samedi 25 octobre 2008

Toutes les larmes du monde

« Je sais que vous croyez comprendre ce que vous pensez que j'ai dit, mais je ne suis pas sûr que vous réalisiez que ce que vous avez entendu n'est pas ce que je pense. »
Alan Greenspan, cité dans Le nouvel Observateur, n° 1892 du 8 au 14 février 2001, p. 70





Certain(e)s de mes ami(e)s m'ont confié ne plus lire ce blogue depuis longtemps, parce qu'il était trop déprimant pour eux (ou elles). "Ton blogue, là, t'vois, c'est toute la misère du monde".

Vous m'en voyez moi-même fort déprimé... ou du moins, fort affecté.

Mais pas au point de manquer de tenue. A ceux ou celles qui m'ont demandé à quoi cela pouvait bien servir tout ça, je n'ai pas demandé en retour: "Et toi, tu sers à quoi?"


Encore un truc qui ne sert à rien:
Lithographie d'Antoni Tápies

Je continuerai donc à accueillir ici tous les désarrois du monde dont j'aurai connaissance. Ou presque.

Ainsi, mon petit cœur compatissant est actuellement tout plein de la peine affichée tout récemment par monsieur Alan Greenspan.

Monsieur Alan Greenspan est l'ancien président du conseil de la Federal Reserve Bank of the United States, la Banque centrale des États-Unis. Son mandat a pris fin le 31 Janvier 2007, après un règne de dix-neuf ans. Vous voyez que ce n'est pas n'importe qui. Pour le mieux connaître, vous pouvez consulter en ligne la retranscription de l'entrevue qu'il a accordée à Pierre-Yves Dugua, du Figaro, sous le titre: Alan Greenspan: ''Il faut pouvoir licencier sans coûts élevés''. Vous pourrez y découvrir les bons conseils qu'il croit utile de prodiguer avec prodigalité à la France...

Et de fines remarques destinées aux vieux saxophonistes:

Question: Avez-vous gardé des contacts avec le monde du jazz dans lequel vous avez vécu dans votre jeunesse? Jouez-vous encore?

Réponse: Non, je n’ai pas le temps de faire de la musique. Je joue encore un peu de piano, à l’oreille. Les muscles des lèvres faiblissent dès qu’un saxophoniste ou un clarinettiste cesse de jouer.

Vous verrez, Alan est un "jolly good fellow".

Alan Greenspan et Gordon Brown
amusant leurs petits camarades lors d'un goûter
à la N.Y. University

C'est évidemment dans le domaine financier que les talents de monsieur Greenspan se sont épanouis. Ardent partisan de la dérégulation des marchés financiers, il a professé toute sa vie une confiance inébranlable dans le Marché.

En juillet 2007, débuts de la crise aux Zétats, beaucoup de regards se sont tournés vers lui, des critiques se sont fait entendre...

Selon mes sources, sa vie fut menacée...

Tentative d'assassinat au lacet
perpétrée par un terroriste
dont la tête me dit quelque chose


Les derniers développements de ladite crise ont profondément affecté monsieur Greenspan... peut-être même déprimé.

En tout cas, selon les titres de nos journaux, il serait quasiment en "état de choc".

On peut trouver dans le blogue "Les cordons de la Bourse" tenu par Nicolas Cori, journaliste à Libération, les propos tenus par ce cher Alan jeudi dernier:

"J'ai fait une erreur en comptant sur l'intérêt privé des organisations, principalement des banquiers, pour protéger leurs actionnaires."

"Ceux d'entre nous qui comptaient sur l'intérêt des établissements de crédit pour protéger les actionnaires (en particulier moi-même) sont dans un état de choc et d'incrédulité".

"J'ai trouvé une faille dans l'idéologie capitaliste. Je ne sais pas à quel point elle est significative ou durable, mais cela m'a plongé dans un grand désarroi."


"La raison pour laquelle j'ai été choqué, c'est que l'idéologie du libre marché a fonctionné pendant 40 ans, et même exceptionnellement bien".


"Le modèle de gestion des risques tenait depuis des décennies. Mais l'ensemble de cet édifice intellectuel s'est effondré l'été dernier."


C'est poignant!

Pov'ti père, l'en a gros sur la patate

Les pleurnicheries de monsieur Alan Greenspan ne me consolent pas beaucoup, à vrai dire.

Si le capitalisme était soluble dans les larmes, il y a longtemps qu'il serait réduit à un misérable petit tas de sels toxiques

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi je lis encore.
Et je t'aime bien aussi avec le sourire.
Bonne suite !

Guy M. a dit…

Merci, ça me rassure d'être lu par un spécialiste du mélange des genres, de l'aigre-doux et du degré second...

Anonyme a dit…

Moi aussi, je viens tous les jours ! Et parfois même plusieurs fois, si, si…

Guy M. a dit…

Merci, merci...

Un blogue, même déprimant, crée d'autres liens, révèle d'autres affinités, et c'est tant mieux.

Anonyme a dit…

Visiblement, se retrouvent ici des gens que les nouvelles "déprimantes" (oui, parce que ce n'est pas ton blog qui est déprimant, mais l'actualité) mettent plus en colère qu'elles ne les abattent. Et comme tu dis, "c'est tant mieux".

Bises et bon dimanche

PS : pas sûr que ce soit bien utile de le préciser, mais moi aussi je viens tous les jours :-) Et, particulièrement aujourd'hui, les légendes des photos m'ont bien fait marrer !

Guy M. a dit…

Bon, mes trois lecteurs-trices sont passé-e-s, on peut donc fermer la boutique et attaquer le billet du dimanche...

PS: oui les photos sont bien, quel acteur! ce Greenspan. A côté de lui, W. Allen, c'est de la roupie de sansonnet, comme disait ma grand mère.

Anonyme a dit…

moi je ne suis pas blogueuse,
mais j'aime passer de temps en temps, ici, chez Flo, ou JR ou d'autres que vous me faites connaitre...
je passe en douce,souvent sans laisser de trace... je pleure parfois, je m'interroge, je m'instruis, je nourris mes colères et mes indignations, je me sens moins seule, je me régale d'un "tapies" ou d'un hérisson, d'une formule assassine,
bref, merci d'être là!

Guy M. a dit…

Merci de venir, Marie, mais ne pleurez pas trop... à moins que cela ne nourrisse vos colères.

Et n'hésitez pas à laisser un petit mot de temps en temps.

Anonyme a dit…

Déprimant ? Moi, il m'a bien fait marrer, ce billet. :-)

Pour le reste… il y aura toujours des gens qui préféreront l'actu pseudo heureuse de JP Pernault à la triste réalité des choses. Moi, je dis : heureusement que tu es là.

Guy M. a dit…

Bon, puisque j'y suis, j'y reste...

Pour moi, rogne et grogne sont d'excellents antidépresseurs.