Depuis que l'on sait que "le Stradivarius n'a (presque) plus de secrets", on peut y aller gaîment: pisser dans un violon n'est plus un luxe et se trouve maintenant à la portée de toutes les vessies, même en forme de lanternes.
(Fontaine, 1917)
On peut, à titre d'exemple, rappeler à monsieur Eric Besson, les propos, en forme de promesse ou d'engagement, qu'il a tenus il y a quelques semaines...
Cela s'appelle, vu l'éminente position du monsieur, "pisser dans un Stradivarius".
Inutile, donc, de lui rappeler, comme le fait le Monde, la déclaration dont il nous gratifia après la réussite de son charter vers l'Afghanistan, dans la nuit du 21 au 22 octobre:
Devant la polémique suscitée par ce renvoi, Eric Besson avait annoncé le 25 octobre que, "si la situation continue à se dégrader (en Afghanistan), il n'y aura pas d'autres retours dans les jours qui viennent".
Nous aurions sans doute droit à une savante exégèse de l'expression "dans les jours qui viennent", agrémentée d'une incontournable statistique montrant de manière irréfutable que la situation de l'Afghanistan s'est beaucoup améliorée ces dernières heures.
Pour l'instant, Le Monde assure qu'hier, le ministre des Expulsions ne souhaitait faire "aucun commentaire"sur l'annonce, pour le 15 décembre, d'un "vol groupé" en direction de Kaboul, dans lequel pourraient figurer onze réfugiés actuellement retenus aux centres de Coquelles et de Lille.
Selon la Cimade, la police leur aurait notifié leur expulsion au matin du 12 décembre.
Ce même communiqué apporte quelques lumières sur les méthodes utilisées avec les retenus de Coquelles:
Trompés par les déclarations ministérielles, trompés par plusieurs de leurs interlocuteurs - dont un juge qui leur indique "qu'ils n'ont rien à craindre" - , persuadés qu'ils seront libérés dans quelques jours, les exilés Afghans retenus à Coquelles, malgré leur crainte d'un retour, estiment inutile d'entreprendre une quelconque procédure pour s'opposer à ces renvois.
Et l'article de Laetitia Van Eeckhout, indique jusqu'à quels arrangements avec les principes du droit international on envisage d'arriver:
Selon Damien Nantes, de la Cimade, dans la requête qu'elle a adressé au juge de la détention et des libertés pour demander la prolongation de la rétention de ces exilés, "la préfecture a indiqué que les autorités afghanes avaient refusé de leur délivrer un laisser passer consulaire, mais que le ministère de l'immigration français devait leur établir un laisser passer européen". Cette procédure est considérée comme "une violation du droit international" par Jean-Pierre Alaux, du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti). "Un Etat cherchant à expulser une personne ne peut établir lui-même un laisser passer. Le droit international exige que soit établi un laisser passer consulaire par le pays vers lequel est renvoyée la personne".
Face à cela, une fois de plus, des militants obstinés se sont retrouvés, hier soir, à Coquelles, pour une première mobilisation.
Relayé notamment par sur le réseau des Jungles, cet appel à protester a rassemblé des militants de SALAM, de Flandre Terre Solidaire, de la Belle Etoile, de la LDH de Dunkerque, de No Border ainsi que des élus apolitiques de la ville de Lens.
Une prise de parole a été mise en place afin d'expliquer l'objectif du rassemblement. Au cours de celle-ci les militants ont dû faire face à une véritable provocation verbale organisée par les policiers qui ont largement outrepassé leur devoir de réserve, mais les militants ne sont pas tombés dans le piège. L'absence des élus calaisiens a été déplorée.
Peu après les manifestants se sont dirigés vers l'arrière du CRA afin de s'approcher des cellules et ainsi exprimer par des slogans leur soutien aux détenus. Les policiers ont bloqué l'accès à cet espace public sans aucune raison, certains d'entre eux s'étant d'ailleurs montrés assez proches de l'énervement...
Une seconde mobilisation doit avoir lieu ce lundi.
Et demain.
4 commentaires:
Ils partaient ce soir, normalement. J'écris "normalement", mais je ne devrais pas, tant il n'est rien de normal dans ces charters organisés vers le sang et les larmes. Si ce qu'on appelle République n'était tombé si bas, ce serait une excellente raison de dénoncer la forfaiture de ce mot.
Etrange normalité des choses...
Ce matin, aucune précision supplémentaire: la République est muette.
Pas muette : elle est morte.
Requiescat in pace, mon fils...
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