lundi 5 octobre 2009

La cohérence en politique

La cohérence absolue des opinions politiques mène, on le sait bien, à de délicats paradoxes.

Un bel exemple classique d'un tel paradoxe nous a été donné jadis par feu le général Jacques Massu, taquiné par feu le général Charles de Gaulle, alors à la présidence de la République.

- Alors, Massu, toujours aussi con ?

Aurait demandé le général-président.

- Toujours gaulliste, mon général !

Aurait répondu le fidèle Jacques Massu.

Parlant de l'emploi de la torture en Algérie,
il reconnut, en 2000, qu'on aurait pu s'en passer.

Pendant la bataille d'Alger, l'esprit militairement cohérent du général Massu lui fit, dit-on, essayer sur lui-même la torture à l'électricité. Je ne sais pas selon quel protocole fut menée cette expérience et quelles en furent les conclusions. Mais l'essai dut être, en un certain sens probant, puisque la torture à la gégène fut systématiquement utilisée pendant les opérations de "pacification" à Alger et ailleurs, en accompagnement d'autres méthodes déjà largement testées*.

Coq de combat en train de faire l'âne pour avoir du grain.

En général je n'éprouve aucun plaisir à la pratique du coq-à-l'âne (ou l'inverse), mais il me faut avouer que la première anecdote me fait toujours penser à monsieur Frédéric Lefebvre (ou l'inverse).

Il faudra que j'en parle avec mon analyste, car il me semble que ce type d'association n'a rien de franchement hormonal, et, sans mériter les galons d'un symptôme, pourrait bien avoir un fondement psychique intéressant.

Je vous raconterai après...

Sans transition...

Alors qu'on l'a vu, il y a une semaine, emboîter le pas aux troupes soutenant Roman Polanski**, et dénoncer le "côté spectaculaire" de son arrestation en Suisse, pour un viol jadis commis sous cocaïne sur une mineure de 13 ans, on le voit maintenant, tous ergots affûtés et tout cohérence dehors, rameuter le public autour du traitement miracle de la délinquance sexuelle: la castration chimique.

Il y a longtemps que monsieur Bernard Debré, professeur de médecine, grand sondeur de vessies et palpeur de prostates devant l'éternel, donc, en toute cohérence, éminent spécialiste de psychiatrie, en a fait l'un de ses chevaux de bataille parlementaire... Il vient, paraît-il, de redéposer son texte. Il propose l'injection "tous les trois mois d'un produit qui empêche la libido", mais qui est "réversible", sans autre inconvénient.

Pour m'en convaincre, j'aimerais que ces hommes politiques, qui sont si soucieux du bien public, et qui, par conséquent peuvent se passer de leur libido pendant quelque temps, fassent sur eux-mêmes l'essai de ces injections hormonales...

Et viennent nous raconter, après.


* Ce n'est pas parce que le regrettable Massu a dit ou écrit, peu de temps avant sa mort: "Si la France reconnaissait et condamnait ces pratiques, je prendrais cela pour une avancée", que je lui accorderai le moindre rogaton d'estime. Il a suffisamment justifié "ces pratiques" dans son livre La vraie bataille d'Alger. Et comment accepter sa volonté de ne pas révéler la vérité sur la disparition de Maurice Audin ?

** Je signale, sur ce sujet, la très claire Lettre ouverte à Monsieur Kouchner et à Monsieur Mitterrand, publiée par le Monde dans ses chroniques d'abonnés.

Aucun commentaire: