Quand, après le décès par pendaison d'un gamin de seize ans, une Garde des Sceaux en visite met en avant l'évolution des statistiques dont elle aimerait se vanter, on peut se demander dans quel monde vit cette adulte responsable.
Pas le mien, assurément.
Où suis-je ?
Une phrase, ou plutôt une expression, saisie au vol et au volant de ma quatrelle de compétition, hier midi, avait attiré mon attention flottante (je dors souvent en conduisant).
Peu reprise par les commentaires, je l'ai retrouvée sur le montage vidéo d'infos télé que donne LePost.fr.
"Il y a des simulacres de suicides, c'est comme ça que les médecins (les) ont qualifiés tout à l'heure."
Simulacre ?
Vraiment ?
Seulement voilà, après les déclarations de Jean-François Krill, délégué de l'Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP) à la maison d'arrêt de Metz-Queuleu, présentant le suicide réel de Nabil L. comme un jeu poussé un peu trop loin ("Il a été encouragé par la coursive et ça a mal tourné"), on trouve que cela fait un peu beaucoup...
Je ne mets pas en doute la parole de madame Dati: un médecin psychiatre peut utiliser la notion de simulacre pour décrire certains mouvements psychiques et certains actes consécutifs... y compris le suicide. Et il n'est pas toujours aisé de saisir où veut en venir un médecin psychiatre.
Réveillé dans ma quatrelle, j'ai erré d'une station de radio à l'autre au gré d'un errdéhesse défaillant, et j'ai entendu un certain nombres d'experts consultés faire des variations autour du suicide des adolescents, parlant doctement de "mise en jeu", "prise de risques", etc... etc...
J'ai même entendu l'un d'entre eux parler de "grande souffrance", mais c'était juste à la fin de son intervention... Je crois que cet expert radioproclamé avait un jour rencontré des patients réels.
Comme madame Dati, tous les autres déployaient leurs bavardages au dessus d'un cadavre réel comme s'il n'avait été qu'un simulacre.
Vivre dans le monde des simulacres, c'est vrai, ça ne doit pas aider à comprendre la souffrance d'un adolescent flanqué en prison...
PS: Avant de voir apparaître la grille d'évaluation des risques suicidaires promise par madame Dati lors de sa visite à Metz-Queuleu, nous pouvons tester en direct la grille d'interprétation syndicale. Après une nouvelle tentative de suicide d'un mineur de seize ans à la prison de Strasbourg-Elsau, on peut lire (LePoint.fr):
Selon Rémi Pierron, secrétaire général adjoint de l'Ufap d'Alsace-Lorraine, le transfert de l'adolescent, considéré comme un perturbateur à Metz, n'était pas forcément consécutif à la mort du premier à la prison de Metz-Queuleu lundi. Le syndicaliste a cependant ajouté que les deux jeunes "ne pouvaient pas ne pas se connaître" du fait que le quartier spécial pour mineurs compte un maximum de 15 jeunes. Selon Rémi Pierron, qui rappelle que la loi impose un encellulement individuel pour les moins de 21 ans, "il faisait partie de ces jeunes qui pratiquent ce jeu des pendaisons dans le but d'obtenir quelque chose, comme par exemple une cellule à deux". "On voit que leur propre vie n'a pas d'importance (...), il s'agit pour eux de défier l'adulte en nous bousculant dans nos règles de fonctionnement."
Peu reprise par les commentaires, je l'ai retrouvée sur le montage vidéo d'infos télé que donne LePost.fr.
"Il y a des simulacres de suicides, c'est comme ça que les médecins (les) ont qualifiés tout à l'heure."
Simulacre ?
Vraiment ?
Seulement voilà, après les déclarations de Jean-François Krill, délégué de l'Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP) à la maison d'arrêt de Metz-Queuleu, présentant le suicide réel de Nabil L. comme un jeu poussé un peu trop loin ("Il a été encouragé par la coursive et ça a mal tourné"), on trouve que cela fait un peu beaucoup...
Je ne mets pas en doute la parole de madame Dati: un médecin psychiatre peut utiliser la notion de simulacre pour décrire certains mouvements psychiques et certains actes consécutifs... y compris le suicide. Et il n'est pas toujours aisé de saisir où veut en venir un médecin psychiatre.
Réveillé dans ma quatrelle, j'ai erré d'une station de radio à l'autre au gré d'un errdéhesse défaillant, et j'ai entendu un certain nombres d'experts consultés faire des variations autour du suicide des adolescents, parlant doctement de "mise en jeu", "prise de risques", etc... etc...
J'ai même entendu l'un d'entre eux parler de "grande souffrance", mais c'était juste à la fin de son intervention... Je crois que cet expert radioproclamé avait un jour rencontré des patients réels.
Comme madame Dati, tous les autres déployaient leurs bavardages au dessus d'un cadavre réel comme s'il n'avait été qu'un simulacre.
Ceci est un simulacre.
Trompe l'œil au Moulin de Fourges,
près de chez moi.
Photo d'Ariane.
Trompe l'œil au Moulin de Fourges,
près de chez moi.
Photo d'Ariane.
Vivre dans le monde des simulacres, c'est vrai, ça ne doit pas aider à comprendre la souffrance d'un adolescent flanqué en prison...
PS: Avant de voir apparaître la grille d'évaluation des risques suicidaires promise par madame Dati lors de sa visite à Metz-Queuleu, nous pouvons tester en direct la grille d'interprétation syndicale. Après une nouvelle tentative de suicide d'un mineur de seize ans à la prison de Strasbourg-Elsau, on peut lire (LePoint.fr):
Selon Rémi Pierron, secrétaire général adjoint de l'Ufap d'Alsace-Lorraine, le transfert de l'adolescent, considéré comme un perturbateur à Metz, n'était pas forcément consécutif à la mort du premier à la prison de Metz-Queuleu lundi. Le syndicaliste a cependant ajouté que les deux jeunes "ne pouvaient pas ne pas se connaître" du fait que le quartier spécial pour mineurs compte un maximum de 15 jeunes. Selon Rémi Pierron, qui rappelle que la loi impose un encellulement individuel pour les moins de 21 ans, "il faisait partie de ces jeunes qui pratiquent ce jeu des pendaisons dans le but d'obtenir quelque chose, comme par exemple une cellule à deux". "On voit que leur propre vie n'a pas d'importance (...), il s'agit pour eux de défier l'adulte en nous bousculant dans nos règles de fonctionnement."
5 commentaires:
J'adore le " il s'agit pour eux de défier l'adulte en nous bousculant dans nos règles de fonctionnement."
Ben oui… C'est juste pour énerver un peu plus les adultes que ces ados s'écrasent la glotte… Il suffisait d'y penser.
(Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens de plus en plus enragé et extrémiste. Ça ne te fait pas ça ?)
Ces interprétations simplistes sont reprises partout, à se demander s'il y a encore une intelligence branchée dans la salle...
Enragé ? Sans doute une rage très consciente, très froide, qui se réveille (étonnant, non?)
C'est pas tellement qu'on devienne extrémistes. C'est plutôt que les valeurs qu'on porte si haut, parfois même en bandoulière, passent maintenant pour obsolètes (au mieux), ou carrément déconnectées des "réalités" que des gens comme Dati prétendent connaître (au pire).
Finalement, le seul fait de ne pas verser dans une sorte de sarkozysme de gauche suffit à nous faire étiqueter "extrémiste". (Pour moi, c'est ce qui me met le plus les nerfs...)
Bises à vous deux !
PS : et pardon pour les phrases un peu emberlificottées ; j'me réveille à peine, là...
Quand je lis des trucs comme ça, je me demande comment on va "rebrancher l'intelligence".
On va très très très loin dans quelque chose de grillagé et je me demande bien comment va se dérouler le chemin inverse.
Par quelles péripéties va-t-on devoir passer pour s'extirper de cette impasse?
@ Flo Py,
Je me demande si toute valeur affirmée n'a pas quelque chose d'extrême pour ceux qui ne la reconnaissent pas, ou qui la nient... Tant pis.
@ Porteporte,
Vu l'état de la pensée critique en tout domaine, du moins en France, on peut s'inquiéter... mais pas désespérer.
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