vendredi 1 janvier 2010

Fraternité

Monsieur Nicolas Sarkozy, dans son discours de "bonne année", a tenu à rappeler qu'il n'est pas "un homme qui renonce à la première difficulté", même si cette "difficulté" provient des institutions qu'il se doit, en bon démocrate, de respecter, et a exhorté ses compatriotes à redonner un sens au mot "fraternité", qui devrait être le mot de l'année 2010.

Y a plus qu'à publier le décret...

Fragment de copie d'écran effectuée par mes soins
sur le site de 20minutes.fr

On peut craindre que, sur cette notion républicaine de base, monsieur Sarkozy n'ait qu'une expérience assez limitée.

Afin de lui permettre d'élargir quelque peu sa culture générale sur ce point, je suis heureux de lui soumettre le document suivant, qui est un montage d'images enregistrée sur le trottoir de notre ambassade au Caire, où sont maintenus, non en rétention, mais en contention, deux ou trois centaines de participants à la Gaza Freedom March.


On notera, en passant et sans trop s'en étonner, le sens de la fraternité assez étroit développé par les autorités consulaires françaises, mais on s'arrêtera sur les dernières images qui donnent un exemple de timide "fraternisation" dans la nuit égyptienne...

Un billet du Canard de Palestine donne quelques détails sur la garde rapprochée en place devant l'ambassade de France:

Les soldats appelés qui les surveillent ont 17, 18 ans et font leur service militaire pendant 2 ou 3 ans. Leur service de surveillance dure 12 heures après quoi ils se reposent sur des bancs en bois de leur camions. La nuit dernière a été la première où ils ont pu surveiller ceux qui dormaient, non pas debout mais assis sur des bancs.

Quand les chefs ne sont pas trop près, de réelles fraternisations se font sous la forme d'apport de nourriture ou d'eau ou d'échange de prénoms. (...)

La fraternisation a également trouvé des limites dans les rangs de la police, notamment en civil, puisque des informations ont fait état, dans la journées d'hier, d'affrontements entre la police égyptienne et les participants à la Marche pour Gaza.

Inutile de compter sur nos journaux habituels pour avoir des précisions... Le Monde, dans sa brève ultra-courte, parle de "militants molestés" au cours d'une manifestation, et France2, sur son site, mélange les débordements policiers du 31 décembre avec la manifestation de dimanche dernier devant l'ambassade de France.

Le compte-rendu le plus précis semble celui de ce message de Leïla Shahshahani, mis en ligne sur "De Grenoble à Gaza":

En ce moment même environ 600 marcheurs se sont réunis devant le musée égyptien du Caire et ont entrepris un sit-in sur la rue. La police égyptienne a commencé à vouloir les faire partir en ayant recours à la force. Des policiers en civil se sont immiscés parmi les marcheurs et s'en sont pris directement à ceux-ci. Leïla ajoute qu'il y a des blessés légers parmi les manifestants (ndlr : une jeune fille a reçu un violent coup de poing prémédité en pleine figure sous mes yeux et saigné abondamment). Un quart d'heure plus tard environ, après s'être fait traîner au sol, les marcheurs sont à nouveau encerclés sur le trottoir en face du musée et continuent de crier "we want to go to Gaza!", "boycott Israël!".

Deux personnes auraient été sérieusement blessées.

Certains se réjouissent de ce tabassage en règle en des termes que je vous laisse découvrir...

Ici, c'est un drapeau qui dérange...

... là, un marcheur.

Avant de lâcher ses cogneurs sur les marcheurs solidaires et pacifiques, les autorités égyptienne avaient fait une dernière misérable proposition, par la voix de madame Moubarak, présidente du Croissant Rouge égyptien: cent places pour Gaza.

La plupart des militants engagés dans cette marche ont refusé.

Devant les bus qui s'apprêtaient à partir vers la frontière, Hedy Epstein a lu cette déclaration:

As much as I yearn to go to Gaza, I have decided not to join those 100 of you who are going.
Here are my reasons for the most difficult and heart rending decision I have made in my life:
The goal of this march is to break the siege of Gaza.
Fourteen hundred people died in Gaza last year at this time.
Fourteen hundred people should be marching to Gaza NOW.
In the last two days we have witnessed the effects of an authoritarian government.
This repression transcends the Egyptian Government.
The US Government and the Israeli Government
are responsible for the siege of Gaza.

I will not be complicit. I will not be complicit.
My work to free the one and a half million of Gaza's people continues.

La fraternité, c'est aussi la volonté du "tous ensemble" exprimée ici par une grande dame.


PS: Les marcheurs doivent maintenant se préparer à quitter Le Caire.

Les participants français, sauf imprévu, devraient arriver le 2 janvier, à 9h, à Roissy, terminal 3.

On peut aller les accueillir à 9h 30, ou les attendre, pour 11h, devant l'ambassade d'Egypte, 56 avenue d'Iéna (Métro Alma-Marceau), où ils comptent donner une conférence de presse.

6 commentaires:

gauchedecombat a dit…

aahhhh Voilà quelqu'un qui en a... Enfin, on en manquait... Bienvenue parmi nous, le gars ! merci de nous relater cette action, dont on se demande bien d'où elle vient, hein ? ;)

Guy M. a dit…

Ce n'est qu'une relation de seconde main...

Les récits directs devraient venir.

Schlomo a dit…

témoignage de première main
http://la-feuille-de-chou.fr/?p=4412

Guy M. a dit…

Merci de le signaler.

Et pour citer ce témoignage:

"Cet échec s’est transformé en succès : il y a bien une raison fondamentale de demander la liberté de Gaza et les manifestations ont eu la visibilité nécessaire pour laisser une trace durable de notre action en Egypte.

La non-Marche de Gaza renforce notre détermination dans la lutte contre le mur, contre les murs, contre la politique israélienne d’enfermement et de dépossession, et contre les complicités notamment française mais aussi égyptienne."

elmenia a dit…

Pour ne pas oublier le sort et les souffrances des ghazaoui...

http://www.gazaspeaks.com/

Bonne année Guy M.

Guy M. a dit…

Bonne année Medagan, et merci pour cette adresse (que je ne connaissais pas).