La société que rêvent monsieur Sarkozy et ses ami(e)s ne comprendra pas la maladie mentale. Elle la jugera pour l'enfermer, comme au bon vieux temps.
Karine Matabiwasaka a tout faux: elle est malade, noire et sans papiers... et elle a refusé d'embarquer pour Kinshasa au mois d'octobre.
Vous imaginez...
Pour son refus d'embarquer, elle passera devant le Tribunal de Grande Instance de Bobigny lundi 17 novembre, à 13 heures.
Ses soutiens seront là, avec elle, pour éviter cette surenchère dans l'intolérable.
Vous pouvez en être.
Et signer l'appel que je relaye ici:
Pour Karine, jeune étrangère malade et emprisonnée
Dans sa cellule de la prison de Fleury-Mérogis, Karine attend de passer en jugement pour son refus de se laisser expulser. Elle s‘est enfoncée dans un mutisme total, ne donnant aucune signe de reconnaissance.
Troubles mentaux, suites de malaria cérébrale, accablée par son infortune ? Peut-être un mélange de tout cela. Se souvient-elle de sa propre histoire ? Sait-elle quand exactement elle est née ? Personne ne peut répondre avec certitude. Ce que nous savons par contre, nous qui avons tenté de reconstruire son parcours, c’est qu’elle a été ballottée dans tous les sens, à en perdre – littéralement - la tête.
Expédiée depuis Kinshasa (République Démocratique du Congo) en juillet dernier, à l’abandon dans les rues de Rennes, elle a atterri dans une permanence d’accueil des étrangers. Première confusion – (ou vérité ?) : on la considère comme mineure, elle est confiée à une famille d’accueil. Cela se passe d’abord pour le mieux, mais Karine s’enfonce peu à peu dans les pleurs et les cris. Finalement, l’urgence arrive ; le SAMU emmène Karine à l’hôpital le 21 août. Dans l’ambulance, Karine se déclare majeure, position qu’elle maintient tant devant le Juge des enfants, qui met fin à sa prise en charge ASE, que plus tard devant le Juge des Libertés et de la Détention. Tout en glissant à l’oreille de ses soutiens, presque par hasard et bien trop tard, qu’elle n’a que 16 ans.
A sa sortie de l’hôpital le 29 août, sa détresse dépasse les compétences des intervenants sociaux ; elle est très mal en point. Aucune structure sociale ou de soins n’est à même de lui proposer une prise en charge et un hébergement adaptés. Le soir du 2 octobre, à l’heure de la fermeture de la salle d’attente du SAO (service d’accueil et d’orientation) de Rennes, elle fait quelques mètres et se fait arrêter par la police à l’arrêt de bus le plus proche.
Maintien en rétention décidé par le Juge, absence de recours au Tribunal Administratif : son expulsion est décidée. Karine semble cependant avoir eu un sursaut suffisant, au dernier moment, pour résister à son embarquement pour la RDC, qui devait avoir lieu samedi 18 octobre. Depuis cette date, elle croupit à la prison de Fleury-Mérogis, femme jeune – sinon mineure - et seule, risquant une double voire triple peine : en tant que récalcitrante, en tant que migrante, en tant que souffrante qui, si elle devait se retrouver de force dans les rues de Kinshasa, sans famille, dans un pays où la guerre civile s’accentue de jour en jour, ne pourrait tout simplement pas survivre.
L’indifférence du gouvernement français envers les étrangers malades est depuis longtemps manifeste, quoique insuffisamment reconnue. Mais emprisonner puis renvoyer Karine relève de la plus haute injustice et du plus bas niveau d’humanité.
Nous ne pouvons nous résoudre à accepter tant de mépris à son égard !
Solidairement, nous nous portons garants de sa représentation en France, afin qu’au plus vite, elle puisse ici bénéficier de la protection et des soins adaptés que son état de détresse et sa vulnérabilité nécessitent.
L’audience pour refus d’embarquement aura lieu ce lundi 17 Novembre 2008 à 13 heures au TGI de Bobigny.
Soyons présents, et par notre présence disons haut et fort que Karine doit être soignée et non pas rejetée, encore moins renvoyée vers une issue qui lui serait fatale.
5 commentaires:
c'est marrant, ça…
Il me semblait avoir entendu un candidat à l'élection présidentielle, homme ivre de compassion et d'amour, prendre position sur ce sujet : " A chaque femme martyrisée dans le monde, je veux que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française."
J'ai dû rêver…
Ouais, mais ça c'était (approximativement) à l'époque où il clamait que les ménages français n'étaient pas assez endettés et qu'il fallait faire confiance aux banques. Par les temps qui courent, c'est subversif d'avoir de la mémoire.
Vous êtes sûrs de ce que vous avancez tous les deux ?
Je ne me souviens de rien...
Mais cette fois, je n'ai pas oublié d'envoyer ma signature!
"Par les temps qui courent, c'est subversif d'avoir de la mémoire."
"Je ne me souviens de rien..."
Je me disais aussi… :-)
J'ai dit ça, moi ?
Mais qu'est-ce qu'on aurait dit si j'avais pas dit que j'avais dit que j'avais pas dit ce que j'ai dit. Enfin peut-être.
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