à son conseil des ministres, face à sa famille, face à son grand fils ?
On comprend bien que devant de tels enjeux, les espoirs qu'avaient mis quelques centaines de métallos dans les promesses d'un homme d'Etat fraîchement remarié*, pèsent assez peu.
* Un peu en vrac:
"Gandrange comme voyage de noces, y a pas mieux"
"L'Etat est prêt à prendre en charge tout ou partie des investissements nécessaires"
"Nous sommes prêts à faire le nécessaire, quel que soit le propriétaire (de l'usine) car notre objectif c'est de garder des usines ouvertes en France"
"Soit nous arrivons à convaincre Lakshmi Mittal, le patron d'ArcelorMittal, et nous investirons avec lui, soit nous trouvons un repreneur, et nous investirons avec lui"
4 février 2008.
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