mercredi 31 décembre 2008

Hypothétique carte de vœux




Si on me demandait, par inadvertance, de concevoir une classique carte de vœux, je crois que je choisirais de l'illustrer de cette petite (31,8 x 24,2 cm) aquarelle, réalisée en 1920 à Weimar par Paul Klee et intitulée Angelus Novus. Ce tableau a appartenu à Walter Benjamin et se trouve maintenant au Musée Israël de Jérusalem.


Au verso, je reproduirais le texte que ce tableau a inspiré à Walter Benjamin en 1940, et qui forme la IXième des Thèses sur le concept d'histoire.

Je reprendrais la traduction parue chez Denoël en 1971, et la mise en page adoptées sur le site remue.net:

Il existe un tableau de Klee qui s'intitule Angelus Novus.

Il représente un ange qui semble avoir dessein de s'éloigner de ce à quoi son regard semble rivé.

Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées.

Tel est l'aspect que doit avoir nécessairement l'ange de l'histoire. Il a le visage tourné vers le passé.

Où paraît devant nous une suite d'événements, il ne voit qu'une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds.

Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne peut plus les refermer.

Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu'au ciel devant lui s'accumulent les ruines.

Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.


Cette carte serait bien sûr réservée à quelques ami(e)s qui savent que je suis un incorrigible rabat-joie et un épouvantable bonnet de nuit.

Cela ne m'empêcherait pas de leur souhaiter à tou(te)s de résister à cette tempête que seuls quelques ossifiés cérébraux osent encore appeler le "progrès".

Je reconnais que je vois peut-être dans ce mot plus d'ironie que n'en mettait W. Benjamin...

Car il a un bon coup dans l'aile, le progrès...


Post-Scriptum en forme d'autocritique:

W. Benjamin à la BNF, photographié par Gisèle Freund.

Hannah Arendt, qui emporta aux Etats-Unis le texte des Thèses sur le concept d'histoire que Benjamin lui avait confié à Marseille, a consacré à son compatriote un essai que l'on peut trouver pour quelques euros aux éditions Allia. Il s'intitule Walter Benjamin 1892-1940.

De la pensée de cet homme, dont elle dit par ailleurs qu'il "n'avait appris à nager ni avec le courant ni contre le courant", elle donne, au dernier paragraphe de son essai, cette image:

Ce penser, nourri de l'aujourd'hui, travaille avec les "éclats de pensée" qu'il peut arracher au passé et rassembler autour de soi. Comme le pêcheur de perles qui va au fond de la mer, non pour l'excaver et l'amener à la lumière du jour, mais pour arracher dans la profondeur le riche et l'étrange, perles et coraux, et les porter, comme fragments, à la surface du jour, il plonge dans les profondeurs du passé, mais non pour le ranimer tel qu'il fut et contribuer au renouvellement d'époques mortes. Ce qui guide ce penser est la conviction que s'il est bien vrai que le vivant succombe aux ravages du temps, le processus de décomposition est simultanément processus de cristallisation; que dans l'abri de la mer - l'élément lui-même non historique auquel doit retomber tout ce qui dans l'histoire est venu et devenu - naissent de nouvelles formes et configurations cristallisées qui, rendues invulnérables aux éléments, survivent et attendent seulement le pêcheur de perles qui les portera au jour: comme "éclats de pensée" ou bien aussi comme immortels Urphänomene.

Alors je me dis que ce serait offrir un inestimable cadeau que d'offrir en guise de vœux un éclat de la pensée de Walter Benjamin.

Les éclats de pensées seront rares demain matin parmi les bouteilles cassées sur les Champs-Elysées durant cette "fête" qui a perdu depuis longtemps la grande classe des bacchanales.

vendredi 26 décembre 2008

Points de suspension



Noël grec, place Symtagma.

L'avenir de l'Escalier restera suspendu dans l'indéterminé pendant quelque temps...

Merci pour tout et à bientôt...

mercredi 24 décembre 2008

Tradition de Noël



On sait bien qu'il y a des traditions des pays chrétiens qui n'ont rien à voir avec le christianisme institutionnel.

C'est avec une belle intention que l'on met à la table du repas de Noël un couvert supplémentaire, appelé couramment "l'assiette du pauvre", pour y placer le voyageur égaré qui viendrait frapper à la porte, afin qu'en cette nuit personne ne se trouve isolé... Ce n'est qu'une bien belle image, car on sait bien que les sans-domiciles, les sans-papiers, les sans-existences n'ont pas le code de l'entrée. Alors, on ne risque rien à prendre la pose avec ses honorables traditions familiales en sautoir.

Autrement efficace est la tradition, initialement bien chrétienne, de l'accueil qui anime la Cimade (Comité intermouvements auprès des évacués) depuis sa fondation, en 1939, sous l'impulsion d'une théologienne protestante d'origine alsacienne, Suzanne de Dietrich.

La mission de la Cimade, qui était d'apporter une aide spirituelle aux protestants lorrains et alsaciens, déplacés dans le Sud-Ouest, n'a plus eu lieu d'être lorsque l'armistice signé par le maréchal Pétain permit aux alsaciens et lorrains de rentrer chez eux.

La Cimade décida alors de venir en aide aux internés des camps de Vichy, et s'opposa à la politique antisémite du gouvernement d'alors. Dès le début des déportations vers les camps allemands, le mot d'ordre de la Cimade a été de "sauver par tous les moyens".

Bien sûr, pour certains, il est devenu fatiguant de parler de toutes ces vieilles histoires...


La Cimade a suivi son chemin depuis près de 70 ans, avec une rigueur et une cohérence exemplaires. Son rôle actuel auprès des migrants enfermés en centres de rétention administrative est suffisamment connu.

Sans vouloir faire de mauvais esprit, on peut penser que certains de nos compatriotes peuvent être embarrassés par cette action sans concessions.

Bon chrétien en train de dire le benedicite avant le réveillon.

Monsieur Hortefeux avait envisagé de "soulager" la Cimade de tout ou partie de son travail dans les centres de rétention en ouvrant le "marché" à la concurrence. Cet appel d'offres a été annulé par le tribunal administratif de Paris le 30 octobre 2008.

Le 19 décembre 2008, on apprenait qu'un nouvel appel d'offres allait être publié "dans une version remaniée, au Journal officiel de l'Union européenne et au Bulletin officiel des marchés publics".

On savait que monsieur Hortefeux ne manquait pas d'un certain humour, nous sommes ravis d'apprendre qu'il peut aussi être un obstiné taquin...

La Cimade a réagit par un communiqué de presse, que je reproduis. C'est un peu sérieux pour un soir de réveillon, mais vous verrez, c'est bien écrit, et ce n'est pas grossier.

Nouvel appel d’offres sur les centres de rétention : le simulacre continue

Dès l’annulation du précédent appel d’offres, la Cimade a proposé au ministère de l’Immigration la mise en œuvre d’une action conjointe de plusieurs associations et organisations syndicales pour rendre effectif l’exercice des droits des étrangers en rétention. Cette proposition n’a reçu, des pouvoirs publics, ni réponse, ni début de dialogue, ni même accusé de réception.

En refusant toute concertation, en maniant habilement sa communication à l’égard des non-spécialistes, le ministère de l’Immigration a diffusé vendredi 19 décembre un nouvel appel d’offres sans qu’aucune modification sérieuse ne soit apportée à la version précédente, annulée le 30 octobre par le tribunal administratif de Paris.


Les corrections ajoutées au texte sont celles que le ministre avait déjà apportées en septembre dernier, fausses concessions puisqu’il s’agit en réalité de simples rappels de ce que la loi ne lui permet pas d’interdire.


Cet appel d’offres confirme le choix d’un marché et d’une logique libérale déplacés en matière de défense des droits de l’Homme, obligeant les associations à se poser en concurrentes. Il maintient l’éclatement en huit lots indépendants de la mission d’aide aux étrangers, interdisant de fait toute possibilité de défense efficace et globale des personnes concernées. Par cette désintégration, il annihile toute action nationale cohérente des organisations non gouvernementales. En outre, au lendemain de la révélation du scandale de Mayotte, l’appel d’offres « oublie » ce centre de rétention d'outre-mer.


Les ONG veulent le pluralisme et la complémentarité : le ministre oppose le morcellement et l’affaiblissement.

Les ONG revendiquent une vision d’ensemble : le ministre leur concède le droit de s’exprimer localement.

La « transparence » affichée par le ministère de l’Immigration n’est qu’un simulacre : cette réforme vise à fragiliser l’exercice effectif des droits des étrangers et à gêner la société civile dans sa capacité de témoignage.

Soucieuse de maintenir son aide aux étrangers en rétention, la Cimade a accepté de prolonger sa mission jusqu’au 31 mai 2009. Mais après avoir déposé avec 10 organisations un recours contre le décret du 22 août 2008 devant le conseil d’Etat, elle étudie avec ses partenaires les moyens de contester ce nouvel appel d’offres. La Cimade rejette un processus qui ne peut que conduire à la disparition de l’aide apportée aux étrangers en rétention.


Elle est très mignonne, cette petite fille,
mais elle n'a pas son assiette à la table de monsieur Hortefeux.

mardi 23 décembre 2008

Le scénario à la grecque

Je n'ai pas noté à quel moment j'ai entendu pour la première fois cette expression de "scénario à la grecque", mais elle a été reprise plusieurs fois par divers commentateurs et divers politiques, tous unis par une pétoche inavouable: "et si cela se propageait ?"

Pensez donc, au moment des "fêtes" !

Malgré l'œuvre cinématographique admirable de plusieurs réalisateurs grecs, la Grèce est surtout le berceau de la tragédie, et je me demande si l'on peut réduire une tragédie à un scénario, ou même à une scénographie.

Affiche de Nassos K., artiste grec vivant et travaillant à Athènes.

Depuis deux jours, nos journaux doivent trouver qu'il y a des "longueurs" dans le scénario à la grecque, puisque les informations sur ce qui se passe à Athènes et ailleurs deviennent de plus en plus rares. Nos médias sont lassés...

Alors que le mouvement des occupations des universités, des lycées, des écoles, des mairies (et même d'une église) allait en s'affermissant, on pouvait lire des brèves affirmant qu'après une "nouvelle nuit de violence", il restait "encore" plus de 700 lycées occupés, personne n'ayant envie de dire qu'il y en avait plus que la veille...

Sur l'occupation de l'Ecole Polytechnique d'Exarchia, il est préférable de lire les billets réguliers du blogue Emeutes et Amour qui semble posté de l'intérieur et propose un certain nombre de traductions de textes et de déclarations (que le Jura Libertaire inclut dans sa riche revue de presse).

A. Grigoropoulos

Comme je préfère les dialogues aux scénarios, je copicolle ici deux textes en écho.

Le premier a été distribué par les amis d'Alexandros, le 10 décembre 2008, jour des funérailles. Il est reproduit tel qu'il est publié sur Emeutes et Amour.

Nous voulons un monde meilleur.
Aidez-nous.

Nous ne sommes pas des terroristes, des « cagoulés », des « connus-inconnus » .
NOUS SOMMES VOS ENFANTS.

Ces « connus-inconnus » …
Nous avons des rêves. Ne tuez pas nos rêves.
Nous avons de l’élan. Ne stoppez pas notre élan.
SOUVENEZ-VOUS.
Un temps, vous étiez jeunes aussi.

Maintenant vous cherchez de l’argent, vous n’êtes intéressés qu’à la vitrine, vous avez pris du poids, vous avez perdu vos cheveux.
ET VOUS AVEZ OUBLIE.

Nous attendions votre soutien.
Nous attendions votre attention, nous pensions que nous allions être fiers de vous - pour une fois.
EN VAIN.
Vous vivez des vies fausses, la tête penchée, vous êtes aliénés, rendus au système…

Vous avez jeté l’éponge et vous attendez le jour de votre mort.

Vous n’avez plus d’imagination, vous ne tombez plus amoureux, vous ne créez pas.
Vous vendez seulement et vous achetez.

De la marchandise partout.

L’AMOUR ET LA VERITE ? NULLE PART.
Où sont les parents ?

Où sont les artistes ?
Pourquoi ne sortent-ils pas dans les rues ?
AIDEZ NOUS, NOUS LES ENFANTS.

P.S. Arrêtez les bombes lacrymogènes. NOUS, nous pleurons tout-seuls.

Affiche de Nassos K.
"Un gamin de 15 ans tué par un flic,
et ils n'ont d'attention qu'à leur fric."

Sur le même blogue, cette lettre de travailleurs d'Athènes, qui a été publiée sur Infoshop News le 17 décembre.

Notre différence d’âge et l’éloignement rendent difficile la discussion dans la rue; c’est pourquoi nous vous envoyons cette lettre.

La plupart d’entre nous ne sont pas (pour l’instant) devenus chauves ou bedonnants. Nous avons fait partie du mouvement de 1990-1991, dont vous avez dû entendre parler. A l’époque et alors que nous occupions nos écoles depuis 30/35 jours, les fascistes tuèrent un enseignant parce qu’il avait outrepassé son rôle (qui est d’être un gardien) et qu’il avait rejoint le mouvement adverse; il nous avait rejoint dans notre combat. Alors même les plus forts d’entre nous rejoignirent la rue et ses émeutes. Pourtant, à l’époque, nous n’envisagions même pas ce que vous faites si facilement aujourd’hui : attaquer les commissariats (bien que nous chantions : “Brûlons les commissariats !”…).

Vous avez donc été plus loin que nous, comme il arrive toujours au cours de l’histoire. Bien sûr, les conditions sont différentes. Dans les années 90, ils nous firent miroiter des perspectives de succès personnel et certains d’entre nous y crûrent. Maintenant plus personne ne peut croire leurs contes de fées. Vos grands frères nous l’ont prouvé durant le mouvement étudiant 2006/2007; à votre tour, vous leur redégueulez en pleine face leurs contes de fées.

Jusqu’ici tout va bien.

Maintenant les questions intéressantes mais difficiles vont apparaître.

Nous allons vous dire ce que nous avons appris de nos combats et de nos défaites (parce qu’aussi longtemps que ce monde ne sera pas le nôtre, nous serons toujours les vaincus) et vous pourrez vous servir comme vous le souhaitez de ce que nous avons appris :

Ne restez pas seuls; faites appel à nous ; contactez autant de personnes que possible. Nous ne savons pas comment vous pouvez le faire, mais vous y arriverez certainement. Vous avez déjà occupé vos écoles et vous nous dites que la raison la plus importante est que vous n’aimez pas vos écoles. Impeccable. Maintenant que vous les occupez, changez leur rôle. Partagez vos occupations de bâtiments avec d’autres personnes. Faites que vos écoles soient les premiers bâtiments à accueillir de nouvelles relations. Leur arme la plus puissante est de nous diviser. De la même façon que vous n’avez pas peur d’attaquer leurs commissariats parce que vous êtes ensemble, n’ayez pas peur de nous appeler pour que nous changions nos vies tous ensemble.

N’écoutez aucune organisation politique (qu’elle soit anarchiste ou n’importe quoi d’autre) Faites ce que vous avez besoin de faire. Faites confiance aux gens, pas aux idées et aux schémas abstraits. Ayez confiance en vos relations directes avec les gens. Ne les écoutez pas quand ils vous disent que votre combat n’a pas de contenu politique et qu’il devrait en avoir un. Votre combat est le contenu. Vous n’avez que votre combat et il ne tient qu’à vous seuls de conserver son avance. C’est seulement votre combat qui peut changer votre vie, à savoir vous-même et vos vraies relations avec vos camarades.

N’ayez pas peur de la nouveauté. Chacun de nous en vieillissant a des idées gravées dans le cerveau. Vous aussi, bien que vous soyez jeunes. N’oubliez pas l’importance de cela. En 1991, nous avons senti l’odeur du nouveau monde et ne l’avons pas trouvé très agréable. On nous apprenait qu’il y a des limites à ne pas dépasser. N’ayons pas peur des destructions d’infrastructures. N’ayons pas peur des vols dans les supermarchés. Nous avons produit tout cela, c’est à nous. Comme nous dans le passé, vous avez été élevés pour produire des choses qui ensuite ne vous appartiennent plus. Reprenons tout cela et partageons-le. Comme nous partageons nos amis et notre amour parmi nous.

Nous nous excusons d’écrire cette lettre rapidement, mais nous l’avons écrite sur notre lieu de travail, à l’insu de notre patron. Nous sommes prisonniers du travail comme vous l’êtes de l’école.

Nous allons maintenant mentir à notre patron et quitter notre boulot sous un faux prétexte, pour vous rejoindre à Syntagma, les pierres à la main.

Jusqu'ici, tout va bien. Les nuits d'Athènes sont à Alexandros...

Et à ceux qui n'oublient pas.

lundi 22 décembre 2008

L'humour bien de chez nous



Comme c'était aujourd'hui un lundi pire qu'un lundi, une sorte de lundi majuscule, en quelque sorte, je m'étais résolu à reporter à demain mon billet du jour. Et à attendre qu'un mardi minuscule vienne remplacer ce jour funeste.

Mais le destin en a décidé autrement, en la personne d'une amie des alentours de Bellevill'Montant qui, connaissant mes goûts pour les histoires drôles, m'a envoyé celle-ci:

Des philosophes en garde à vue à l’aéroport de Roissy CDG

Mardi 16 décembre, un groupe de philosophes français s’embarquait à Roissy pour un colloque universitaire organisé à Kinshasa par l’Agence Universitaire de la Francophonie et les facultés catholiques de Kinshasa. (...)

Trois d’entre eux, découvrant au fond de l’avion un Africain entravé, ont seulement posé des questions aux policiers qui l’escortaient. Ces questions ayant suscité une brève agitation, l’un des philosophes, Pierre Lauret, sur dénonciation de l’hôtesse et demande du commandant de bord, a été débarqué manu militari par la police et placé en garde à vue. Libéré le soir, il est inculpé d’opposition à une mesure de reconduite à la frontière, et d’entrave à la circulation d’un aéronef.

Aujourd’hui, lundi 22 décembre, à la sortie du vol retour de Kinshasa, les deux autres philosophes, Sophie Foch-Rémusat et Yves Cusset, ont été appréhendés par la police et à leur tour placés en garde à vue. (...)

Tout cela, pour avoir seulement posé des questions à des policiers, sans émettre ni protestation ni appel ni slogan.

Le thème du colloque de Kinshasa : la culture du dialogue, les frontières et l’accueil de l’étranger. *

J'ai beaucoup ri.

Si !

Puis je me suis dit, tristement, que, si ça se trouve, l'hôtesse et le commandant de bord n'étaient même pas au courant de l'histoire du colloque... et n'ont pas pu apprécier tout le sel de la situation.

Pauvres gens, c'est triste de perdre une bonne occasion de rigoler...


* Communiqué de presse RESF (Réseau Education Sans Frontières) et QSB (Quartier solidaire Belleville) - du 22-12-2008.

PS1: Finalement, Sophie Foch et Yves Cusset ont été libérés en début de soirée de ce lundi.

PS2: Chloé Leprince revient sur cette affaire dans Rue89.

dimanche 21 décembre 2008

Culture rurale



Des grandes déclarations importantes sur le concept de ruralité, il ne sera resté dans la presse nationale que l'annonce d'une prise de décision quant au statut de la Poste, et une leçon de démocratie destinée à l'opposition. On annoncera probablement la baisse du taux de TVA sur les bûches de Noël au cours d'une visite d'un grand centre de tri...

Le conseil des ministres européens a bien adopté, le 9 décembre 2008, la directive de la honte au cours d'une réunion présidée par Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire de France et Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports de France...

Selon le communiqué officiel:

En outre, le Conseil a adopté sans débat une directive relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier.

De toute façon, l'expulsion des sans-rien,
c'est une question de transports durables, non ?


Bien que le blogueur spécialiste de l'est de l'hexagone, j'ai nommé JR d'abcdetc..., ait déjà épuisé le sujet, je me suis penché sur la compilation d'articles parus dans la presse locale que le site de l'association ACCID (Action citoyenne contre l'implantation d'une décharge) met à notre disposition sur la toile.

J'ai pu constater que la pensée du Président avait atteint des profondeurs telles que la remontée a dû poser des problèmes de décompression.

Par exemple:

Franchement, c'est pas évident de venir là. Non, c'est beau, c'est tranquille... En venant, on est là dans la voiture, tranquille, et on pense à toutes les bonnes nouvelles qu'on entend...

Nous ne savons pas de quelles bonnes nouvelles monsieur Sarkozy voulait parler...

Cependant, on aurait pu lui suggérer de relire le Manuel de maintien à l'usage des élus de la République fréquentant les comices agricoles que son prédécesseur a dû laisser à l'Elysée. On sait que les ruraux apprécient fort l'exquise urbanité naturelle des citadins. A contrario, dans une cour de ferme, au milieu des bouseux, monsieur Sarkozy continue de faire des efforts pour avoir l'air d'un plouc.

Il est par exemple inutile d'ouvrir un four pareil,
la tarte y est déjà passée (pour décongeler).


A l'heure où monsieur le Président déglutissait sa tarte aux mirabelles, on m'envoyait des informations sur le procès intenté par le préfet des Pyrénées-Atlantiques à Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG).

EHLG est une une association loi 1901, crée le 15 janvier 2005, qui a pour objet le développement d'une agriculture paysanne et durable en Pays Basque. Elle compte aujourd'hui 10 salariés et est forte du soutien de 1440 donateurs.

Euskal Herriko Laborantza Ganbara peut se traduire de manière rapide par Chambre d'Agriculture du Pays Basque. Or il y a une Chambre d'Agriculture des Pyrénées-Atlantiques... Ce n'est pas un simple détail linguistique, c'est le prétexte trouvé par le préfet de l'époque pour poursuivre l'association, en la personne de son président Michel Berhocoirigoin.

Voici comment le très intéressant dossier d'information (que vous pouvez télécharger ici), proposé par l'association, résume la situation historique:

Les paysans basques membres de la Confédération Paysanne, majoritaires en Pays Basque mais minoritaires dans le département - particulièrement bicéphale et artificiel - des Pyrénées-Atlantiques demandaient en effet depuis 10 ans une chambre d'agriculture spécifique du Pays Basque pour mener une politique favorable aux petites exploitations (majoritaires en Pays Basque) et promouvoir une agriculture paysanne et écologiquement responsable.

La Chambre d'Agriculture officielle des Pyrénées-Atlantiques est en effet tenue par le lobby FNSEA/grands maïsculteurs, favorable à une agriculture industrielle, favorisant la concentration en grandes exploitations, l'irrigation intensive, l'usage toujours plus poussé des pesticides et ayant lancé le projet aberrant d'une usine de bio-éthanol fabriqué à base de maïs à Lacq.

Malgré le caractère largement majoritaire de cette demande (appuyée par 110 maires -toutes tendances confondues- sur les 159 que compte le Pays Basque) et 10 ans de mobilisation ininterrompue, le gouvernement va camper sur un refus intransigeant.


En janvier 2004, la branche locale de la Confédération Paysanne (qui s'appelle ici ELB) avertit le gouvernement que s'il ne crée pas cette Chambre d'Agriculture du Pays Basque d'ici un an, c'est elle qui le fera. ELB mobilise alors l'ensemble de la société civile du Pays Basque et le pari est tenu : Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG) est créée le 15 janvier 2005, installée dans des locaux situés dans le petit village d'Ainhice-Mongelos (64 220).


L'inflexible nouveau préfet, Philippe Rey, qui a eu les honneurs du palmarès du Charançon, n'a pas usé de ce que l'on nomme "flexibilité de la loi"... La plainte a été maintenue.

Le 18 septembre 2008, EHLB a obtenu un report du procès au 29 janvier 2009. La Chambre d'Agriculture des Pyrénées-Atlantiques en a profité pour se porter partie civile.

Profitons du délai pour prendre connaissance des faits sur le site EHLG doit vivre! , pour signer la pétition , visionner "Qu'est-ce que l'agriculture paysanne et durable ?", postée en sept parties (le lien devrait vous mener à la première...) et puis les soutenir un peu.

Comme disait ma grand-mère: "Y a pas que les mirabelles, dans la vie, y a aussi le piment d'Espelette."

samedi 20 décembre 2008

Les prêles de l'entre-rail



Pour ses lecteurs pressés d'avoir des nouvelles du CAC40, LeFigaro.fr se permet parfois de sombrer dans la familiarité elliptique. Ainsi dans ce titre de la rubrique "Flash Actu":

Coupat : remise en liberté ?

On apprend dans cette brève, qui ne fait que reproduire une dépêche de l'AFP, que Julien Coupat est toujours en prison, bien que le juge des libertés et de la détention, qui est le juge compétent en cette matière, ait signé une ordonnance de remise en liberté.

Devinez quoi...

Le parquet a fait appel. Et l'appel sera jugé mardi prochain.

(On apprend par ailleurs que la demande de remise en liberté d'Yldune Lévy, également incarcérée, sera examinée plus tard.)

Flo Py a reproduit dans son billet fort matinal le "c'est lamentable !" de Maître Irène Terrel, avocate de Julien Coupat.

Et conclut en posant cette question:

Dites, z'auriez pas une idée pour obliger gentiment les autruches à sortir enfin la tête du sable ?...

Flo Py profite du fait que le délit d'outrage à autruche n'a pas encore été créé.

Autruche cherchant à enfouir sa tête dans le parquet.

Il m'arrive, lorsque ma propension à l'asthénie dépressive est réduite par les premiers effets de ma piqûre quotidienne, de m'aventurer à lire les commentaires que les autruches déposent au bas des articles des journaux en ligne.

Ensuite, je reprends souvent une autre piqûre, par gourmandise...

Parfois je repère un mot, une phrase, une pensée... qui me font rêver.

Par exemple:

Que faisaient Coupat et autres auprès des lignes de SNCF, à cent lieues de leur domicile, en pleine nuit, le soir même où les lignes des TGV ont été sabotés ????

On voit par là que toutes les autruchons n'ont pas la tête dans le sable.

Vivacité de l'œil, agilité du bec,
il y a des autruchons à qui on ne la fait pas!


Il m'est arrivé de me voir suspecté de mauvaises intentions en me promenant innocemment dans des lieux peu propices à la promenade des autruches.

Une fois, dans un pays africain alors gouverné par un dictateur à la toque de léopard, les soupçons ont été le fait de forces du maintien de l'ordre (ou du désordre).

Nous étions allés bien au delà de l'aéroport de N'Djili, pour marcher un peu le long du fleuve Congo (alors appelé Zaïre) qui sort à cet endroit du Stanley Pool. Nous ignorions la proximité d'un poste de garde de l'armée zaïroise.

On nous demanda avec insistance notre "ordre de mission" et la discussion sur la nature de cet "ordre de mission" se conclut par la nécessité de venir à cet endroit avec un formulaire visé par les autorités militaires et comportant le sésame: "Mission: voir le fleuve."

Un jour peut-être, dans le monde rêvé par les autruchons à qui on ne la fait pas, flânerons-nous le long des voies ferrées avec un ordre de mission nous autorisant à voir "les prêles de l'entre-rail"(*).

Vieira da Silva, Les Chantiers (1957)

(*) Les prêles de l'entre-rail

Absurdes locomotives !
Locomotives !
Tirant superflu et gagne-pain
Parmi les déchirures de la nuit,
Pour des hommes absurdes,
Des hommes effrayants,
Pour des hommes pénalisés
Qui ne voient pas grandir
Les prêles de l'entre-rail,
Comme Vieira da Silva les peint.

René Char (1970) Recherche de la base et du sommet (Gallimard)


PS: La liste des comités de soutien aux inculpés du 11 novembre ne cesse de s'allonger, comme vous pourrez le voir sur le site.

Les deux premiers numéros des Echos de la Taïga, bulletin du comité de soutien aux inculpés de Tarnac, peuvent être téléchargés sur le site du Jura Libertaire.

Après téléchargement, ils peuvent être imprimés, diffusés, etc... etc...

vendredi 19 décembre 2008

Les reculs de monsieur Darcos



Il est un grand classique de la littérature dont j'aurais bien aimé retrouver les authentiques paroles, telles qu'elles demeurent dans mes souvenirs...

Las! comme disait mon contemporain et compatriote Pierre Corneille, les tiroirs secrets de ma mémoire ne contiennent que ces deux vers boiteux, dont, conformément à l'usage, je vous laisse trouver la rime.

Si quand j'avance, tu te recules,
comment veux-tu, ##, que je t'en...


(NB: On peut remplacer le "##" par un nom ou un prénom de deux syllabes.)

J'aurais aimé fournir ce viatique aux lycéens qui ont hier montré tant de détermination en manifestant en si grand nombre dans maintes villes de France.

Mais j'ai craint que cette belle jeunesse, par un mauvais tour d'esprit, n'en fît un mauvais usage.

Couvre-chef d'une bête de travail qui ne recule jamais.


J'étais bien sûr hors-sujet avec cette histoire de reculade.

On a parlé de "report", lundi dernier; on parle maintenant de "remise à zéro", mais pas de "recul".

Faudrait-il parler de "retrait" ?

Monsieur Darcos, en fin lettré, nous éclaire:

Le retrait ? Quel sens cela aurait-il ? On repart à zéro, on ne va pas jouer sur les mots.

Gardons donc ce mot en réserve, au cas où il faudrait en user pour montrer symboliquement sa bonne volonté ou tout aussi symboliquement s'avouer vaincu.

Et surtout:

Arrêtons de chipoter sur le mot "recul" (...)

Monsieur Darcos victime d'un mauvais éclairage.

Aujourd'hui, monsieur Darcos nous a honorés de multiples interventions dans les médias: la proximité des congés scolaires lui permettait de s'exprimer en toute franchise et même lâcher quelques unes des âneries méprisantes qu'il affectionne.

Il s'en est dispensé; mais on a pu constater que le renouvèlement de son argumentaire n'est pas vraiment à l'ordre du jour. Sur ce point non plus, il ne recule pas.

Ce matin sur LCI, le grand thème de la manipulation est abordé, avec les nuances habituelles (d'après Liberation.fr):

Darcos a affirmé que «bien entendu» l'extrême gauche avait débordé les manifestants car «ce mouvement lycéen a pris un tournant très violent, (…) pour des enjeux qui sont quand même modestes».

Ce "bien entendu" est admirable.

Et de poursuivre: «On voit bien qu’il y a une manipulation et que le parti socialiste a voulu hier (jeudi, ndlr) s’en faire le récupérateur principal», a-t-il dit.

Imaginer le parti socialiste mettant 150 000 étudiants et lycéens dans les rues, ça fait rire ou ça fait peur, c'est selon.

A moins que monsieur Darcos ne soit le "récupérateur principal" de ce qui se passe autour de monsieur Julien Dray et ses présumés détournements...

La question étant posée au début du Talk Orange-Le Figaro, le ministre peut répondre en toute candeur:

L'enquête a commencé fin novembre, je ne peux pas décider de la manière dont les choses sont conduites.

En revanche, on peut décider d'appuyer un peu:

J'ai souvent dit qu'il y avait des liens très étroits entre syndicats lycéens et gauche, on m'a dit "prouvez-le". Ces liens sont connus.

Sur le fond, l'homme ne reculera pas car:

Au fond, tout le monde souhaite la réforme du lycée.

...et...

Je suis soutenu par le président de la République et il y a un consensus sur la nécessité d'une réforme.

C'est très convaincant...


PS: Le jour où monsieur Darcos aura trouvé la marche arrière, il n'y aura pas intérêt à se trouver devant.

La souffrance souillée



J'aurai donc avalé hier beaucoup de kilomètres de grisaille pour joindre ma tristesse à un adieu familial, que j'ai vu pris en charge (et presque pris en otage) par deux professionnels bien rôdés: un curé de l'église catholique et romaine dans le rôle de l'épouvantail, ressassant ses éternelles métaphores éculées sur l'éternité, et un majordome de pompes funèbres dans le rôle du meneur de revue, accumulant ses délicats ronds de jambes condoléants.

Durant ces heures routières et autoroutières, la radio de ma quatrelle de collection fut aussi primesautière qu'à son habitude et ne me livra que peu de matière à un billet du jour et d'actualité.

Je lui dois cependant d'avoir entendu un morceau de la conversation entre un invité, expert psychiatre, et un groupe de chroniqueurs de France Culture. L'invité ayant employé le mot de "malheureux" pour désigner ce type de malade que nous appelons également fou, l'un de ces chroniqueurs a cru d'une fine intelligence décomplexée de poser la question de savoir si les fous étaient tous des "malheureux".

Réponse laconique: "oui".

Mais que dire d'autre, sans étriper ce brillant intellectuel...

Dans la soirée, d'un bulletin d'information tronqué par les crachouillis me parvint la voix du président qui tentait de faire de l'ironie sur les agissements des députés de l'opposition et de leur donner, en mode prêchi-prêcha, des leçons de dignité démocratique...

Que faire d'autre sinon ricaner...

En court-circuit, j'ai pensé à ce texte du Docteur Guyader (qui n'était pas l'invité de France Culture), que l'on trouve probablement sur le ouaibe:

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République à propos de son discours du 2 décembre 2008 à l'hôpital Erasme d'ANTONY concernant une réforme de l'hospitalisation en psychiatrie.

Etampes, le 8 décembre 2008

Monsieur le Président,


Eluard écrit dans Souvenirs de la Maison des Fous « ma souffrance est souillée».

Après le meurtre de Grenoble, votre impatience à répondre dans l'instant à l'aspiration au pire, qu'il vaudrait mieux laisser dormir en chacun d'entre nous et que vous avez semble t-il tant de difficulté à contenir, vous a amené dans votre discours du 2 décembre à l'hôpital Erasme d'Antony à souiller la souffrance de nos patients.

Erasme, l'auteur de «L'Eloge de la Folie», eût pu mieux vous inspirer, vous qui en un discours avez montré votre intention d'en finir avec plus d'un demi-siècle de lutte contre le mauvais sort fait à la folie : l'enfermement derrière les hauts murs, lui appliquant les traitements les plus dégradants, extermination en premier, quand la barbarie prétendit purifier la race, la stigmatisation au quotidien du fait simplement d'être fou.

Vous avez à Antony insulté la mémoire des Bonnafé, Le Guillant, Lacan, Daumaison et tant d'autres, dont ma génération a hérité du travail magnifique, et qui ont fait de leur pratique, œuvre de libération des fécondités dont la folie est porteuse, œuvre de libération aussi de la pensée de tous, rendant à la population son honneur perdu à maltraiter les plus vulnérables d'entre nous. Lacan n'écrit-il pas « l'homme moderne est voué à la plus formidable galère sociale que nous recueillions quand elle vient à nous, c'est à cet être de néant que notre tâche quotidienne est d'ouvrir à nouveau la voie de son sens dans une fraternité discrète, à la mesure de laquelle nous sommes toujours trop inégaux ».


Et voilà qu'après un drame, certes, mais seulement un drame, vous proposez une fois encore le dérisoire panégyrique de ceux que vous allez ensuite insulter en leur demandant d'accomplir votre basse besogne : que les portes se referment sur les cohortes de patients.


De ce drame, vous faites une généralité, vous désignez ainsi nos patients comme dangereux, alors que tout le monde s'entend à dire qu'ils sont plus vulnérables que dangereux.

Mesurez-vous, Monsieur le Président, l'incalculable portée de vos propos qui va renforcer la stigmatisation des fous, remettre les soignants en position de gardiens et alarmer les braves gens habitant près du lieu de soin de la folie ?


Vous donnez consistance à toutes les craintes les moins rationnelles, qui désignant tel ou tel, l'assignent dans les lieux de réclusion.


Vous venez de finir d'ouvrir la boîte de Pandore et d'achever ce que vous avez commencé à l'occasion de votre réplique aux pêcheurs de Concarneau, de votre insulte au passant du salon de l'agriculture, avilissant votre fonction, vous déprenant ainsi du registre symbolique sans lequel le lien social ne peut que se dissoudre. Vous avez donc, Monsieur le Président, contribué à la destruction du lien social en désignant des malades à la vindicte, et ce, quelles que soient les précautions oratoires dont vous affublez votre discours et dont le miel et l'excès masquent mal la violence qu'il tente de dissimuler.


Vous avez donc, sous l'apparence du discours d'ordre, contribué à créer un désordre majeur, portant ainsi atteinte à la cohésion nationale en désignant, à ceux qui ne demandent que cela, des boucs émissaires dont mes années de pratique m'ont montré que justement ils ne peuvent pas se défendre.


Face à votre violence, il ne reste, chacun à sa place, et particulièrement dans mon métier, qu'à résister autant que possible.


J'affirme ici mon ardente obligation de ne pas mettre en œuvre vos propositions dégradantes d'exclure du paysage social les plus vulnérables.

Il en va des lois comme des pensées, certaines ne sont pas respectables ; je ne respecterai donc pas celle dont vous nous annoncez la promulgation prochaine.


Veuillez agréer, Monsieur le Président, la très haute considération que je porte à votre fonction.


Docteur Michaël GUYADER
Chef de service du 8ème secteur
de psychiatrie générale de l'Essonne,
Psychanalyste.

C'est un texte qui a de la hauteur. Il passera un peu au dessus du palais de l'Elysée, j'en ai peur...

PS: Sur le discours de Nicolas Sarkozy à Antony, voir l'article de Liberation.fr, avec un extrait vidéo.

mercredi 17 décembre 2008

Pour votre sécurité...

"Pour votre sécurité, attention à la marche en descendant du train."
Proverbe erratépiste.




Jadis, si je me souviens bien, nous avions une certitude: on trouvait tout à la Samaritaine. Et même n'importe quoi, en cherchant bien, selon arrivage.

Les temps ayant changé, et bien changé, il faut s'attendre à tout partout. Et surtout au Printemps Haussmann, qui pourra reprendre le slogan de la réclame.

C'était du grand magasin, ça, madame.

Sur la qualité des cinq bâtons d'explosifs trouvés derrière les chasses d'eau des toilettes, on peut émettre quelques doutes: selon les enquêteurs, la marchandise ne serait pas de première fraîcheur, et a été livrée sans système de mise à feu.

D'où la nécessité de retrouver le fournisseur le plus rapidement possible. D'autant plus que le dit fournisseur semble avoir une pratique assez atypique du grand art de la correspondance commerciale.

Voyez ce courrier, dont je copicolle le verbatim, comme ils disent au Figaro.fr :

«Nous sommes du Front Révolutionnaire Afghan. Nous avons placé plusieurs bombes dans le magasin printemps homme haussmann, une d'elle se situe au 3ème étage dans les toilettes derrière la chasse d'eau vous la trouverez (dans le premier toilette en rentrant), si vous ne faites pas intervenir quelqu'un avant le mercredi 17 décembre elles exploseront. Faites parvenir ce message a votre président de la république qu'il retire ces troupes de notre pays (l'afghanistan) avant fin février 2009 sinon nous repasserons a l'action dans vos grands magasins de capitaliste et cette fois ci sans vous en avertir, 2 autres bombes sont placés dans les toilettes chez la femme au 2eme étage. je vous assure que ce n'est pas un canular donc prevenez très vite les autorités compétentes ou vous aurez du sans sur les mains.

F.R.A. Vive l Afghanistan libre».

Cette lettre, à la "sémantique inhabituelle" ainsi que le résume excellemment le Figaro.fr, a déclenché une des plus spectaculaires opérations policières et médiatiques de ces dernières années.

Magasin évacué, quartier bouclé, journaux télévisés saturés... Bref, le grand jeu...

On remarquera, en lisant le témoignage de Sylvette, rapporté de LeFigaro.fr, que la direction du magasin a su garder son sang-froid:

«Pendant de longues minutes, on s'est senti vraiment inquiètes parce que notre direction, une fois les clients évacués, nous recommandait de rester sur place au cas où une réouverture rapide serait décidée…»

C'est une direction qui en a !

Pendant ce temps, quelques petits malins ont continué à faire leurs achats de Noël.


"Responsables policiers, représentants des grands magasins et des transports publics" (LeFigaro.fr dixit) devaient se réunir ce mercredi matin au ministère de l'Intérieur.

Voyant qu'aucun communiqué n'était publié et abondamment commenté en milieu de journée, j'ai décidé de faire comme mon camarade le Charançon, et de me convertir en blogueur d'investigation.

A force de trainer mes guêtres de gentilhomme campagnard aux alentours de la place Beauvau, j'ai été abordé par une grisante grisette, modiste de son état, qui venait de sortir du ministère.

C'est toujours plus agréable que d'être approché par un fonctionnaire en civil...

Elle avait été convoquée pour donner un avis de spécialiste sur la meilleure manière de faire porter le chapeau à l'ultra-gauche...

Finaude, elle n'a pas voulu me livrer ses conclusions.

Cependant, après avoir accepté d'entrer en ma compagnie dans un salon de thé où le café est au prix d'un litre de calva de contrebande, elle m'a révélé une partie des discussions.

La réunion a évoqué la délicate question de la sécurité du chef de l'Etat, en prévision des nombreuses cérémonies protocolaires qui se tiendront dans les premières semaines de l'année 2009.

Il ne vous a pas échappé qu'il est extrêmement difficile de protéger un chef d'Etat du nouveau type d'attentat expérimenté par le journaliste Montazer Al-Zaidi contre le président G.W. Bush: l'attentat "pompier".

La proposition du sénateur Philippe M., qui était là par hasard, de déposer un amendement pour interdire la vente libre de chaussures contondantes a été écartée sans ménagements, et le sénateur est reparti en bougonnant.

Revenant aux choses sérieuse, la commission a estimé que l'opinion n'était pas encore mûre pour voir décréter une obligation de se présenter pieds nus devant le président. Un participant a laissé entendre que cette obligation pourrait être limitée aux ressortissants de pays "arabo-islamiques". Il s'est fait huer, et est reparti, très vexé.

Au moment où mon informatrice a quitté la réunion pour aller chercher le café à servir à ces messieurs-dames, on envisageait le déploiement d'un filet de protection autour du président...

A son retour avec le plateau à café, on la remercia gentiment de sa collaboration, et on la fit sortir.

J'attends avec impatience des nouvelles de la place Beauvau...

mardi 16 décembre 2008

Création du lieu le plus dangereux de France

Ceci est une invitation à venir participer à cette création:


"Autoportrait collectif en ultragauchanarchoôtaunome"

technique mixte / cadavre exquis.

Jeudi 18 décembre 2008, 19h 00, 18 rue Sainte-Croix des Pelletiers à Rouen.

AIDEZ-NOUS. APPORTEZ

un livre, un outil, des horaires, un équipement de sport et une mauvaise intention.

Le surréalisme c’est

« la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie »

et voilà que l’état, penché sur la table de dissection médiatique, devient soudain poète. Par la collection d’objets, ici appelés “pièces à conviction”, leur rapprochement, une histoire, un sujet, un groupe, un ennemi se créent. Ainsi, désormais nous le savons, pour qu’il y ait menace ou terroriste, il faut : un livre (ici, l’insurrection qui vient), un outil (ici, une pince monseigneur), un document renseignant sur le fonctionnement d’un réseau (ici, des horaires sncf), un équipement permettant de modifier son rapport à l’espace physique (ici, un matériel d’escalade). Ces objets sont des noeuds, les pointes d’un tableau de fil tendu dessinant le portrait chinois d’individus en terroristes. L’important devient alors de tendre le fil, de raconter, entre les clous, un scénario plausible de menace nationale dans lequel chacun de ces objets aurait sa place: en somme, une mauvaise intention. Alors, l’arsenal légal de la lutte anti terroriste peut s’appliquer.

Il est aujourd’hui convenu de dire au sujet du traitement des incarcérés du 11 novembre: «demain ce pourrait être nous», juste mais pas tout à fait, insuffisant en tout cas. À l’heure ou la gestion complète d’un territoire semble devenir celle d’un immense aéroport (papiers, caméras de surveillance, borne biométrique, et maintenant liste d’objets interdits à bord).

Jeudi 18 décembre c’est déjà nous! Réalisation d’un poème surréaliste de combat:


Venez déposer sur le tapis roulant symbolique de notre territoire :

- un livre (dont vous aurez au préalable relevé quelques passages susceptible de porter atteinte aux pouvoirs),

- un outil,

- des horaires ou tout document renseignant sur le fonctionnement d’un réseau (sncf, routier, informatique...),

- un équipement de sport ou autre permettant de modifier votre rapport à l’espace physique ou d’atteindre un endroit normalement inaccessible,

- et une mauvaise intention reliant le tout en scénario.

Exposition/intervention accessible dès l’age de 12 ans

Cette exposition/intervention est produite par échelle inconnue dans le cycle du travail sur les urbanismes combattants, et sera mise en œuvre par Stany Cambot avec Pierre Commenge et Christophe Hubert.

Je ne pourrai pas être là jeudi soir.

Voici cependant ce que j'aurais déposé sur le tapis roulant:


Sur une affiche reproduisant une illustration de Georges Braque pour Lettera Amorosa de René Char, on peut reconnaître une lampe frontale, un ciseau à brique, L'amour fou d'André Breton, une cisaille à tôle et la brochure Mauvaises Intentions, parue en mai 2008, et sous-titrée L'outil "antiterroriste" et la "mouvance anarcho-autonome".


PS: Vous pouvez télécharger l'invitation, l'imprimer, la photocopier et la diffuser...

lundi 15 décembre 2008

Les trois frangines

Les enfants d'une famille nombreuse forment un "nous" qu'il n'est pas toujours facile d'appréhender de l'extérieur.

On appelait souvent mes trois sœurs ainées "les trois frangines"...

Depuis dimanche, il n'en reste que deux, avec entre elles une absence qui se peuple de souvenirs.

Pour moi, un des "petits", certains souvenirs ne distinguent pas ce qui revient à l'une ou à l'autre.

Pourquoi le ferais-je maintenant ?

Ainsi, ce 45 tours interdit que les "frangines" avaient réussi à se procurer...




Les canards du doute

«Oui, bonnes gens, c'est moi qui vous ordonne de brûler, sur une pelle, rougie au feu, avec un peu de sucre jaune, le canard du doute, aux lèvres de vermouth, qui, répandant, dans une lutte mélancolique entre le bien et le mal, des larmes qui ne viennent pas du cœur, sans machine pneumatique, fait, partout, le vide universel.»

Isidore Ducasse, Poésies I.

canard « Nom donné à tous les imprimés que l'on crie dans les rues. Petit morceau de sucre trempé dans de l'eau-de-vie. » (Dictionnaire Bescherelle, 1845) « Nouvelle fausse et le plus souvent absurde : se dit surtout des récits de ce genre insérés dans les journaux » (G.D.U.).

Référence empruntée au site Lautréamont/Ducasse.

Canardo qui doute...
Puisque le dimanche, c'est supplément culturel, je ne lis le Journal du dimanche que le lundi.

C'est d'une logique imparable.

Aussi, n'est-ce qu'en fin de matinée que j'ai pu suivre les nouveaux efforts fournis par les honnêtes travailleurs du Jdd pour informer l'opinion. Il y a de plus mauvaises façons de commencer une semaine... car la rédaction du Jdd s'est fait une spécialité du scoupe discret, présenté sous le beau nom de "révélation".

Hier, donc, nous avons eu droit à:

Sabotages, révélations sur une piste allemande (par Stéphane Joahny).

Dès l'incipit de ce bel article, on sent bien que l'on est en face d'un journaliste d'investigation qui n'a pas froid aux yeux et a passé des semaines, voire des mois, pour découvrir dans quel bistrot on pouvait trouver des fonctionnaires de la SDAT en train d'écluser leurs bières.

Pour les enquêteurs de la Sous-direction antiterroriste (SDAT), cela ne fait aucun doute: si Julien Coupat et ses camarades de la "cellule invisible" étaient encore en liberté, ils seraient actuellement en train de batailler avec les plus exaltés de la "génération 600 euros" dans les rues d'Athènes ou de Salonique. Comme Coupat l'avait d'ailleurs déjà fait en septembre dernier à l'occasion de violents affrontements avec les forces de l'ordre grecques à Salonique.

Vide le dossier des interpelés du 11 novembre ? Voilà un nouvel indice, non négligeable: si Julien Coupat était en liberté, il serait à faire rien que des bêtises en Grèce; donc Julien Coupat est un terroriste.

C'est d'une logique imparable.

Bien que l'on se demande ce que ces confidences d'après-boire ont à voir avec le titre de l'article.

Canardo qui redoute...
Mais ballot, me dis-je in petto, ce n'est que l'intro.

Et anéfé, le paragraphe suivant enchaine brillamment:

Dans la nuit du 3 au 4 décembre, les bureaux athéniens de l'AFP ont d'ailleurs été visés par une "bombinette" en solidarité avec le groupe de Tarnac. Cette solidarité s'est aussi exprimée le 5 décembre à Hambourg, où le consultat français a été visé par des jets de peinture.

Vous voyez le lien.

C'est d'une logique imparable.

Pour m'achever, Stéphane Joahny fait appel aux révélations déjà faites par les investigateurs virtuoses de Médiapart: les sabotages des lignes ferroviaires auraient été revendiquées par une lettre postée de Hanovre avant le 11 novembre et adressée au Tageszeitung de Berlin, qui ne l'a pas publiée. Cette revendication était rédigée en allemand.

Stéphane Joahny oublie de nous faire remarquer que Julien Coupat, brillant élève, avait dû faire allemand première langue; et que, par conséquent, c'est lui qui a rédigé la revendication.

C'est d'une logique imparable.

Mais notre enquêteur proche des milieux de l'enquête ne prend pas cette voie... il faut rester sérieux, même au Jdd...

Il évoque plutôt une nouvelle piste:

La piste d'une "coproduction" allemande, ou du moins d'une action concertée avec des Allemands, repose également sur le mode opératoire: ces fameux "fers à béton" transformés en crochets métalliques et placés sur les caténaires. Une technique "made in Germany" et utilisée depuis près de dix ans outre-Rhin, notamment par les anti-nucléaires.

Au lieu d'aller se pochtronner avec des fonctionnaires de la SDAT, Stéphane Joahny aurait mieux fait de venir demander: cela, on le sait depuis le tout début et on l'a lu partout.

Ne soyons pas trop critique, les enquêteurs ont une "preuve":

Selon les surveillances policières, plusieurs des mis en examen du groupe de Tarnac étaient présents lors d‘une contre-manifestation d'extrême gauche organisée à Cologne, où avait lieu un rassemblement de skinheads, courant septembre.

J'avoue: c'est d'une logique imparable.


Tout comme la conclusion de cet article:

Les investigations policières sur Julien Coupat et le groupe de Tarnac avaient démarré en avril dernier suite à une signalement venu des Etats-Unis. L'enquête prend à nouveau un caractère international. "Nous travaillons en relation étroite avec le BKA allemand et la PJ italienne, confie une source proche de l'enquête. Et nous devrions nous rapprocher également très vite des Anglais, des Canadiens, du FBI américain, ainsi que des polices grecques et belges."

On sent que tout ça est très solide...

Comme un caténaire non révisé depuis que Mathusalem l'a posé...

Mathusalem et sa famille.

PS: Le Jdd d'hier rendait également un "service" à monsieur Darcos qui y faisait des "révélations" sur son indispensable réforme...

Aujourd'hui, monsieur Darcos a cru devoir se dégonfler...

dimanche 14 décembre 2008

Belle mais étrange patrie

Cette "belle mais étrange patrie", je l'ai vue célébrer plusieurs fois sur scène par Angélique Ionatos, avec toujours la même ferveur.

"Omorphi ke paraxeni patrida".

Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée

Elle jette les filets pour prendre des poissons
Et c’est des oiseaux qu’elle attrape
Elle construit des bateaux sur terre

Et des jardins sur l’eau

Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée

Elle menace de prendre une pierre
Elle renonce
Elle fait mine de la creuser

Et des miracles naissent

Belle mais étrange patrie

Que celle qui m’a été donnée

Avec une petite barque
Elle atteint des océans
Elle cherche la révolte
Et s’offre des tyrans

Belle mais étrange patrie…

Odysseus Elytis.



(Belle mais étrange patrie
est suivie, dans ce concert, de I palami sou, (La paume de ta main), sur un poème de Dimitris Mortoyas.)


Odysseus Elytis, prix Nobel 1979, est bien méconnu en France... Il n'a même pas droit à une notice ouiquipédiesque en notre langue !

Et pourtant:



PS: Pour ceux qui prendraient goût à cette belle mais étrange langue-patrie, une vidéo où Angélique Ionatos interprète une chanson écrite par Mikis Theodarakis, sur un poème de Dimitra Manda: Mia thalassa.

samedi 13 décembre 2008

Etalonnage des trouillomètres



Il n'y a plus de saisons, tous les spécialistes du climat du ouiquende vous le diront. Et ça ne date pas d'hier.

(Personnellement, je trouve qu'il fait plutôt froid pour une fin d'automne.)

Les climatologues du social, qui ont l'habitude de profiter un peu des "fêtes" pour disserter mollement sur la reprise éventuelle d'hostilités anémiées après la "trêve des confiseurs", ont regagné leurs laboratoires virtuels et rebranché leurs instruments de mesure en prise directe, comme on le sait, sur le réel.

Parmi ceux-ci, le trouillomètre est l'un des outils les plus délicats à manipuler, et sûrement l'un des moins fiables: effectuer une mesure modifie la grandeur à mesurer et, par conséquent, le résultat affiché par l'appareil ne signifie absolument rien.

Pourquoi l'utiliser, alors, demanderont les plus futés de mes lecteurs.

La réponse est: parce que.

Ça occupe... et ça peut faire peur, ce qui n'est pas inutile pour gouverner.

Le prototype du célèbre "baromètre Sofres"

Un des degrés de la trouille porte le beau nom d'inquiétude, qu'il ne faut pas entendre au sens étymologique, mais au sens médiatique courant: on fera part de son inquiétude, et cela sera l'objet de communiqués, ou d'articles.

Un article de LeMonde.fr
s'offre le luxe d'une croisière de rêve à la relève des trouillomètres de nos politiques les plus sensibles.

Il est intitulé "Social, jeunesse, banlieues : la France gagnée par l'inquiétude", et est signé de Françoise Fressoz

Le thème en est bien sûr:

La révolte des jeunes en Grèce peut-elle s'exporter en France?

Laurent Fabius: "Ce qu'on voit en Grèce n'est pas du tout, malheureusement, hors du champ de ce qui peut arriver en France."

Julien Dray: "Le syndrome grec menace l'ensemble des pays parce qu'on est dans une crise très grave, avec une explosion des inégalités sociales."

(Je rappelle à mes lecteurs du fond de la classe, que monsieur Laurent Fabius est un "proche de Martine Aubry", et monsieur Julien Dray, un "proche de Ségolène Royal". Il va falloir que vous preniez l'habitude d'entendre deux fois les banalités dites socialistes...)

Bon, ces deux-là sont inquiets...

Noël Mamère, dont la parole, il est vrai, précède souvent la pensée, en perd sérieusement les pédales et nous livre ce beau morceau d'anthologie:

"Les émeutiers grecs ne sont pas des anarchistes mais des gens formés à l'université."

Encore ?

"Les émeutiers grecs ne sont pas des anarchistes mais des gens formés à l'université."

Vous voyez bien, au fond de la classe ?

Il y a des conneries qui vous illuminent et vous réchauffent un ouiquende.

Sapin à colorier pour Noël Mamère.

Parmi ceux qui ne s'expriment pas trop fort publiquement, «Brice Hortefeux, ministre de l'immigration, a pris contact avec le ministre de l'intérieur grec, qu'il connaît bien, pour prendre la mesure de la situation. Il craint une "surexploitation" du phénomène en France, même si les conditions politiques et sociales ne sont pas du tout les mêmes.»

Monsieur Hortefeux se préparerait-il déjà à sa future "mission" de Ministre de l'Intérieur ?

Quant à monsieur Nicolas Sarkozy, il semble l'avoir assez bas, le trouillomètre:

(Il) fait de lui-même le parallèle avec la Grèce. "Les Français adorent quand je suis avec Carla dans le carrosse, mais en même temps ils ont guillotiné le roi. C'est un pays régicide. Au nom d'une mesure symbolique, ils peuvent renverser le pays, regardez ce qui se passe en Grèce", a-t-il répondu mercredi 10 décembre à un élu UMP qui militait pour une amnistie fiscale.

Abandonner une mesure symbolique, qui aurait pu faire plaisir à des amis, et cela uniquement par peur de la guillotine, c'est un signe...

Coupe-cigare à guillotine
adaptable.