Je ne connais pas tous les premiers signataires de la pétition initiée par Eric Hazan en soutien aux inculpés du 11 novembre, mais je me réjouis d'y retrouver des hommes et des femmes que j'estime.
Cela me réconforte de les imaginer s'avancer à visage découvert au devant d'un pouvoir qui ne peut que leur envoyer des policiers cagoulés.
Et parmi ceux qui s'avancent, la présence de Bernard Noël est comme une évidence.
Chaque lecture d'un livre de Bernard Noël a été pour moi une expérience dérangeante, abrupte et totale.
Aussi ne vais-je pas vous parler de ce livre terrible qu'est Le 19 octobre 1977... Les éditions Gallimard le mettent à votre disposition, contre un peu d'argent, dans la collection L'Imaginaire.
Je ne vous parlerai pas non plus des autres livres...
Car il vaut mieux s'affronter seul à cette œuvre d'une beauté exigeante et absolue.
Une courte présentation, sur le site de son éditeur P.O.L., décrit en quelques mots le parcours d'un homme qui toujours a su garder les yeux ouverts sur l'innommable.
Bernard Noël est né le 19 novembre 1930, à Sainte-Geneviève-sur-Argence, dans l’Aveyron. Les événements qui l’ont marqué sont ceux qui ont marqué sa génération : explosion de la première bombe atomique, découverte des camps d’extermination, guerre du Viêt-nam, découverte des crimes de Staline, guerre de Corée, guerre d’Algérie... Ces événements portaient à croire qu’il n’y aurait plus d’avenir. D’où un long silence, comme authentifié par un seul livre, Extraits du corps, 1958. Pourquoi je n’écris pas ? est la question sans réponse précise qui équilibre cette autre : Pourquoi j’écris ? devenue son contraire depuis 1969. Cet équilibre exige que la vie, à son tour, demeure silencieuse sous l’écriture, autrement dit que la biographie s’arrête aux actes publics que sont les publications.
Apposer sa signature au bas d'une pétition n'est certainement pas, pour Bernard Noël, un acte public anodin.
Acte public, également, la lecture: ici, une vidéo récente, postée au mois de mai 2008.
Bernard Noël au Festival Internacional de Poesía de Medellín.
8 commentaires:
Mince… Tu me donnes encore envie de découvrir quelqu'un que je ne connais pas. Je n'arrive plus à suivre, moi…
Oui, ben voilà, tout pareil : j'arrive pas à suivre, Monsieur Guy ! Chaque fois que je lis un de tes billets, j'ai la sensation de tomber dans le gouffre abyssal de mon ignorance crasse...
Bises et bonne nuit !
@ Charançon,
Bernard Noël est aussi l'auteur d'un très beau Dictionnaire de la Commune (pardon, je n'ai pas vérifié le titre). Si je puis dire: il est des nôtres!
@ Flo Py,
C'est une sensation qu'il faut résolument écarter: mon inculture est océanique. Et heureusement! Tant de choses encore à découvrir...
Il y a des promenades sur le net qui vous font découvrir ce que vous cherchiez sans savoir que cela existait . Le dictionnaire de la commune sera mon cadeau de Noël .
J'espère qu'on le trouve encore chez les bons libraires...
En tout cas, c'est une excellente idée de cadeau, et d'ailleurs, je me demande si je ne vais pas vous la piquer.
Moi aussi je fais des complexes culturels.
Mais mon gouvernement s'en occupe:
La culture générale chassée des concours administratifs, m'annonce Le Figaro, avec en prime un lien vers une interview du ministre, intitulé : «Nous avaons atteint les limites d'un élitisme stérile» (sic)
Je t'envoie l'image écran.
Amitiés
se retrouver non loin de Bernard Noel
(serait-ce dans une liste, pas même sur papier) est un insigne honneur!
merci de me l'avoir fait savoir!
ma soirée en sera réchauffée
cordialement
@ JR,
C'est une bonne nouvelle: je crois que je vais passer les concours...
(Mon inculture est océanique, quelques îlots ne doivent pas faire illusion.)
@ Anonyme,
Tous les signataires sont honorables, mais c'est vrai que la présence d'un homme comme Bernard Noël est réconfortante.
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