Cela faisait une bonne éternité que je n'étais venu à Saint-Benoît-sur-Loire, et j'ai pu constater, au cours de ma visite, que cette éternité avait assez peu pesé sur les épaules trapues de l'Abbaye de Fleury.
En prenant mon temps pour m'imprégner, à tout hasard, de l'esprit des lieux, j'ai parcouru les allées en long et en travers, pour terminer devant la petite chapelle latérale où, durant son séjour ici, se tenait en oraison, et quasiment en apesanteur, Max Jacob. Une inscription, à même le sol, indique l'endroit:
ICI PRIAIT LE POÈTE
MAX JACOB
1921 ~ 1944
MAGNIFICAT
MAX JACOB
1921 ~ 1944
MAGNIFICAT
Je suis resté un peu perplexe devant cet exclamatif "Magnificat", tandis que me revenait en mémoire le cantique français correspondant: "Le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est Son Nom"... Je me suis demandé si, au nombre des merveilles que le Seigneur fit pour Max Jacob, il fallait compter son arrestation par la Gestapo d'Orléans le 24 février 1944 - il est mort d'épuisement au camp de Drancy le 5 mars 1944.
Une rémanence de l'esprit malicieux du poète a dû m'inciter à regarder, à proximité du lieu de prière magnifié, une porte close, sur laquelle j'ai pu lire cet utile avertissement en forme de pirouette, comme les aimait ce merveilleux bouffon mystique:
SANS
ISSUE
ISSUE
A la librairie, au milieu de tout un bric-à-brac d'artisanat "monastique", on peut trouver quelques livres de Max Jacob, qui sont remplis de petites merveilles ciselées pour l'éternité...
PS: Autres petites merveilles en vente à cette boutique, les "boîtes à pilules" fabriquées par des moniales, et plutôt ciselées dans le style saint-sulpicien post-Vatican II, si vous voyez... Je n'ai pas osé demander à la tenancière de l'établissement si elles étaient destinées à ces fameuses "pilules" dont le Vatican réprouve l'usage pour déjouer les ruses du pigeon de l'Annonciation...
Magnificat ?
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