lundi 20 juillet 2009

L'art du double démenti

Comme le faisait récemment remarquer mon éminent confrère Bernard-Henri Lévy, "un nom, c'est plus qu'un nom."

Je dirais même, si vous le permettez: "beaucoup plus."

A condition de garder une certaine mesure.

Notre besson national, par exemple, l'homme en partie double qui paradoxalement est chargé de "gérer" notre identité, ne saurait à cause de son nom, et de ce qui est plus que son nom, être suspecté d'une quelconque duplicité.

Non.

Monsieur Eric Besson est la transparence même: il ne prendrait jamais personne en traître. Même pas un réfugié afghan survivant d'espoir insensé dans ce que l'on appelle la "jungle de Calais". Monsieur Besson tient à faire les choses les plus indignes de la manière la plus digne qui soit.

Il l'a dit ! En promettant une répétition générale.

Metteur en scène en pleine répétition.

Ce matin, le préfet du Pas-de-Calais réunissait, dans les locaux de la sous-préfecture, un certain nombre d'associations humanitaires.

Des militants, membres d'associations, observateurs ou no borders, avaient pris soin de se réunir devant les grilles de la sous-préfecture où ils avaient accroché une banderole scandant les mots: "arrestations, détentions, expulsions, indignation !" Au mégaphone, ils rappelaient haut et fort qu'il n'y a pas de dignité dans un crime contre l'humanité.

Leur présence voulait adresser un avertissement aux organisations humanitaires et caritatives, leur rappeler que la charité n'est pas la solidarité, et, surtout, les encourager à ne pas entrer dans la collaboration avec les autorités.


L'association SALAM, présente à cette réunion, en a publié un très court compte-rendu.

Interrogé sur la destruction de la principale "jungle", dont un large faisceau d'informations laisse présager qu'elle pourrait être mise en œuvre dès ce mardi, le Préfet n'a ni confirmé ni infirmé cette information, alors que le ministre Besson avait lui-même démenti (dépêche AFP).

Le Préfet a par ailleurs refusé d'expliquer le concept de "répétition générale" qui devrait précéder le démantèlement de la Jungle. (Article NouvelObs.com)

Enfin, le Préfet a également démenti les propos du Ministre Eric Besson qui avait indiqué vendredi dernier que des associations humanitaires seraient concertées pour le démantèlement de la Jungle. Selon le Préfet, il n'est pas question que les associations humanitaires soient informées de la destruction de la Jungle. A l'issue de cette réunion, l'association SALAM Nord/Pas-de-Calais appelle plus que jamais à la vigilance et réitère sa condamnation sans équivoque du plan de retour forcé programmé par le Gouvernement.

Les observateurs, membres des Calais Witnesses, notent de leur côté que les autorités ont refusé l'installation de douches proposée par des associations.

Salle de bain
L’hygiène est une des obsessions des migrants, indépendamment de la précarité de leur situation.
Etre propre, rasé, bien coiffé, c’est garder sa dignité d’homme.
C’est garder un lien d’appartenance à la société.
Photographie de Julie Rébouillat.

Il est vrai que la question des douches pour les migrants semble être devenu une sorte de tabou dans la bonne ville de Calais.

Du moins, pour la très sympathique madame Natacha Bouchart, maire de la ville:

Le 14 juillet, Mme Bouchart, la maire de Calais distribuait des bâtons lumineux aux passants se rendant au feu d’artifice. Ayant été aperçue, un groupe de 5 personnes dont trois avaient participé au camp no border ont tenté de la taquiner : "tiens, vous distribuez des tickets de douches pour les migrants ?" a commencé à s’adresser à la Princesse, l’un des opposants. "Ce n’est pas le moment !" aurait-elle rétorqué. S’ensuivit une discussion âpre avec la maire de Calais qui fut sauvée par son chef de cabinet UMP, le jamais élu Demassieux.

Ce dernier appela la police. Et hop, le contradicteur est ceinturé par 3 policiers, garde à vue, convocation pour outrage et rébellion !

Le lendemain, on apprit par journaux que la maire déposait plainte contre un no border. Madame ne pourrait plus se promener tranquillement. Le journaliste indique que son dépôt de plainte ne serait pas retenu.

Je vous ai livré le récit qui est fait sur IndymediaLille.

Si vous voulez, en supplément, la transcription fidèle des glapissements de la dame, il vous faudra consulter Nord Littoral.

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