vendredi 1 octobre 2010

Ça fait un peu trop... je laisse ?

Ainsi, il semblerait que tout n'était pas si clair que cela dans la mort de Luigi Duquenet lors d'un contrôle de gendarmerie à Thésée-la-Romaine (Loir-et-Cher), le 16 juillet dernier...

En annonçant la mise en examen pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" du gendarme soupçonné de l'avoir tué, lemonde.fr nous rappelle que "sa mort avait entraîné une flambée de violences dans la paisible bourgade de Saint-Aignan".

Laquelle "flambée" avait provoqué l'ire de notre président, qui en avait profité pour lancer sa grande opération sécuritaire estivale. Souvenez-vous des grands airs de Grenoble, sur un livret fourni par monsieur Maxime Tandonnet, penseur décomplexé de l'immigration...

Un ouvrage de notre penseur, datant de 2004,
Il avait déjà tout compris et connaissait les solutions.

Bien sûr, quelques voix se sont élevées pour émettre des doutes sur la version, nette et sans bavure, donnée par la presse. Il faut saluer le travail effectué par Mourad Guichard pour LibéOrléans. C'est lui, notamment, qui a mis en ligne le témoignage de Miguel Duquenet, cousin de Luigi, et conducteur de la voiture le soir du 16 juillet.

Le 22 juillet, Miguel s'est rendu au palais de justice de Blois pour faire enregistrer son témoignage. Il a aussitôt été placé en garde à vue par le juge d'instruction en charge de l'affaire, puis, deux ou trois jours après, mis en examen pour "tentative d'homicide volontaire".

Même si elle était depuis un certain temps prévisible, la mise en examen du gendarme a attendu deux mois de patiente enquête. Son annonce a été accompagnée d'une communication à la presse de son avocat, Me Benoît Chabert, dont rend compte une dépêche de l'AFP. Je ne sais s'il avait revêtu sa robe, mais il en a profité pour roder sa future plaidoirie:

"Il s'est positionné devant la voiture", a expliqué l'avocat, citant son client. "La voiture ralentit et elle fonce sur lui. Il tire deux fois, la voiture le dépasse".

"Premièrement, il sauve sa vie, il agit en état de légitime défense, deuxièmement il applique à la lettre l'article L 2338-3 du code de la Défense qui donne la possibilité de faire usage d'une arme" dans une telle situation, a-t-il ajouté.

L'objectif du double tir était "d'arrêter le véhicule et de sauver sa vie", selon lui.

"Toute sa vie, il aura sur la conscience le poids des conséquences de l'exercice de sa mission", a poursuivi Me Chabert.

En citant ainsi le numéro de l'article du code, il donne l'impression d'en faire un peu trop...

Et il me fait penser à mon boucher: "Y a un peu plus, je laisse ?"

Tout comme me fait penser à un os supplémentaire ajouté au paquet la "révélation" qu'il lance:

Me Chabert a révélé au passage que Luigi Duquenet était "en état d'évasion" au moment des faits, parce qu'il n'avait pas respecté les conditions de son régime de semi-liberté. Ce qu'ignoraient les gendarmes le poursuivant.

La défense des gendarmes en deviendrait-elle plus légitime ?

A moins que...

Monsieur Brice Hortefeux, en visite à Saint-Aignan, le 20 juillet.

A moins que l'on ne songe à réformer drastiquement les régimes de semi-liberté.

Ou à les supprimer.

Pour l'instant, monsieur Brice Hortefeux n'a pas rebondi sur cette révélation. Il s'est contenté d'un communiqué, relayé par l'AFP:

"Je tiens à manifester publiquement mon soutien moral et matériel à ce militaire aujourd'hui dans l'épreuve, à sa famille ainsi qu'à ses 97.000 camarades de la gendarmerie nationale."

97.000 ! Le ministre a le soutien moral généreux...

"Je prends acte de la mise en examen" du gendarme "qui avait dû faire face, en juillet dernier à Saint-Aignan, à une situation extrêmement dangereuse pour sa vie", relève M. Hortefeux.

"Il ne faut pas oublier les faits", poursuit-il en les rappelant : "un jeune homme qui allait retirer de l'argent à un distributeur de billets avait été agressé par deux individus, qui avaient alors foncé sur un premier barrage en renversant un gendarme, avant de forcer un second barrage et de menacer ainsi directement les militaires présents sur les lieux".

"Bien évidemment, le gendarme mis en examen bénéficiera de la protection juridique que l'Etat garantit à ses agents en pareilles circonstances", souligne le ministre.

Ce disant, monsieur Hortefeux ne prend ab-so-lu-ment pas position sur la thèse de la légitime défense...

On a seulement l'impression que lui aussi, il en fait encore un peu trop.

Mais c'est là un de ses moindres défauts.

2 commentaires:

Floréal a dit…

Mouais... bein celui-là:
http://www.ledauphine.com/faits-divers/2010/09/16/matthieu-guillon-n-a-pas-survecu
il n'était pas tellement plus vieux, n'avait rien fait de mal, mais il est mort aussi.
Et ça n'a pas déclenché d'émeute. Z'avez remarqué?
Son assassin,également mis en examen pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" n'était pas flic, effectivement, seulement malfrat multi-récidiviste. Faut peut-etre l'excuser, un pauv'issu de l'immigration stigmatisé...
En tous cas, on n'a pas entendu dire que sa "communauté" avait présenté les moindres condoléances (ça se serait su) à une famille qui a eu la force et la sagesse dans sa douleur d'en appeler au calme et de refuser toute instrumentalisation.

Guy M. a dit…

Vous me gâtez, vraiment, dans le genre grincheux digne, effectivement, du Daubé...

C'est même peut-être un peu trop...

Mais je laisse.