vendredi 14 novembre 2008

Décompte de la folie furieuse



Chacun son truc. Il y a des gens qui supportent difficilement l'idée que l'on puisse maltraiter un enfant, et d'autres qui ne supportent pas l'idée qu'un "dangereux déséquilibré" soit en liberté.

Monsieur Sarkozy semble appartenir à cette seconde catégorie et on le voit réagir vivement à chaque "fait divers" où un malade mental se trouve mis en cause.

On peut d'abord remarquer l'aspect très spécifique de cette réaction. Il est probable que monsieur Sarkozy puisse s'émouvoir d'un fait divers tel que la mort d'un piéton fauché par un conducteur ivre, par exemple, mais il est certain qu'il ne présentera pas du tout les mêmes symptômes en apprenant la mort d'un étudiant sous les coups de couteaux d'un homme soigné pour schizophrénie.

Morts stupides (mais vous en connaissez d'intelligentes ?), qui sont l'une et l'autre un scandale pour la raison, comme à chaque fois qu'intervient la "faute à pas d'chance".

Si l'on se place du strict et triste point de vue de la raison comptable qui domine dans le gouvernement des hommes, il faut reconnaître que l'alcool au volant doit tuer un peu plus que la folie dans la rue.

C'est de ce point de vue que la réaction de monsieur Sarkozy est irrationnelle.

F. Goya, gravure.
"Le sommeil de la raison produit des monstres"

Toutes affaires cessantes, une réunion de crise et d'urgence a été convoquée par le chef de l'Etat pour demander à Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati et Roselyne Bachelot, de préparer sans délai une réforme en profondeur du droit de l'hospitalisation psychiatrique.

Avec une telle équipe, on se doutait bien que la psychiatrie française allait en sortir grandie. A moyens constants, bien entendu...

La réunion au sommet va accoucher d'un nouveau fichier.

Vous pourrez sortir en paix, braves gens, vous serez pro-té-gés !

Une autre solution est à l'étude.

Au nom de la compassion pour les victimes à qui la société semble reconnaître un "droit au deuil", on reparle de cette notion de "culpabilité civile" qui permettrait de juger "à blanc" des auteurs de crimes qui ont été reconnus non-responsables de leurs actes.

S'il y a un psychiatre dans la salle, pourrait-il tenter d'expliquer à monsieur Sarkozy que les voies du deuil sont toutes douloureuses, mais multiples; et que celle qui passe par un simulacre de cour d'assises n'est peut-être pas la plus durable et la plus recommandable...

PS1: ...qui a à voir...

On peut lire le récit exemplaire d'un vrai procès, dans LeMonde.fr: Prostré et comateux, un fou devant la cour d'assises.

PS2: ...qui n'a rien à voir, bien sûr, mais chacun son truc...

J'appartiens à la catégorie des gens qui deviennent fous furieux quand on maltraite un enfant... Mon psychiatre m'a dit que ça ne me rendait pas trop dangereux, alors j'échapperai peut-être au fichier.

Ceci pour introduire cette nouvelle qu'on m'a transmise:

Une information révélée par France Info : après la justice, la commission nationale de déontologie et de sécurité a à son tour qualifié d’inhumain le traitement infligé à un couple moldave et à son bébé de trois semaines l’an dernier. Sans-papiers, ils avaient été placés en garde à vue pendant 9 heures à Gien (Loiret) avant d’être transférés au centre de rétention de Rennes.

C’est ce qui s’appelle redéballer le linge sale. En l’occurrence celui de la gendarmerie de Gien, dans le Loiret et plus généralement de l’administration chargée de la répression des étrangers en situation irrégulière, préfectures comprises.

La commission nationale de déontologie et de sécurité a rendu son avis sur une affaire qui avait provoqué l’émoi dans l’opinion publique : un bébé de trois semaines qui avait dû accompagné ses jeunes parents en garde à vue puis au centre de rétention administrative de Rennes. La commission a pris le temps de la réflexion, puisqu’elle a mis un an pour reprendre les conclusions déjà tirées par la justice : le bébé a subi un “traitement inhumain”. Au moins le clou est-il enfoncé jusqu’au bout.

Je ne me souviens pas qu'à l'époque le compatissant monsieur Sarkozy ait réuni en urgence Brice Hortefeux, Michèle Alliot-Marie et Rachida Dati, pour réagir spectaculairement par une réforme de fond.

Chacun son truc...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour ma part, je m'étonne de l'absence de réaction de notre leader minimo sur l'affaire de l'élu d'ultra droite meurtrier.
Il me semble pourtant évident qu'on ne peut plus laisser circuler librement ces individus. Outre leur appartenance à une association de malfaiteur en vue d'une entreprise terroriste qui me semble un motif suffisant, il y a le risque que la moindre contrariété les amène aux pires extrémités. La preuve en l'espèce.
Qu'attend le gouvernement pour mettre en place un fichier ? D'autant que ce serait facile, la liste des membres est dans leurs carnets d'adresses. D'ailleurs n'en ferait il pas partie ?

Guy M. a dit…

Voilà une excellent suggestion citoyenne.

Merci.