lundi 12 octobre 2009

Journée de la sécurité intérieure à Poitiers

Tout le monde était au courant, mais cela m'avait échappé: nous avons vécu, ce dernier ouiquende, de merveilleuses "Journées de la sécurité intérieure", qui, selon la préfecture de police de Paris, que l'on sait bien être assez chiche dans ses décomptes, auraient attiré 80 000 spectateurs dans la capitale et sa petite couronne.

Le clou de cette vaste opération spectaculaire était une simulation de libération d'otages par le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), "devant une foule médusée", comme l'a constaté et relaté un journaliste de l'AFP.

Ce journaliste n'a pas remarqué à quel point, bouillant dans mon automobile immobile place de la Concorde, je n'étais évidemment pas médusé, mais sur le point d'exploser.

Heureusement, je me suis retenu.

Car, ai-je appris ensuite, "le GIGN n'[avait] pas lésiné sur les moyens, mobilisant sur cette opération trois hélicoptères, dont deux Puma, et trois véhicules d'assaut à bord desquels des tireurs d'élite puissamment armés avaient pris place."

J'ai donc bien fait de ne pas hurler, debout sur l'obélisque, que j'en avais assez-assez-assez d'être pris en otage par l'Etat sécuritaire, avant de m'écrouler en larmes dans les bras d'une équipe de tournage de TF1, fort friande de ce genre d'expression citoyenne...

Pour attirer le populaire, les journalistes de l'AFP et les équipes de TF1, les faux vrais otages avaient été recrutés parmi des sportifs de "haut niveau", et donc adulés du public, assavoir les champions olympiques Alain Bernard et Hughes Duboscq, l'athlète David Alerte et la judoka Stéphanie Possamaï.

Quant au scénario, il était d'une crédibilité en béton: le commando terroriste trimballait ses précieux otages sur la plate-forme d'un bus à touristes.

C'est une photo d'Angeli, prélevée sur PurePeople,
où il y en a d'autres, d'un réalisme à couper le souffle.

Monsieur Hortefeux, ministre de l'Intérieur, a honoré cet événement de sa présence.

Apparemment, il a su se tenir. On ne rapporte aucune nouvelle blague désopilante tirée du vieux fond auvergnat.

Simple méforme météorologique, sans doute. Il n'a même pas rebondit sur les profondes déclarations de mademoiselle Stéphanie Possamaï:

Le plus impressionnant c'était l'hélicoptère, savoir qu'il y a le vide au-dessous et qu'on est juste assis dans une nacelle...

Là, c'est Alain Bernard avec ses libérateurs.

Toujours pince-sans-rire, l'AFP signale dans son communiqué que les JSI (Journées de la sécurité intérieure") "ont débuté samedi en province", mais ne précise pas que la ville de Poitiers avait accueilli, la veille, un spectacle policier beaucoup plus improvisé et beaucoup moins bien réglé.

Le collectif "contre la prison de Vivonne"organisait une journée anticarcérale, à l'occasion du transfert des incarcérés de la prison de la Pierre Levée à la nouvelle prison de Poitiers-Vivonne.

Le collectif contre la prison de Vivonne n'est affilié à aucune organisation, il est composé d'individus qui s'opposent à la nouvelle prison de Vivonne (15 Km de Poitiers) et plus largement à la logique carcérale mis en place par l'état français...

Cela vaut la peine de lire sur le blogue du collectif les raisons de son opposition à cette "nouvelle taule" et d'y retrouver le programme de la journée du 10 octobre.

On sait que ce programme n'a été que partiellement tenu...

Comme j'accorde un crédit quasiment nul à la presse locale, La Nouvelle République, et un crédit modéré à la presse nationale, je ne me hasarderai pas, ce soir, à essayer de comprendre ce qui s'est passé dans cette belle ville de Poitiers, à partir de la manifestation prévue...

Cependant, la présentation qui est faite des événements par les responsables de la sécurité me trouble quelque peu.

Est-ce parce que, connaissant bien le centre ville de Poitiers, où j'ai découvert les plaisirs de l'errance urbaine, je me demande bien comment les forces de police ont pu perdre une heure avant de prendre l'avantage sur 200 ou 250 présumés casseurs ?

(Je reconnais que je peux me tromper: j'espère bien que j'aurais fait un très mauvais flic...)

Est-ce parce que nous pouvons lire, dans le Monde (et d'après AFP):

"Nous avons eu une opération commando de la mouvance ultra-gauche", a indiqué la directrice de cabinet du préfet, Anne Frackowiack. "Plus importante" que prévu, avec des militants venus d'autres départements, " [de cette opération]", a-t-elle ajouté. "nous avons été surpris par la violence et l'organisation. Il y avait énormément de monde en ville, tout d'un coup ils ont sorti leurs masques au milieu de la foule et sont partis en direction de la prison", jetant des projectiles sur les policiers et brisant du mobilier urbain, mais "sans faire de blessés", a-t-elle précisé.

Ou encore, toujours dans Le Monde (mais d'après Reuters), ceci:

"Ils sont extrêmement bien organisés, extrêmement bien formés. Je dis ça vu les méthodes employées, les objets à destination d'armes qu'ils ont utilisés, c'est donc des ultra-violents,(...) qui peuvent sévir partout en France sur des opérations de type commando", a dit le préfet de Poitou-Charentes, Bernard Tomasini, sur France Info.

Il est assez curieux d'entendre ces aveux d'impuissance de la force publique, complètement dépassée, au moment même où le GIGN roule les mécaniques sur le pont Alexandre III pour libérer quatre otages fictifs.

Autant avouer qu'ils y perdent leur latin.
(Baptistère Saint-Jean, côté sud, qui ne me semble pas vraiment du IVème siècle)

Monsieur Hortefeux, bien décidé à faire contre mauvaise fortune bon cœur, s'est rendu aujourd'hui à Poitiers, pour y annoncer qu'il n'hésiterait pas "dans un certain nombre de cas à demander que soit prononcée la dissolution de certains groupuscules".

Il fallait y penser...

10 commentaires:

Dorémi a dit…

De la réapparition de l'ultra-gauche, histoire d'effrayer le populo… pour faire passer une nouvelle vilenie cachée dans leurs cartons ?
Brrrr, froid dans le dos.
Bise, monsieur Guy

Marianne a dit…

Les fauteurs de troubles , lecteurs du comité invisible " l'insurrection qui vient " et qui est venue à Poitiers le tout inspiré par Julien Coupat , on a le ou les coupables , ouf je respire .J'ai oublié le nom de "l'analyste" qui postillonnait cette explication dans le poste mais je connais le nom de quelqu'un qui a acheté plein d'exemplaires de ce bouquin , A B les initiales .
L'actualité prête à rire même pas besoin des blagues de Brice .

Guy M. a dit…

@ Dorémi,

La demande faite au préfet de contrôler les squats indique déjà que la chasse aux non-conformes va se renforcer...

Bises, madame Dorémi.

@ Marianne,

Bien sûr, autant en profiter pour y amalgamer l'affaire de Tarnac, en sommeil, ou en réserve, depuis un bout de temps...

Dorémi a dit…

Mais combien seront dupes ?

Dorémi a dit…

Mébonsanmécébiensûr ! La voilà, la vilenie : un charter pour Kaboul…

Guy M. a dit…

Tu as vu des infos là-dessus ?

JBB a dit…

Vilénies, il y aura, c'est clair.

N'empêche que le parallèle que tu dresses est bien vu. Trop occupés à faire les beaux en public et à montrer leurs muscles, les glorieuses forces de police ne pouvaient être partout à la fois. Caramba !

Guy M. a dit…

Après vérification, j'ai appris que les JSI ont bien eu lieu à Poitiers, mais le samedi matin...

Sont peut-être rentrés trop vite.

Dorémi a dit…

Euh, sans plus. J'ai levé le pied dernièrement…
T'as écouté Guillon ce matin ?
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/lhumeurde/index.php?id=84181
Et sinon, dans un tout autre domaine, l'avènement (ou du moins la tentative) du prince Jean…

Guy M. a dit…

Les deux nouveaux fichiers sont déjà bien vilains, je trouve.