vendredi 4 juin 2010

Mondanités impressionnistes

Si la Préfecture de Police avait eu à dénombrer l'assistance, elle aurait compté plusieurs centaines de personnes.

Je tiens à préciser que nous étions plus du double, et je vous laisse faire le calcul.

La longue attente des invités, sous un soleil de plomb
et la protection de la police.

Sans avoir à aliéner l'intégrité de ma petite sœur, dont la valeur marchande, il est vrai, s'est profondément dépréciée ces dernières années, j'ai pu me mêler au grand concours de populasse plus ou moins huppée qui se pressait dans les salles du Musée des Beaux-Arts de Rouen, où se vernissait l'exposition Une ville pour l'Impressionnisme. Une de mes jeunes collègue, solitaire en cette soirée, avait éprouvé le besoin d'une escorte solide pour se rendre en ces lieux, et ma carrure impressionnante lui avait semblé convenir, malgré mes dénégations faussement modestes.

Il fallut attendre l'arrivée de monsieur Laurent Fabius pour commencer les discours prévus.

Celui de madame Valérie Fourneyron, d'une bonne longueur, ne permit pas de rattraper le retard qui avait été pris. A peine fut-il émaillé d'un lapsus et d'une bourde qui n'ont ni rafraîchi l'air surchauffé sous la verrière, ni détendu l'assistance en surchauffe sous ladite verrière.

Aussitôt repris, le lapsus ("explosion" pour "exposition") a prestement mis en émoi les vigiles en faction sur chaque escalier, prétendument pour y prévenir les faux pas du troisième âge, en sur-représentation ce soir-là. Quant à la bourde ("Picasso" pour "Pissarro"), elle n'est que l'indice d'une culture assez étendue pour dépasser les frontières de l'Impressionnisme, et c'est ainsi qu'elle fut entendue.

Monsieur Pierre Bergé eut le mérite de faire court, bien qu'en citant d'emblée le mot d'Oscar Wilde selon lequel avant Turner, "il n'y avait pas de brouillard à Londres", il ait laissé craindre un développement historico-esthétique plus substantiel. Mais, grand seigneur fatigué, il nous en fit grâce.

Autre grand seigneur, et dans son fief, monsieur Laurent Fabius se lança dans un éloquent laïus, mais ne put empêcher un renvoi de gastro-politique de fleurir sur ses lèvres. Parlant de l'échec rencontré par Gauguin lors de son installation à Rouen, il le proposa comme sujet de réflexion à ceux qui penseraient venir à Rouen pour y rencontrer la réussite, histoire, à mon oreille, de bien marquer son territoire.

Mais je ne suis peut-être pas un bon entendeur dans le domaine de la politique locale à l'estomac...

Tout à fait à droite, sur la photo, si j'étais plus grand,
on pourrait voir monsieur Fabius prononcer son discours.

Ce fut un grand soulagement pour mon estomac affamé et ma gorge altérée d'entendre monsieur Laurent Salomé, directeur des musées de Rouen et maître d'œuvre de cette exposition, en proposer le parcours après quelques élégances protocolaires.

Ce que nous fîmes, ne nous accordant qu'un bref détour par le buffet classieusement garni et en nous promettant d'y revenir.

A l'exposition aussi, je me suis promis de revenir, car il me faudra réellement la voir pour pouvoir en parler.

Vous savez ce que c'est, un soir de vernissage, quand, comme moi, on soigne son carnet d'adresses, on ne regarde rien, on ne fait que serrer ou baiser des mains...

4 commentaires:

gballand a dit…

Encore un vernissage rouennais auquel je n'ai pas été conviée. Dommage.
Décidément, je ne suis pas vernie !

Guy M. a dit…

Je n'étais pas convié, mais mes pectoraux ont, par bonheur, impressionné ma jeune et fragile collègue...

laure leforestier a dit…

pas folle et pas maso, j'ai zappé les discours et me suis pointée à 8h. Il restait du champ (pas terrible, j'ai eu mal au crâne le lendemain) et j'ai pu voir toute l'expo tranquillement. Moi non plus je n'étais pas conviée mais il y a plein de techniques...

Guy M. a dit…

Il ne faut jamais abuser des choses trop pétillantes.

Dans ce domaine, les discours m'ont suffi.