mercredi 22 septembre 2010

Histoire à dormir debout

L’histoire du monde
est à dormir debout.

Et pourtant elle est vraie.


Alexandre Romanès

L'histoire de la vie d'Alexandre Romanès n'est pas un conte de fées à dormir debout. Erratique, tumultueuse, elle est riche de rencontres, de poésie, d'amitié et d'amour. Et l'on dirait qu'une bonne partie, ces dernières années, a été rêvée les yeux ouverts.

En 1994, Alexandre, né Bouglione (c'est là son "nom de jeune fille", dit-il), a fondé avec sa femme Délia, chanteuse rencontrée dans le camp tsigane de Nanterre, le cirque Romanès:

J'ai acheté un morceau de toile, un vieux camion, quelques caravanes, Délia m'a suivi, nous avons fait quelques enfants et nous avons pris la route, quelques gitans dans une piste, Délia au chant entourée d'un violon, une contrebasse, un accordéon.

Alexandre s'étonne du succès rencontré "avec un spectacle aussi simple, aussi dépouillé", mais c'est ainsi, et le public attend les retours de Romanès-Cirque Tzigane, notamment vers la Porte Champerret, à Paris, pour l'applaudir à nouveau.

Toute la troupe a été invitée par le Pavillon France à l'exposition universelle de Shanghai et le cirque s'est produit dans le cadre de la Semaine Française du 14 au 21 juin.

Alain Delon était le parrain du Pavillon,
et Léon le chaton, la mascotte.
(NB: Ceci est la photo de Léon, et non celle d'Alain Delon.)


Si, à l'exposition universelle de Shanghai, Délia et Alexandre Romanès étaient suffisamment français pour ne pas déshonorer le Pavillon Français, ils se sont retrouvés, de retour à Paris, un peu trop tsiganes...

Louis Morice, dans un article de NouvelObs-point-com, donne un bon résumé des tracasseries qui leur ont été réservées, la principale étant l'annulation des autorisations de travail des musiciens roumains de la troupe:

La direction du cirque avait déposé dans les règles les demandes de permis de travail pour ses musiciens roumains. Comme c'est le cas pour chaque spectacle depuis des années, elles ont tout d'abord été acceptées, "en bonne et due forme", tient à préciser Alexandre Romanes. C'est en rentrant de Chine que la troupe a appris que ces autorisations de travail avaient finalement été annulées.

Personne ne peut imaginer le cirque Romanès privé de ses musiciens... Son existence se trouve donc gravement menacée.

La fin de l'article fait bien comprendre qu'il n'y a pas grand chose à attendre de la part des institutionnels de la culture:

Alexandre Romanes a rencontré lundi soir, Christophe Girard, l'adjoint au Maire de Paris chargé de la Culture, qui a déclaré "s'intéresser au plus près" de la situation du cirque.

Interrogé par Nouvelobs.com, Christophe Girard a annoncé qu'il allait envoyer une lettre au directeur général du travail, Jean-Denis Combrexelle, pour lui demander "son aide, son humanité, son indulgence". Christophe Girard souligne "le contexte particulier" de ces suspensions d'autorisations de travail. "L'ordre est partout, il ne peut pas y avoir de différence", remarque-t-il. "J'ai présenté certains membres du cirque à Frédéric Mitterrand. Il est sensible à leur cas, mais doit obéissance au gouvernement". Au ministère de la Culture, on se contente d'indiquer que les cas des artistes roumains relèvent du ministère du Travail.

On sera au moins heureux d'apprendre qu'un ministre ne fait pas partie d'un gouvernement mais lui "doit obéissance"...

Reste aux amis du cirque Romanès la possibilité de participer à la soirée de soutien qui est prévue le 4 octobre, à 19h 30.

(Le chapiteau est installé au niveau des numéros 42-44 du boulevard de Reims, à l'angle de la rue de Courcelles, métro Porte de Champerret.)

Et de signer la pétition de soutien qui a été mise en ligne.

On clique, on signe.


Ma fille Rose,
en regardant par-dessus mon épaule:
Regarde papa, le ciel est partout!

Alexandre Romanès

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