C'est une tradition récente.
Ce n'est pas pour cela qu'elle n'est pas honorable... Elle prouve simplement qu'il y a des gens capables de tenir, et comme on dit en Normandie: "quand ils ont quéqu'chose dans la clogne, l'ont pas aut'part."
Depuis le mois d'octobre 2006, chaque deuxième mardi du mois, à 18h 30, au métro Belleville, se tient un rassemblement de gens qui ont des papiers ou pas et qui disent simplement mais fermement "non" à la politique actuelle de "gestion des flux migratoires", autrement dit à la politique des rafles, des arrestations, des rétentions et des expulsions.
Etranges personnes pour lesquelles le pari sur la fraternité est une évidence.
EVIDENCES
Quand un fonctionnaire, dans une mairie, dénonce un sans-papiers, et qu’on le met en cause, il répond en disant qu’il fait son travail. Même réponse de la part de policiers dans un commissariat, un aéroport, ou dans la rue lors d’une rafle. C’est comme ça, dit sur le ton de l’évidence.Pourtant, quand un maire d’arrondissement est interrogé par des journalistes sur la dite dénonciation, que le ministre des rafles doit se justifier, le ton change : « une erreur, une outrance, il faut comprendre, mais une maladresse, enfin voyons » etc.
Car l’évidence est de notre côté, du côté des sans-papiers : évidence de la raison, car les sans-papiers ne sont pas de dangereux criminels à enfermer et à expulser dans les plus brefs délais, mais des parents, des travailleurs, nos voisins. Tout simplement.
Evidence du cœur : on ne peut pas laisser ces deux collégiens et leurs parents derrière des barbelés (collège Jacques Decour, 9° arrondissement), on refuse l’expulsion de ces pères d’élèves (collège Dolto, 20°- Collège Lamartine 9e) : dans ces cas, si on fait grève, c’est qu’on ne peut laisser rejeter à des milliers de kilomètres une famille qui ne faisait de tort à personne ou priver une autre de père. C’est évident.
Nos adversaires nous reprochent de «verser dans le compassionnel» : ils n’éprouvent donc pas d’émotion devant une injustice ? Ils nous accusent également de «simplisme» : c’est trop simple, de comprendre que l’immigration n’est ni un problème ni une solution, mais une réalité à prendre en compte humainement ?
Humainement : une évidence. La nôtre en tout cas.
…NOUS PARIONS SUR LA FRATERNITÉ !
Dessin de Paul Gendrot,
qui fait aussi des animations rigolotes
que je suis trop nul pour transporter sur le blog.
Pffff...
qui fait aussi des animations rigolotes
que je suis trop nul pour transporter sur le blog.
Pffff...
Au rassemblement de ce soir, Michel Motu, mort accidentellement le 3 novembre à Paris, aura été présent avec ce dernier texte:
Octobre 2006, novembre 2008, cela fait deux ans et un mois que face au Président, au métro Belleville, chaque deuxième mardi du mois, des citoyens se rassemblent, avec et sans papiers, dans la parfaite confusion de leurs identités.
Depuis la fin des années 1970, les multiples modifications de la législation sur l’entrée et le séjour des étrangers, dont le Code CESEDA est le dernier avatar, affirment toujours plus l’exclusion.
Après 2002 et la présence du FN au second tour de la présidentielle, les politiques qui nous gouvernent, privilégiant des préoccupations électoralistes, ont fait leurs, sans complexe, les recettes de l’extrême-droite. La création, en 2007, d’un ministère de l’identité nationale fut le signe de trop d’un échec du politique.
Aujourd’hui, l’Union européenne, sous présidence française, signe un pacte honteux dont le préambule pose l’immigration comme générant des « facteurs perturbateurs » pour les pays d’accueil où ils risquent « de porter atteinte à la cohésion sociale ». Cela justifie donc rafles et expulsions ?
Nous sommes chaque jour témoins de l’arbitraire d’un pouvoir qui pousse les agents de l’Etat, policiers, guichetiers, juges, préfets, sous la pression du « chiffre » et de l’obligation de résultat, à faire du zèle. Avec pour conséquences ou dégâts collatéraux les débordements dans les centre de rétention et, après Chunlan il y a un an, les morts d’innocents traqués comme des malfrats.
Au fil des mois, nous dénonçons l’acharnement et l’inhumanité du ministre de la chasse à l’enfant, sinistre briseur de familles. Nous ne capitulons pas devant des lois opportunistes qui nous renvoient à des périodes de sinistre mémoire. Face à ce pouvoir qui érige des murs, qui creuse des tombes, nous tendons nos mains, nous déployons nos banderoles, nous nous rassemblons pacifiquement. Dérisoires ? Qui oublie l’opprobre jeté sur Caïn ! Qui oublie que David triomphe de Goliath
Comme beaucoup, j'ai croisé Michel Motu, porteur de banderole ou simple manifestant... Sur les photos mises en ligne sur le site de RESF, "sa tête me disait quelque chose", comme on dit... Peut-être ne l'aurais-je pas reconnu hors contexte...
C'était pourtant un ami.
8 commentaires:
Tiens, c'est ballot : j'ignorais cette "tradition bellevilloise"... Je tâcherai de me rattraper le mois prochain.
Bises et bonne soirée !
Le mois prochain, ça sera le 9 décembre...
Ben, ça tombe bien : j'avais rien de prévu le 9 décembre :-)
je serai un peu loin le 9 décembre mais j'aurais une pensée…
sourires
Tu seras aux antipodes ?
Si vous viendez le 9 décembre, on pourra se (re)voir :-)
Et j'allais oublier : oui, monsieur Guy, vous avez bien raison, Michel était un ami !
Pour le 9, je ne sais pas encore...
Il ne faut pas oublier qu'on a beaucoup d'amis inconnus...
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