dimanche 24 janvier 2010

Bout de débat dans la rue, en toute sérénité

Monsieur Eric Besson, grand penseur contemporain de l'Idée de Nation (il serait même, paraît-il, très "Pour la Nation"), a terminé vendredi dernier, à Lyon, "son premier tour de France" consacré au grand débat par lui initié sur cette importante question de l'Identité Nationale.

(Mais combien compte-t-il en faire, de tours de France ?)

Notre spécialiste de l'idée nationale, qui avait déclaré le 5 janvier dernier, à La Courneuve, que la nation française «n'[était] ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion» mais «un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble» a affûté son concept en précisant qu'elle était bel et bien «un peuple, une langue, un territoire et un certain nombre de valeurs républicaines qui forgent le vivre ensemble».

Quant à son "conglomérat", «c'[était] un raccourci à tort interprété comme étant ma définition de la Nation française», a-t-il précisé, en ajoutant: «j'ai évoqué la France d'avant la France, c'est-à-dire la Gaule».

"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement", comme disait, en français, un de nos classiques français, mais, que voulez-vous, il faut quand même suivre...

Et pour suivre, il fallait être invité.

Bien que monsieur Besson soit connu pour apprécier les réflexions de comptoir, et même la franche déconne, la réunion publique de Lyon n'était accessible au populaire que sur invitation.

Contactée par Lyon Capitale, la préfecture explique que des invitations ont été envoyées à tous les “pans de la société françaises, notamment au monde associatif, aux représentants des cultes, aux milieux économiques, aux personnes issues de l’immigration, aux enseignants.

Monsieur Jacques Gérault, préfet du Rhône, très content du panel réuni par ses services, a pu ainsi déclarer, en ouvrant la séance: «L'identité nationale, c'est vous-même».

Jacques Boucaud, le rédacteur du Progrès.fr (dont il ne faut pas désespérer) remarque cependant dans son compte-rendu:

Une réserve à son propos : manquaient au panel choisi ouvriers de l'industrie et du monde rural, commerçants, artistes ou jeunes chômeurs. Le débat ne peut être confisqué par ces adolescents bien mis, élèves des lycées du Parc et de la Cité scolaire internationale qui ont pu interpeller le ministre.

Bien sûr, la préfecture avait aussi prévu un bouclage en règle du quartier. D'après Rebellyon, il a fallu 14 cars de CRS, 10 de gardes mobiles, toutes les rues autour de la préfecture bloquées par des barrières et des CRS, plus la BAC et la DCRI, pour assurer la sérénité du débat.

A l'extérieur de la préfecture, de 300 à 500 personnes s'étaient rassemblées à l'appel d'organisations politiques, associatives ou syndicales, pour exprimer leur opposition à ce "débat de la honte" et exiger "la suppression du Ministère de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale".

Un groupe de contre-manifestants (une trentaine de jeunes gens, "dont certains brandissaient le drapeau français, le visage dissimulé par des foulards","pour certaines armés de chaînes de vélo") a fait irruption, un peu avant 18 heures, et chargé le rassemblement, avant d'être repoussé et dispersé par des militants antifascistes un peu plus décidés et organisés que les autres.

Pendant ce temps, les forces de l'ordre n'ont pas perdu leur sérénité.

Bilan (selon Lyon Capitale) : trois personnes récupérées par les pompiers
(une jambe cassée, une arcade sourcilière éclatée, un hématome crânien).

(Photo Rebellyon)

La presse nationale a, elle aussi, gardé toute sa sérénité devant cet "incident", symptomatique des conséquences d'un débat nauséeux. Pour trouver quelques détails, il vous faudra consulter Le Progrès, Rebellyon ou Lyon Capitale.

"Dans quelques jours", monsieur Eric Besson pourra présenter sa "synthèse", comme il l'a promis à la fin de cette réunion lyonnaise.

Juste le temps pour lui de choisir, en toute sérénité, les chiffres et pourcentages à livrer à la presse.

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