dimanche 9 novembre 2008
Maria Elena Vieira da Silva
C'est en 1999, à la Fondation Dina Vierny, que j'ai pu voir les dernières œuvres sur papier d'une vieille dame qui, avant de le quitter en 1992, voulait encore laisser quelques traces pour embellir le monde.
Maria Elena Vieira da Silva aurait eu cent ans le 13 juin de cette année. Son centenaire n'a pas fait grand bruit.
Tant pis ou tant mieux pour ceux qu'elle avait l'habitude d'appeler "ses amis" et à qui elle a dédié ce fier et beau testament que l'on trouvera en suivant en cascade ce lien (car l'amitié fait réseau).
La galerie Jeanne Bucher, qui avait organisé sa première exposition personnelle en 1933, lui a rendu un hommage à la FIAC et continuera de le faire au 53, rue de Seine, dans le sixième arrondissement de Paris, jusqu'au 22 novembre.
Les internautes qui voudraient voir ou revoir certaines de ses œuvres pourront consulter le site de la galerie, les pages de Ciudad de la pintura, un billet du blogue de António Inglês, ainsi que bien d'autres endroits à débusquer...
Ici, vous trouverez trois œuvres qui vont vers la lumière, ainsi qu'un texte de René Char, qui plaçait Vieira da Silva parmi ses "alliés substanciels" (Ce texte, tout simplement intitulé Vieira da Silva, figure dans Recherche de la base et du sommet, Poésie/Gallimard)
Hier, seul le cœur faisait mouvement, en équilibre entre l'éperon du jour et la paroi de la nuit. Nous vivions, nous ne réfléchissions pas la vie. Elle se fût sentie à l'étroit dans l'ambition d'une idée. Un sceau jaloux était sur elle. Au soir où nous sommes, cette même vie est regardée par nous sans prénotion et sans ombre, trouée à ses limites, éparpillée au plus bas et au plus loin. La sensibilité intellectuelle s'est substituée à la sensibilité naturelle; mais le compas de l'esprit et les longues épées du cœur sont absents. C'est le signal du désastre.
L'œuvre de Vieira da Silva surgit et l'aiguillon d'une douce force obstinée, inspirée, replace ce qu'il faut bien nommer l'art, dans le monde solidaire de la terre qui coule et de l'homme qui s'en effraie. Vieira da Silva tient serré dans sa main, parmi tant de mains ballantes, sans lacis, sans besoin, sans fermeté, quelque chose qui est à la fois lumière d'un sol et promesse d'une graine. Son sens du labyrinthe, sa magie des arêtes, invitent aussi bien à un retour aux montagnes gardiennes qu'à un agrandissement en ordre de la ville, siège du pouvoir. Nous ne sommes plus, dans cette œuvre, pliés et passifs, nous sommes aux prises avec notre propre mystère, notre rougeur obscure, notre avidité, produisant pour le lendemain ce que demain attend.
René Char, 1960.
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4 commentaires:
Trop bo!
Merciguy...hèm.
Non, non, ce n'est pas trop...
Chapeau bas : très bel article sur une femme peintre que j'aime beaucoup. merci
Merci, mais le texte est pour l'essentiel de René Char et les illustrartions de Vieira da Silva...
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