lundi 18 octobre 2010

Du côté des poids lourds

Un peu après 19h, hier soir, comme je rentrais d'une réunion familiale, en poussant au surrégime le moteur de ma quatrelle - car, on me l'a dit, il n'y a aucune risque de pénurie de carburant -, j'ai pu entendre à la radio un bulletin d'information où l'on donnait la vedette aux déclarations d'un de nos plus grands montres sacrés, qui est aussi, selon certains, un sacré "sac à vin".

Depuis Abou Dhabi, monsieur Gérard Depardieu s'exprimait sur le mouvement d'opposition au projet de réforme des retraites.

Sans doute a-t-il préféré nous dispenser son avis depuis un pays où la vente d'alcool est probablement très contingentée, afin que personne ne puisse le soupçonner de n'être pas à jeun...

J'ai pu constater que, si la diction du célèbre acteur était (médiocrement) distincte, les articulations de sa pensées étaient pour le moins flottantes:

"Ce qui se passe aujourd'hui en France est ridicule. Il s'agit d'une manipulation de la part des syndicats."

Ensuite, soulignant qu'à quinze ans, lui, il pensait à vivre et pas à la prendre une retraite, il se glissait, avec un incontestable talent, dans la peau du classique "vieux con", laquelle lui allait comme un gant.


Un autre de ses meilleurs rôles: celui du cochon-truffier.
(Photo: Cyril Combe/SIPA)

Les opinions de monsieur Gérard Depardieu, en quelque domaine que ce soit, ne m'émeuvent pas outre mesure. Comme aurait pu le dire monsieur Jacques Chirac s'il avait eu le moindre intérêt pour la danse de salon, ses avis peuvent toucher l'une de mes valseuses sans empêcher l'autre de continuer à danser le tango.

Mais j'ai tout de même été un peu surpris de trouver, une fois revenu devant mon écran, ses propos en troisième position de la page d'accueil du site d'un quotidien qui se préoccupe beaucoup de la représentativité des manifestants... Or monsieur Depardieu, il me semble, ne peut représenter que lui-même. Certes, il s'agit d'un personnage à l'épaisseur indéniable, mais la légitimité démocratique n'est pas affaire de poids.

Les événements de ce jour, où les chauffeurs routiers "entrent en scène", montrent assez à quel point ce coup de projecteur sur l'ancien rebelle qui a su si mal grossir était d'une pertinence rare dans la "hiérarchie de l'information"...

12 commentaires:

olive a dit…

Jarnibleu Palsambleu ! Corbleu Morbleu ! Sacrebleu Foutrebleu Tudieu Jarnicoton !

Occupation générale du Deparbleu ! Entrez, asticot(e)s faméliques aux yeux embués de larmes ! Y a de la place ! Qu'on le sulfite, qu'on l'essoumasse, qu'on enfume cette barrique, qu'on lui décépage la truffe et lui décercle le tonneau ! Allons par milliers nous rouler d'amour dans ses propriétés !

Mes œufs bien truffés exposés dans le bocal, ma bite à main gauche, ma droite occupée à porter au nez ma crotte exquise, mes cheveux laminés par la torture... Pièce Dé l'a senti dès le début (ce truc trop gros dans la voix et dans le jeu), et dès le début l'a détesté.

Personne ne l'a crue, et voilà le résultat.

DoMi a dit…

Pas très beau de vieillir comme ça, s'pas ?
La réaction d'Anny Duperey quant au personnage est, je trouve, plutôt pas mal:
http://next.liberation.fr/cinema/01012296844-depardieu-juge-ridicule-la-mobilisation-contre-les-retraites?xtor=EPR-450206
Bise, Monsieur Guy.

olive a dit…

@ Dorémi :

Dorémercifasol. Feignasse que je suis, j'ai compté sur d'autres pour le lien.

— Schmurblu : «Un formidable acteur ?
— Anny Duperey : « Je sais pas... Je sais pas... Moi quand on joue au théâtre avec une oreillette parce qu'on n'a pas pas le courage d'apprendre son texte.................... ça m'emmerde».

DoMi a dit…

J'aime beaucoup la carte de feignasse :-)
Veber dit de lui qu'il est une baleine échouée. Moi je pense qu'il perd simplement la boule…

olive a dit…

La différence c'est qu'une baleine — voguant, échevelée, pissant, mourante, pâmée, dansante et quoi encore —, on désire caresser son inconnu immense.

Je réfute la métaphore "naufrage-de-la-baleine-échouée" : Deparbleu ne mérite pas ce lyrisme trop fastoche (autant lire Hugo dans le texte) ; à peine mérite-t-il le kitsch, «négation absolue de la merde» (Milan Kundera).

Un tas reste un tas, une baleine c'est tout à fait différent.

Je sais de quoi je cause : je vis avec une baleine très très maigre à poil soyeux mêlé de graines et de labours, que le monde fait fuir quand il lui crie dessus minou minou.

Embrassades, Pièce Dé.

Guy M. a dit…

Bises à toutes les deux.

Vous êtes parfaites.

DoMi a dit…

Ah, Monsieur Guy, tu vas nous faire rougir : la perfection n'est pas de ce monde… :-)

Guy M. a dit…

Quand on s'y met à plusieurs, c'est comme si c'était fait.

olive a dit…

Oui ! Nous est un autre (et même plusieurs).

Guy M. a dit…

Heu... je ne sais pas...

Jacques Lacan ?

olive a dit…

Voire le Botul ? Ou même l'autre JBB ??

Guy M. a dit…

C'est vrai que désormais tout est possible.