vendredi 21 mai 2010

Un peu de musique pour Wallace Berman

Quand il est mort, après avoir été renversé par un chauffard qui avait dû écluser un apéro géant à lui tout seul, Wallace Berman (1926-1976) n'avait toujours pas donné de titre à cet étrange objet cinématographique qu'il désignait par "my film" ou par "my movie".

C'est Tosh Berman, le fils de Wallace, qui a donné un titre, Aleph, à ces huit minutes de montage syncopé sur lesquelles son père a travaillé entre 1956 et 1966.

Je me demande si chacun de nous ne porte pas en lui le scénario d'un tel film... Mais Berman a été un des rares artistes à le mettre en images, et cela donne ceci:




(Vidéo empruntée au site Dangerous Minds, qui donne le lien vers Ubuweb. On peut aussi trouver Aleph sur YouTube.)

C'est sur ces images que John Zorn, Trevor Dunn et Joey Baron, ont inventé d'improviser lors d'un concert donné dans les marges de l'exposition Radical Jewish Culture Scène musicale New York, au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme.

Après avoir vu le film, vous pouvez imaginer ce que cela a pu donner...

Quelque chose comme ça...
Wallace Berman, Untitled Music, 1974.


Je n'en dirai donc pas plus sur ce moment auquel monsieur Jack Lang nous fit l'honneur d'assister.

Seule, la triste statue du capitaine Dreyfus, œuvrée par Louis Mitelberg, plus connu pour ses tristes dessins satiriques, qu'il signait "TIM", est restée tristement dans le coin de la cour où on l'avait remisée, en attendant que tout le monde s'en aille...

Rompez !
(La statue à sa place habituelle.)


PS: Malgré la présence de son nom dans la liste des artistes exposés en 2006 au Centre Pompidou pour le grand spectacle Los Angeles 1955-1985, Wallace Berman est bien peu connu en France.

Pourtant son rôle et son influence dans l'épanouissement artistique (ou contre-artistique) de la côte ouest étazunienne, dans les années 1950-1960, sont reconnus. Mais on nous le présente surtout, sur un mode assez peu critique, comme une "figure légendaire du mouvement Beat en Californie", un "gourou de la scène contre-culturelle californienne", et l'on cite ce jugement cavalièrement facile de Dennis Hopper:

«Il a marqué et influencé tous ceux qui étaient sérieusement impliqués dans le monde de l’art à Los Angeles dans les années 1950. S’il y a eu un gourou, c’était lui – le grand prêtre, le saint, le rabbin.»

(A la même époque, moi, j'étais le pape !)

On aime aussi nous parler de la grande impression qu'il fit, en 1963, sur Andy Warhol, sans interroger le rapport entre l'artiste "assembleur" de rebuts et de déchets et le célèbre marchand de soupe culturelle...

Et, le fin du fin consiste à le retrouver parmi les membres du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band !



Au début de l'année 2009, la galerie Frank Elbaz a présenté une exposition sur une partie de son œuvre, les Verifax Collages et les Shuffles, dont on pourra consulter le dossier sur le site de la galerie.

C'était un bon moyen de sortir des lieux communs contre-culturels et des anecdotes... mais ce n'était qu'un début.

Pour une rétrospective, on n'aurait pas besoin du Grand Palais...

Photo légendée: "Wallace Berman with his gallery",
postée sur la page Flickr de Camden Arts Centre.

Aucun commentaire: