Lorsque vous commencez un livre écrit par quelqu'un qui affirme que "l'écriture est, avec le sexe (et sans doute la cuisine), une des façons les plus excitantes de dire/faire plusieurs choses à la fois"(1), il faut, bien entendu, vous préparer à le déguster avec une certaine gourmandise.
En flânant, fin août, dans quelques librairies, j'avais pu constater, malgré une annonce en bonne place sur le placard publicitaire de l'éditeur, l'absence de ce livre sur les tables où se dessinait déjà, sans surprise, la carte (ou le territoire) des prix littéraires à venir. Après avoir cru qu'il ne sortirait qu'en septembre, j'ai fini par le dénicher dans un de ces astucieux rayonnages aménagés sous les tables présentoirs, où son format imposant l'avait peut-être relégué.
Je ne voudrais pas trop délayer la métaphore, ou le paradigme, érotico-culinaire évoqués plus haut, mais je crois que l'on peut dire que l'on sort de cette lecture, non pas repu, mais comblé, et prêt à recommencer. Avec en tête, ou au bord des lèvres, la question un peu naïve du ravi qui crèche en chacun: "Mais comment tu fais ça ?"
Mon exemplaire de CosmoZ (2) est tout hérissé de signets - j'y ai épuisé ma riche collection - qui marquent mes chocs esthétiques, transports, extases et ravissements, et de bouts de papier plus ou moins adhésifs où j'ai noté ce qu'il me semblait retrouver du "comment". Mais je suis bien incapable de les utiliser pour vous concocter une fiche critique présentable.
Je préfère vous conseiller d'aller lire les premières pages de CosmoZ que l'éditeur, Actes Sud, a eu la bonne idée de mettre en ligne.
Et que cette entrée en matière vous ait mis en appétit ou pas, je vous conseillerai également de vous procurer le dernier numéro du Matricule des Anges, l'excellent "mensuel de la littérature contemporaine", qui consacre un copieux dossier à notre auteur et à son dernier bouquin. Vous y trouverez un portrait, plutôt biographique, mais pas que, de Claro et un bel entretien, bien riche et bien dense, avec lui, accompagnés d'un article de Thierry Guichard, dont voici le titre, le chapeau et l'incipit:
En chair et en Oz
Inversant le processus féérique du Magicien d'Oz qui envoie une gamine du Kansas dans le fabuleux pays des Munchkin, Claro téléporte les personnages du conte de Frank Baum vers le monde réel. Une manière ébouriffante d'envisager la première moitié du XXe siècle.
Au visage du premier enfileur de perles qui persistera à dire que la littérature française (malgré Senges, Audeguy, Rolin, Deville et tant d'autres) est anémiée autour du nombril de ses auteurs, vous pourrez lancer les cinq cents pages de CosmoZ. Si ça ne l'assomme pas, ça fera de lui un mai. Car, au risque de paraître péremptoire, disons-le tout de go: CosmoZ est une œuvre magistrale dont on souhaite que chacun la rencontre. (...)
Enfin, une dernière façon d'approcher Claro, avant de le lire, évidemment, est d'aller se promener sur son blogue, Le Clavier Cannibale, "clavier bi-moteur" qui fonctionne à plein régime ces temps-ci. On y verra que notre écrivain est aussi un grand lecteur.
Qui n'aime guère la daube.
(1) Claro, dans un entretien avec Th. Guichard, paru dans le numéro 116 (septembre 2010) du Matricule des Anges.
(2) CosmoZ, roman de Claro, éditions Actes Sud, 2010. (Ça y est, c'est dit.)
PS:Quelques rencontres...
Claro sera le mercredi 15 septembre, de 13h à 14h30, à l'auditorium du Petit Palais, où la Maison des écrivains et de la littérature organise ses "mercredis littéraires". On pourra assister/participer à une rencontre entre Claro et Alain Nicolas, critique littéraire à L’Humanité.
Le vendredi 17 septembre, avec le musicien Olivier Mellano, il donnera un concert-lecture au festival "Poésie dans les chais", à Jurançon, dans les Pyrénées-Atlantiques.
Et le 20 septembre, à 18h 30, la librairie Kléber (1, rue des Francs Bourgeois, à Strasbourg), organisera une rencontre croisée entre Claro et Mathias Enard.
2 commentaires:
Ah super, j'avais justement un cadeau à faire, mais un truc de qualité... J'imagine que je vais finir par me l'offrir aussi. Merci, une fois de plus!
Pas de doute, c'est un très beau cadeau.
Enregistrer un commentaire