mercredi 27 janvier 2010

Beauté convulsive

Beau comme la fleur du cactus;

beau comme les deux longs filaments tentaculiformes d'une insecte;
ou plutôt, comme une inhumation précipitée;
ou encore, comme la loi de la reconstitutions des organes mutilés;
et surtout, comme un liquide éminemment putrescible !


beau comme un mémoire sur la courbe que décrit un chien en courant après son maître;


beau comme la loi de l'arrêt de développement de la poitrine chez les adultes dont la propension à la croissance n'est pas en rapport avec la quantité de molécules que leur organisme s'assimile;

beau comme le tremblement des mains dans l'alcoolisme;

beau comme la rétractabilité des serres des oiseaux rapaces;
ou encore, comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure;

ou plutôt, comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l'animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille;
et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie !

beau comme le vice de conformation congénital des organes sexuels de l'homme, consistant dans la brièveté relative du canal de l'urètre et la division ou l'absence de sa paroi inférieure, de telle sorte que ce canal s'ouvre à une distance variable du gland et au-dessous du pénis;
ou encore, comme la caroncule charnue, de forme conique, sillonnée par des rides transversales assez profondes, qui s'élève sur la base du bec supérieur du dindon;
ou plutôt, comme la vérité qui suit: "Le système des gammes, des modes et de leur enchaînement harmonique ne repose pas sur des lois naturelles invariables, mais il est, au contraire, la conséquence de principes esthétiques qui ont varié avec le développement progressif de l'humanité, et qui varieront encore;"

et surtout, comme une corvette cuirassée à tourelles !


Mes remerciements à Isidore Ducasse, se disant comte de Lautréamont, pour le texte,
et aux graphistes du camp No Border de juin 2009 à Calais, pour l'octosyllabe final sur banderole.

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