mardi 7 octobre 2008

Pas de crise pour l'Identité Nationale



Même un sourd aussi sourd que moi peut entendre le vacarme épouvantable que fait la grande éolienne libérale à produire des richesses, qui devait s'orienter au gré du Marché, comme guidée "par une main invisible", et qui semble un peu s'affoler.

Eolienne champenoise endimanchée.

Puisque la sagesse populaire se reproche parfois, dans un sursaut de lucidité, de ne s'intéresser qu'aux trains qui arrivent en retard ou qui déraillent, je vais tenter de faire un effort d'objectivité teintée d'optimisme en parlant d'une machine qui fonctionne très très bien.

C'est la machine à broyer des vies de monsieur Hortefeux. Une vraie petite entreprise qui ne connait pas la crise, qui fait preuve d'un dynamisme bien réjouissant en cette période de morosité (voire de panique) et dont vous pouvez admirer les produits dans ces pages (où l'on ne mégote pas pour leur faire de la pub gratis) ou dans les pages du site de RESF.

Pour le début de l'année 2008, les résultats sont excellents et seule la légendaire modestie de monsieur Hortefeux explique que Libération, le journal des gagneurs, n'en ait pas fait un numéro spécial, lui confiant la rédaction en chef d'un jour...

Enfin, je dis ça, ils l'ont peut-être fait: ils sont capables de tout...

Vous vous souvenez que le modeste objectif du ministère de l'Identité Nationale (excusez, j'abrège) était fixé pour l'année 2008 à 26000 reconduites à la frontière (c'est le produit générique de l'entreprise). Or, au 30 juin 2008, nous en sommes à 17210.

Champagne!

N'importe quel polytechnicien abruti vous fera une règle de trois. Comme vous n'êtes ni l'un(e) ni l'autre, vous multipliez par deux et vous obtenez un dépassement des prévisions d'environ 8000 unités.

C'est pas chez Renault qu'on obtient ça.

Une quatrelle, qui n'a rien compris, en bondit de joie

Par ailleurs, la vitalité de notre entreprise est bien marquée par sa volonté d'ouverture à la concurrence.

Non en ce qui concerne les expulsions elles-mêmes... De ce côté on observe un indéfectible et fort louable attachement au service public.

Mais en ce qui concerne la "mission pour l’information, en vue de l’exercice de leurs droits, des étrangers maintenus dans les centres de rétention administrative".

En fait, on comprend mieux si l'on dit qu'il s'agit de la mission que remplissait, jusqu'à présent, la Cimade. De manière "remarquable", mais sans doute un peu trop critique.

On sait que l'appel d'offre lancé par le ministère place la Cimade dans l'embarras, en décrétant obliquement une véritable "omerta sur les clandestins" pour reprendre le titre de l'article de madame Eva Joly, dans le Monde.

Une assemblée générale extraordinaire de la Cimade s'est tenue samedi dernier et été suivie du communiqué suivant:

La Cimade est déterminée à poursuivre son action de défense des étrangers placés en rétention, mais elle refuse le morcellement de la mission en lots éclatés attribués à des prestataires de service.

Réunie en Assemblée générale extraordinaire le samedi 4 octobre, la Cimade a réitéré sa volonté de poursuivre son action au service des migrants.

L'Assemblée générale a donné mandat au Conseil de rechercher avec des associations et organisations non gouvernementales, les conditions permettant la mise en œuvre d'une mission nationale cohérente assumée conjointement.

En conséquence, la Cimade demande au ministre de l'Immigration de modifier le dispositif prévu par le décret et l'appel d'offres publiés fin août.

Ce communiqué doit être complété par la lecture d'un court entretien de Laetitia Van Eeckhout avec Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade, qui précise les positions de l'association.

A supposer que votre opinion se démarque quelque peu de celle de monsieur Hortefeux (ce que je vous souhaite, en toute amitié), vous pouvez exprimer votre désaccord de manière minimale en signant la pétition

Les droits des étrangers
ne peuvent se réduire
à un marché!!!

que vous trouverez en cliquant sur la signature ci-dessous:

Exemple de signature toute simple

Tout en reconnaissant, chapeau bas, l'accroissement des activités de la petite entreprise de monsieur Hortefeux, on peut se demander sérieusement si ces activités sont bien créatrices de richesse.

C'est la question que soulève le très sérieux JBB, alias le Charançon Libéré, dans son billet "Quand la rationalité économique suffit à disqualifier la politique d'expulsion".

Comme son billet est parfait, je ne vois pas pourquoi je vous retarderais: allez le lire.


PS:

Puisque je dis du mal de JBB, j'en profite pour signaler que les gensses d'Article XI m'escagassent de plus en plus: voilà-t-il pas que, outre ses billets habituels qu'il faut lire avec attention, le Charançon nous balance un entretien avec Erri de Luca, tandis que ses compères dans l'aventure ne chôment pas non plus (par exemple, Lémi qui nous révèle la lettre de rupture de Jaurès avec Ségolène, s'entretient avec Eric Chevillard et rend hommage au bon vieux Bartleby).

Et je cite des exemples au hasard.

Ils en feraient un peu trop, que ça ne m'étonnerait pas...


4 commentaires:

Anonyme a dit…

On serait en train de s'auto-linker à tour de rôle que ça ne m'étonnerait pas plus que ça… Il faut qu'on fasse attention : si on continue comme ça, on va se réveiller left-blogueurs un de ces quatre matins. l'horreur…

Plus sérieusement… Par mon entremise, c'est tout Article11 qui te remercie. :-)

Guy M. a dit…

Pas de quoi!

Je me suis soudain rendu compte que ça en faisait de la lecture l'Article XI, et de la bonne... alors j'ai sauté sur l'occase.

Mais maintenant, c'est fini!

Anonyme a dit…

Tiens, la chanson de Bashung n'a pas pris une ride... Le monde si...

Guy M. a dit…

Des rides et des crevasses qui vont s'élargissant...