Ce n'est pas pour me dévaloriser exagérément, mais je dois reconnaître que j'ai quelques points communs avec monsieur Eric Besson.
Comme lui, j'ai reçu une solide formation à la casuistique ignacienne chez les bons pères, j'ai raté avec panache de prestigieux concours et je ne suis «pas un mannequin ou un play-boy».
J'ai même «des yeux de fouine [et] un menton fuyant».
C'est tout dire !
Ces affinités avec notre ministre des Expulsions brouillent d'une brumeuse empathie la lecture que j'ai pu faire de sa réponse aux viles attaques du bouffonnant Stéphane Guillon, chroniqueur de la matinale de France Inter, que vient de publier le très sérieux quotidien Libération.
Monsieur Besson me fout la honte !
Je comprends bien, chez lui, ce désir d'«en finir» dans ce «différend qui [l]’a opposé à Stéphane Guillon», mais il fallait le faire avec brio, en un texte irréprochable, plein de verve et d'invention, vachard à souhait, en vers octosyllabiques peut-être...
De l'Edmond Rostand, en quelque sorte:
Je jette avec grâce mon feutre,
Je fais lentement l'abandon
Du grand manteau qui me calfeutre,
Et je tire mon espadon;
Élégant comme Céladon,
Agile comme Scaramouche,
Je vous préviens, cher Myrmidon,
Qu'à la fin de l'envoi, je touche !
On rencontre bien, dans l'introduction, cette médiocre tentative de jeu sur les assonances:
J’ai dénoncé, je persiste et signe,
des méthodes et des propos de facho,
mal déguisés sous un look bobo
et une vulgate supposée gaucho.
Mais notre auteur se fatigue vite, et se contente de numéroter «quelques mises au point» enfilées de manière bien décousue. Il donne l'impression d'y déverser une rage mal contenue, façon camion-benne.
La cinquième mise au point, malgré son vocabulaire choisi, révèle un certain désir d'en découdre, au besoin de manière tonique et virile, avec Stéphane Guillon.
Guillon est un lâche, tenaillé par la peur physique de croiser ses cibles sortir du studio de France Inter. En fuyant (...)* le face-à-face que je lui proposais et que plusieurs télévisions ou radios étaient prêtes à organiser il a définitivement confirmé qu’il est plus facile d’étriller une cible seul face à un micro que d’accepter une confrontation exigeante qui l’aurait obligé à improviser un minimum lui qui, visiblement, ne sait que lire laborieusement des textes totalement ficelés.
Et le texte laborieux et mal ficelé du ministre se termine par:
Mais nul ne m’a jamais fait courber l’échine. Et ce n’est pas ce pleutre de Guillon qui va commencer.
Une réminiscence de Cyrano de Bergerac lui aurait-elle fourni le mot "pleutre" ?
A cette insistante proposition de débat, Stéphane Guillon a répondu avec une bouffonnerie profonde:
J'accepte de débattre avec Eric Besson à une condition: que Nicolas Sarkozy débatte avec sa marionnette des Guignols.
Monsieur Besson ne s'était montré que d'une profonde bouffonnerie.
* Je me permets de couper une incise hors de propos, où le politicard revient au galop pour faire allusion à monsieur Peillon... Cela nuit encore plus à l'exigence d'unité de ton déjà bien peu respectée.