Les historiens du futur, s'il en reste, nous dirons comment une cellule invisible a pu infiltrer le parti autoproclamé socialiste pour dynamiter les derniers espoirs des braves gens raisonnables qui croyaient en la démocratie du bulletin de vote. Cette opération crypto-terroriste fort bien menée se termine sous nos yeux en dislocation spectaculaire.
Avec, en vedette, deux prétendantes en prétentieuses ridicules.
Au lieu de me demander, avec mes quelques amis socialistes qui ont la rage au cœur, où sont passées les fleurs de la démocratie, je préfère me réjouir de croiser ici ou là une floraison tardive mais vigoureuse d'initiatives salutaires.
Ainsi, cette pétition lancée, me dit-on, par Eric Hazan et les éditions La Fabrique, dont je reproduis le texte:
Une opération récente, largement médiatisée, a permis d’arrêter et d’inculper neuf personnes, en mettant en œuvre la législation antiterroriste. Cette opération a déjà changé de nature : une fois établie l’inconsistance de l’accusation de sabotage des caténaires, l’affaire a pris un tour clairement politique. Pour le procureur de la République, «le but de leur entreprise est bien d’atteindre les institutions de l’État, et de parvenir par la violence — je dis bien par la violence et non pas par la contestation qui est permise — à troubler l’ordre politique, économique et social».
La cible de cette opération est bien plus large que le groupe des personnes inculpées, contre lesquelles il n’existe aucune preuve matérielle, ni même rien de précis qui puisse leur être reproché. L’inculpation pour «association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste» est plus que vague : qu’est-ce au juste qu’une association, et comment faut-il entendre ce «en vue de» sinon comme une criminalisation de l’intention ? Quant au qualificatif de terroriste, la définition en vigueur est si large qu’il peut s’appliquer à pratiquement n’importe quoi — et que posséder tel ou tel texte, aller à telle ou telle manifestation suffit à tomber sous le coup de cette législation d’exception.
Les personnes inculpées n’ont pas été choisies au hasard, mais parce qu’elles mènent une existence politique. Ils et elles ont participé à des manifestations — dernièrement, celle de Vichy, où s’est tenu le peu honorable sommet européen sur l’immigration. Ils réfléchissent, ils lisent des livres, ils vivent ensemble dans un village lointain. On a parlé de clandestinité : ils ont ouvert une épicerie, tout le monde les connaît dans la région, où un comité de soutien s’est organisé dès leur arrestation. Ce qu’ils cherchaient, ce n’est ni l’anonymat, ni le refuge, mais bien le contraire : une autre relation que celle, anonyme, de la métropole. Finalement, l’absence de preuve elle-même devient une preuve : le refus des inculpés de se dénoncer les uns les autres durant la garde à vue est présenté comme un nouvel indice de leur fond terroriste.
En réalité, pour nous tous cette affaire est un test. Jusqu’à quel point allons-nous accepter que l’antiterrorisme permette n’importe quand d’inculper n’importe qui ? Où se situe la limite de la liberté d’expression ? Les lois d’exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont-elles compatibles à long terme avec la démocratie ? Sommes-nous prêts à voir la police et la justice négocier le virage vers un ordre nouveau ? La réponse à ces questions, c’est à nous de la donner, et d’abord en demandant l’arrêt des poursuites et la libération immédiate de celles et ceux qui ont été inculpés pour l’exemple.
Pour signer cette pétition, il suffit d'envoyer votre nom et votre qualité (profession ou absence de profession, statut ou absence de statut) à cette adresse: comiteaat@boum.org
Logo utilisé par le Jura Libertaire pour signaler les articles
concernant les grandes manœuvres anti-terroristes.
concernant les grandes manœuvres anti-terroristes.
Commencent aussi à fleurir des comités de soutien locaux, on en trouve trois actuellement répertoriés par le site Soutien aux inculpés du 11 novembre: Rouen avec son Comité Visible, Nancy et Tulle, relayés sur le site général.
A Limoges, une réunion publique d'information sera organisée le 2 décembre à 20h 30, à la salle municipale Blanqui 2. Le communiqué a été posté par Flo Py sur le blogue Les 17 millions et les autres.
Je ne l'ai pas retrouvé sur Balade @ Tarnac, où je l'avais vu... J'espère que la réunion est maintenue.
Mais je retrouve aujourd'hui la lettre ouverte des parents des inculpés du 11 novembre:
Dimanche, 23 Novembre 2008
Lorsque la cacophonie s'accorde pour traîner dans la boue une poignée de jeunes emmurés, il est très difficile de trouver le ton juste qui fasse cesser le vacarme; laisser place à plus de vérité. Certains médias se sont empressés d'accréditer la thèse affirmée par la ministre de l'intérieur dans sa conférence de presse, alors que les perquisitions étaient en cours : Les personnes arrêtées étaient d'emblée condamnées.
Personne n'aura pu rater l'épisode de "police-réalité" que nous avons tous subi la semaine passée. L'angoisse, la peur, les pleurs nous ont submergés et continuent à le faire. Mais ce qui nous a le plus blessés, le plus anéanti, ce sont les marées de mensonges déversées. Aujourd'hui ce sont nos enfants, demain ce pourrait être les vôtres.
Abasourdis, nous le sommes encore, paralysés nous ne le sommes plus. Les quelques évidences qui suivent tentent de rétablir la vérité et de faire taire la vindicte.
Les interpellés ont à l'évidence bénéficié d'un traitement spécial, enfermés pendant 96 heures, cela devait faire d'eux des personnes hors normes. La police les suspecte d'être trop organisés, de vouloir localement subvenir à leurs besoins élémentaires, d'avoir dans un village repris une épicerie qui fermait, d'avoir cultivé des terres abandonnées, d'avoir organisé le ravitaillement en nourriture des personnes âgées des alentours. Nos enfants ont été qualifiés de radicaux. Radical, dans le dictionnaire, signifie prendre le problème à la racine. A Tarnac, ils plantaient des carottes sans chef ni leader. Ils pensent que la vie, l'intelligence et les décisions sont plus joyeuses lorsqu'elles sont collectives.
Nous sommes bien obligés de dire à Michelle Alliot Marie que si la simple lecture du livre "L'insurrection qui vient" du Comité Invisible fait d'une personne un terroriste, à force d'en parler elle risque de bientôt avoir à en dénombrer des milliers sur son territoire. Ce livre, pour qui prend le temps de le lire, n'est pas un "bréviaire terroriste", mais un essai politique qui tente d'ouvrir de nouvelles perspectives.
Aujourd'hui, des financiers responsables de la plus grosse crise économique mondiale de ces 80 dernières années gardent leur liberté de mouvement, ne manquant pas de plonger dans la misère des millions de personnes, alors que nos enfants, eux, uniquement soupçonnés d'avoir débranchés quelques trains, sont enfermés et encourent jusqu' à 20 ans de prison.
L'opération policière la plus impressionnante n'aura pas été de braquer cagoule un nourrisson de neuf mois en plein sommeil mais plutôt de parvenir à faire croire que la volonté de changer un monde si parfait ne pouvait émaner que de la tête de détraqués mentaux, assassins en puissance.
Lorsque les portes claquent, nous avons peur que ce soient les cagoules qui surgissent. Lorsque les portent s'ouvrent, nous rêvons de voir nos enfants revenir.
Que devient la présomption d'innocence?
Nous demandons qu'ils soient libérés durant le temps de l'enquête et que soient évidemment abandonnée toute qualification de terrorisme.
PS: Nous tenons à saluer et à remercier les habitants de Tarnac qui préfèrent croire ce qu'ils vivent que ce qu'ils voient à la télé.
Les parents des inculpés ont été assez présentés comme des bourgeois friqués bien intégrés socialement, pour qu'on leur accorde maintenant le droit de s'exprimer...
Ce n'est pas leur faire une fleur.
5 commentaires:
Ça commence à bien faire, toutes ces pétitions intelligentes pour des motifs légitimes… :-)
Rassure-toi, Monsieur Guy : la lettre ouverte est toujours en ligne à cette adresse, ce qui laisse penser que la réunion du 2 décembre est bel et bien maintenue.
Comme Limoges, c'est un peu loin de Paris, je crois que je vais devoir me contenter de signer la pétition...
Bises et bonne soirée !
@ charançon,
C'est vrai, on ne sait plus où donner du clic gauche.
Et je crois que ce n'est pas fini: tu vas voir que chaque comité de soutien, sous prétexte d'autonomie, va faire la sienne. peuvent pas être unis, comme au PS.
@ Flo Py,
J'ai dû mal regarder...
Limoges, c'est à deux pas, avec le TGV, lorsque les caténaires tiennent le coup.
T'as aussi des pétitions de soutien au PS?
Juste pour leur remonter le moral...
Je n'ai pas trouvé de pétitions de soutien au PS, et pour l'enterrement, ils ne veulent ni fleurs ni couronnes...
Enregistrer un commentaire