jeudi 20 novembre 2008

La culture de monsieur Darcos



Je m'en voudrais de ne pas saluer au passage les veilleurs d'opinion du ministère de l'Education Nationale, ou de tout autre, qui arrivent peut-être sur ce billet en service commandé. Si vous n'arrivez pas à suivre, n'hésitez pas à demander des explications complémentaires. Je suis prêt à mettre en place un module d'accompagnement individualisé... Je sais à quel point votre travail est ingrat et difficile.

Regards tous-azimutés de veilleurs attendant l'horreur.
(Il s'agit toujours de l'excellent Marty Feldman)

Puisque cela fait maintenant partie de la culture du gouvernement Fillon, monsieur Darcos, en prévision d'une grève dans l'enseignement, a fait les grozieux, et a stigmatisé, fustigé et vilipendé ce qu'il a appelé la "culture de la grève". C'est du moins ce qu'ont repris les titres dans les médias.

Cela me fait toujours beaucoup de peine de voir attribuer à un distingué agrégé de Lettres Classiques, un usage du mot "culture" si banalisé par la langue du marquétigne. Car, bien sûr, il faut entendre ce mot, dans ce contexte, au même sens que dans cette fumeuse notion de "culture d'entreprise", dont n'importe quel VRP analphabète pouvait vous saturer l'entendement il y a quelques années...

Je note que monsieur Darcos avoue une certaine lassitude à entendre toujours les mêmes reproches:

La casse du service public, le manque de moyens, la colère des personnels, le ministre qui n’entend pas, le mépris. Combien de fois, a-t-on entendu cela depuis une trentaine d’années?

Les enseignants, je pense, lui ont déjà répondu, dans la rue et dans la grève, qu'ils étaient las d'entendre toujours les mêmes arguments ministériels.

C'est ce que l'on appelle la culture du dialogue.

Aujourd'hui à Caen.
Photo AFP/MYCHELE DANIAU, publiée par LeMonde.fr
J'ai coupé le bas de la photo pour que les veilleurs n'aient pas à chercher à identifier les gens,
c'est toujours un boulot fastidieux de moins pour eux.
On dit merci qui ? les voyeurs...

Alors que monsieur Darcos tente, en évoquant une "culture de la grève", de réactiver dans l'opinion les images assez convenues du prof toujours absent, toujours en grève, j'ai pu constater à la mi-journée, en cherchant à éviter les publicités sur les radios, que son service de communication avait dû mettre l'accent sur le passé d'enseignant de monsieur Darcos, car on y insistait beaucoup, beaucoup.

C'est, anéfé, une bien belle carrière que celle de monsieur l'ancien doyen de l'Inspection Générale Xavier Darcos... On croise parfois, en salle des profs, des collègues chez qui l'on pressent un profil analogue et dont on se demande s'ils sont plus animés par le goût de leur métier ou le sens de leur carrière.

Car on ne devient pas Inspecteur Général parce qu'on vous a supplié de le devenir... c'est au contraire un long travail bien besogneux de soumission aux diverses directives, parfois contradictoires, de l'Inspection Académique, Pédagogique ou Générale. Mais quel épanouissement quand on peut à son tour rédiger de telles circulaires !

Je ne doute pas que, malgré cette évolution de carrière atypique, monsieur Darcos ne connaisse les joies et les peines de ce beau métier: il a même récemment connu les affres du chahut, dont sa position de professeur de chaire supérieure avait pu le tenir écarté. Je retrouve même dans ce "Vous allez tout de même me laisser parler. J'ai enseigné vingt ans dans un lycée. Alors je sais de quoi je parle" rapporté par Liberation.fr, le type même de phrase que l'on en vient à prononcer alors que l'on sait pertinemment qu'il s'agit justement de "la" phrase à ne pas dire et que l'on va déclencher un redoublement, voire un emballement, des huées...

Passe encore que monsieur Darcos ne sache pas gérer les chahuts...

Ce qui est plus inquiétant, c'est qu'il semble avoir oublié, dans son irrésistible ascension, à quel point ses collègues peuvent être sans pitié.

Il pourrait en parler avec monsieur Allègre, par exemple.

Mais peut-être souhaite-t-il, au fond retourner à ses chères études, se replonger dans les œuvres d'Ovide et se consacrer, pourquoi pas, à une nouvelle traduction des Tristes et des Pontiques en langage de marquétigne.

PS: Si vous voulez faire savoir à monsieur Darcos que vous lui sauriez gré de ne pas toucher aux RASED, vous pouvez joindre votre signature à cette missive qui lui sera adressée.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Wikipedia ne mentionne pas ça :
http://www.plumedepresse.com/spip.php?article277
C'est vrai que ç'aurait fait tache…

Guy M. a dit…

Je l'avais pourtant vu signalé sur wikipédia... mais il possible qu'un veilleur soit passé par là.

On y signalait aussi de vieux propos bien machistes de XDarcos... qui avaient en leur temps fait bondir (à juste titre!) les Chiennes de Garde...

Anonyme a dit…

Wikipedia est très surveillé aussi… voir les efforts dépolyés par les employés municipaux de Levallois pour les mises à jour concernant leur maire…
La désinformation est un long combat.

Guy M. a dit…

Ah! quel boulot!

Il y a sur ouiqui des notices "sensibles", où on a l'impression de jouer à cache-cache.

Anonyme a dit…

Mr DARCOS remplace les enseignants par des gendarmes et des chiens.
L'école de PAVIE dans le Gers prise d'assaut par des flics et des clébards.
http://www.ladepeche.fr/article/2008/11/20/495521-Pavie-Du-cannabis-saisi-au-Centre-de-formation.html

Guy M. a dit…

Merci pour cette info...

(Je ne suis pas sûr que les CFA dépendent à 100% de l'éduknat, mais l'intervention peut de généraliser.)

Anonyme a dit…

Au temps pour moi, j'avais parcouru l'article trop rapidement, cette histoire de gruge y figure bien.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Darcos#Pol.C3.A9miques

Guy M. a dit…

Tu as bien fait d'aller vérifier... j'avais oublié d'aller voir.

X Darcos a été "blanchi" dans cette affaire.

Anonyme a dit…

Egaré un jour devant une télévision, j'ai eu la chance de voir Xavier Darcos sécher devant la règle de trois : http://www.programme-tv.net/news-tv/buzz/1254-xavier-darcos-doit-retourner-a-l-ecole-primaire/

Ça m'a permis de mieux comprendre ce qu'il appelle la culture du résultat pour les professeurs…

Guy M. a dit…

Monsieur Darcos est un as du calcul: son nombre d'élèves par prof, qui n'a aucun sens concret, en est un autre exemple. malheureusement cette notion est reprise sans critique par la presse.