Doté, depuis mon plus jeune âge, d'une remarquable propension à la sympathie, je ne puis lire quelques pages d'un dictionnaire médical sans présenter tous les symptômes décrits. Au besoin, je peux développer les signes les plus apparents de la maladie, avec une prédilection pour les lésions dermatologiques. N'eût été mon incurable timidité, j'aurais pu faire carrière comme modèle vivant dans les amphithéâtres de l'école de médecine.
J'aurais pu ainsi atteindre la gloire. Mais seul mon médecin de famille a pu bénéficier de mes prestations, et il lui fallut bien du talent pour me diagnostiquer d'autres affections que celles que je lui proposais. Un jour, il inventa de m'imaginer hypocondriaque. J'en ris encore...
Car, s'il y a une pathologie que je ne saurais accueillir, c'est bien l'hypocondrie : je ne confonds pas maladie et lucidité.
Cependant, il est des domaines où cette heureuse tendance que je possède de pouvoir m'identifier indifféremment à mon semblable ou mon dissemblable se révèle plutôt défectueuse. Et je ne vous cacherai pas que, de cela, je souffre beaucoup.
Ainsi, j'ai toujours beaucoup de mal à me retrouver dans le portrait, établi scientifiquement et statistiquement étayé, du grand séducteur réunissant en sa personne tout "ce que veulent les femmes".
(Ce bellâtre est devant un bureau de vote,
à Juba, au Soudan, le 9 janvier 2011.)
Vous n'ignorez pas qu'un grand nombre de chercheurs, de spécialités diverses et de genres variés, multiplient les approches pour percer les mystères de l'attraction entre les sexes. La recherche d'un modèle explicatif et prédictif de ce phénomène étrange, et parfois pénétrant, sera probablement l'une des topiques majeures de la science du XXIe siècle - et du suivant, car la tâche est immense.
Un article d'Olivia Vignaud , pour 20minutes.fr, fait le point sur les plus (ou moins) récentes découvertes. Cette admirable synthèse de plusieurs publications est intitulée : Pénis, poils et transpiration: Ce que veulent les femmes. Et elle dépasse largement ce programme indicatif.
Vous y apprendrez que les grands séducteurs se doivent d'avoir le pénis circoncis, les pilosités abondantes, souples et veloutées. Leur transpiration doit être fraîche, car "l’androstenol, parfum produit par la sueur fraîche, est attirant pour les femmes alors que l'androstérone, produite par la sueur masculine après exposition à l’oxygène - c’est-à-dire quand l’homme est moins «frais» - est extrêmement désagréable pour les femmes, sauf quand elles sont en période d’ovulation". (Kate Fox, Director, Social Issues Research Centre, The Smell Report, An overview of facts and findings.)
Si, à cela, vous ajoutez ce rappel : "Grande taille, voix grave, épaules carrées, sourcils fournis, torse en V… Tels sont les critères connus qui feraient de l’homme un «mâle» à part entière", et ce "portrait-robot de l’homme idéal" : "Ce dernier ne serait pas loin de ressembler à George Clooney: un menton relativement prononcé, une mâchoire forte, des yeux étroits et une arcade sourcilière bien définie", vous comprendrez, empathiques comme vous l'êtes, que je me sois plongé dans les pages de mon dictionnaire de médecine qui décrivent les symptômes de la dépression profonde...
Quelques jours plus tard, après avoir badigeonné mon torse glabre (et en V renversé) d'une puissante lotion capillaire et avalé ma dose de pastilles de sel pour limiter ma transpiration, à l'heure où je me décidai enfin à consulter les pages jaunes afin de trouver un chirurgien pratiquant l'ablation du prépuce aux tarifs de la sécurité sociale, je retrouvai le lien de cet article et le relus.
Je m’aperçus que j'avais sauté un paragraphe, d'une grande importance, relatant une avancée tout à fait considérable pour la recherche et, conséquemment, pour l'humanité :
Les hommes dont l’annulaire est significativement plus long que l’index, seraient sexuellement plus attirants que les autres. C’est le résultat d’une étude très sérieuse publiée le mois dernier dans le Royal society B. Les chercheurs anglais expliquent que plus l’annulaire est grand, plus l’homme a été exposé à la testostérone quand il n’était encore que fœtus. Sachant que la testostérone est la principale hormone sexuelle mâle, imaginez l’effet sur ces demoiselles… A noter également, que les heureux détenteurs de cette caractéristique ont un visage jugé plus «attractif».
Je mis mes deux mains à plat devant moi...
J'étais sauvé.
(Il me semblait bien, tout de même, que ma ressemblance avec George Clooney sautait aux yeux.)
Pour la circoncision, je décidai d'attendre un peu. Avec l'âge, la cicatrisation est de plus en plus lente.
C'est mon Larousse médical qui le dit.
PS : A mon grand regret, les articles complets des Proceedings of the Royal Society (Biological Sciences) ne sont pas en accès libre sur la toile. Les détails purement techniques de cette études doivent être fort réjouissants. Il faut se contenter du traditionnel Abstract, où les chercheurs, dans un style convenu, tentent d'attirer l'attention sur les résultats de leurs travaux. Ceux-là, qui se sont mis à quatre (Camille Ferdenzi, Jean-François Lemaître, Juan David Leongómez et S. Craig Roberts), mériteraient peut-être d'être récompensés d'un Ig Nobel Prize...
5 commentaires:
"significativement plus long" T'es sûr de correspondre ? C'est combien "significativement" ?
Je suis toujours fascinée par les études qui expliquent très sérieusement combien les femmes réagissent différemment selon qu'elles sont ou non en période d'ovulation... En particulier, j'ignorais que l'ovulation bouche le nez.
J'aime le début de votre article, on pourrait presque en faire une nouvelle, genre Gogol (avec tout le respect que je vous dois).
@ Christine,
Tu mets le doigt - le majeur, je pense - sur un point délicat qui ne laisse point de me tarauder... C'est pourquoi j'aimerais étudier de près cette étude sur ce "second-to-fourth digit ratio" et ces très belles analyses "multivariées".
Sur l'ovulation qui boucherait le nez, c'est, anéfé, fascinant. Mais là encore, il faudrait en savoir plus. Nos chercheurs ont-ils multivarié leurs protocoles de tests ORL ?
@ Olivier,
Il me reste à espérer que vous ne détestez pas Gogol...
Eh bien, j'ai bien rigolé. Et c'est pas tous les jours, hein?
Je trouve quand même mesquin de ta part de traiter G Clooney de bellâtre. Pfff!
Christine pose tout de même une bonne question sur les odeurs, et à laquelle il faudrait trouver une réponse d'urgence, car ce serait peut-être, finalement, une méthode contraceptive infaillible et très pratique. Et qu'on nous a cachée!
("Non, merci, ce soir, je ne le sens pas").
Mesquin, moi ? Jamais ! Pfff !
La méthode "infaillible et très pratique" que tu envisages de révéler au monde serait assez proche, il me semble, à la célèbre méthode Ogino-Krauss - dont je ne dirai aucun mal, puisque, très probablement, je lui dois la vie.
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