Au début de son éditorial du Figaro du 15 ou 16 octobre, monsieur Yves Thréard, journaliste contemporain, livrait généreusement à ses lecteurs cette profonde pensée: "imaginer qu'à 15 ou 16 ans, on pense déjà à l'automne de sa vie relève d'un mensonge soigneusement entretenu par quelques consciences adultes néfastes".
Et il poursuivait:
Cette malhonnêteté voudrait faire passer un chahut d'adolescents, comme il y en aura toujours quand l'occasion se présente et auquel s'agrègent immanquablement des recalés de banlieue en mal de casse, pour l'expression d'un malaise plus profond de la jeunesse française.
Monsieur Yves Thréard a dû relire ce bonheur d'expression, "recalés de banlieue", en se trémoussant sur son siège et en laissant s'épanouir ce sourire qu'il doit trouver aussi voltairien que son ironie...
Espérons pour lui qu'il échappera à la bastonnade...
Car, parmi les "recalés de banlieue", il en est de fort susceptibles.
Ainsi, j'ai appris récemment que, selon toute vraisemblance, un jeune homme très prometteur, originaire de la très proche banlieue ouest de Paris, aurait été "recalé" à ses examens de Droit. Pour en être informé, il m'a fallu lire un compte-rendu des bavardages de monsieur Édouard Balladur sur Canal+. Par bonheur, je suis un admirateur fanatique de l'onctuosité vocale de monsieur Balladur, et je ne manque jamais de lire ses sages propos. Et, sans vouloir me vanter, je les déclame à haute voix, et avec d'admirables flexions de la glotte.
A la question de savoir s'il conseillait au fils du chef de l'Etat d'arrêter ses études, en référence à de récents échecs à des examens rapportés par Le Parisien, Edouard Balladur a répondu "non au contraire!". "Il faut qu'il continue ses études", a-t-il ajouté. "Je le connais depuis qu'il a dix ans, même moins, c'est un garçon très intelligent et capable, et je pense qu'il devrait se concentrer pour terminer ses études et avoir une profession".
Et l'ancien premier ministre termine en élargissant son propos jusqu'à l'universel:
"Le conseil que je donne c'est 'soyez libre' et pour être libre, il faut que vous ayez vos arrières assurés, et une profession que vous puissiez exercer si d'aventure le suffrage ne vous est pas favorable."
On voit que ce jeune homme ne manque pas de judicieux conseils, bien que monsieur Balladur ait omis de dire qu'il fallait commencer à cotiser très jeune pour espérer toucher une retraite complète.
Pour se faire pardonner ces fâcheuses allusions aux enfants non diplômés de la banlieue, le journal de monsieur Yves Thréard a publié hier des nouvelles bien rassurantes de monsieur Sarkozy junior. L'article de Jim Jarrassé, Jean Sarkozy défié sur ses terres électorales, à Neuilly décrit par le menu les aventures électorales du "jeune étudiant en droit, 24 ans", au sein du groupe UMP. Le grand reporter du Figaro en banlieue ouest semble penser que "le suffrage" lui sera "favorable".
Le Figaro est peut-être consulté par des diplômés des autres banlieues, car on peut trouver, à la suite de cet article quelques commentaires du type "Passe ta licence d'abord !"
Ce qui est bien mesquin, je trouve...
4 commentaires:
Bonjour, j'aime bien votre site avec ses offres d'emploi en images, je me présente, j'ai seize ans et je voudrais faire coiffeuse pour M. Thréard, avec en option costumière-souliériste pour M. Sarkozy (pour celui qui ne tient pas sa jambe à deux mains, j'ai manqué le concours rapport au décès de ma vieille mère méritante, justificatifs sur demande).
Si vous pouviez me pistonner pour le CAP et en attendant bonne continuation.
M. Thréard ne se coiffant que par alternance, tu tiens une bonne piste pour ton projet de CAP. Mais il faudrait que tu t'adresses directement, mais très poliment, au Figaro.
vu Monsieur Thérard sortir de l'Assemblée Nationale par la petite porte du 126 rue de l'Université vers 9H15 le 18.10 où il est sans doute venu interviouver un jeune député au sujet du régime inique dont bénéficie sa classe
Sa profession, ça doit être "grand reporter au Palais-Bourbon".
C'est une profession à risque.
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