samedi 25 juillet 2009

Le prix de la désobéissance

Monsieur l'inspecteur d'académie de Toulouse n'est pas un "désobéisseur", on s'en doute.

Mais comme il se doit d'observer rigoureusement son obligation de réserve, il ne nous dira probablement jamais si la sanction qu'il vient de prendre à l'encontre d'Alain Refalo lui a été suggérée par son ministère de tutelle ou par sa propre conscience pédagogique.

Pour s'être rendu coupable de "refus d'obéissance, manquement à l'obligation de réserve, incitation à la désobéissance collective et attaque publique contre un fonctionnaire de l'Education nationale" (assavoir son inspecteur), Alain Refalo se voit donc infliger une "sanction disciplinaire de catégorie 2", qui consiste en un abaissement d'un échelon à partir de celui où on l'avait déjà maintenu au mois de février, en lui refusant la promotion qui lui était due.

Si l'on se souvient qu'Alain Refalo a toujours effectué la totalité de son service et que ses rapports pédagogiques sont très bons, cette mesure ne peut qu'être considérée comme une mesure de type strictement disciplinaire.

Et exemplaire.

Monsieur Luc Chatel, ministre de l'Education Nationale entend probablement donner aux enseignants ce que, dans le jargon, on nomme "un signal fort", avec l'espoir que ceux-ci enfin comprendront le message: en travaillant dans le domaine de l'éducation nationale, vous ne vendez pas seulement votre force de travail en "rentabilisant" le "capital" de savoir et de compétences que vous avez pu accumuler durant vos chères études, mais vous vendez aussi votre esprit critique, vos convictions et vos opinions.

C’est bien d’apprendre à compter aux enfants,
mais c’est encore mieux de leur apprendre ce qui compte.
(Merci à Lucky)

Dans leur communiqué du 24 juillet, le Comité de soutien à Alain Refalo et le Mouvement des Enseignants du primaire en Résistance Pédagogique font une évaluation du prix à payer pour la liberté de pensée et d'expression de cette pensée, lorsqu'on est professeur des écoles: "cette sanction représente pour les quatre ans qui viennent une perte d'au moins 7 000 euros".

Ce calcul indicatif pourrait faire croire à une pénalité financière limitée dans le temps, mais j'ai bien peur qu'il n'en soit rien. Si j'ai bien compris, en le rétrogradant à deux échelons au dessous de celui qu'il mérite, l'administration impose à Alain Refalo un retard définitif et à vie de son avancement. Il me faudrait plus de détails sur l'évolution des carrières d'un professeur des écoles pour faire une évaluation précise, mais on peut deviner que, loin d'être une sanction symbolique, la "punition" infligée au "désobéisseur" peut être lourde de conséquences sur sa carrière et sa vie.

Face à cela, la réaction d'Alain Refalo est en accord avec son engagement:

Alain Refalo : (...) Nous n’allons pas baisser les bras. Le mouvement de résistance va s’accentuer dés la rentrée.

LibéToulouse : Quelles formes va prendre ce mouvement ?

Alain Refalo : Les universités d’été des "enseignants du primaire en résistance" auront lieu les 26 et 27 août à Montpellier. Nous en discuterons à cette occasion. Nous prendrons les initiatives à la hauteur du défi qui nous a été lancé par le ministre.

Car Alain Refalo n'est pas seul.

Le ministre non plus, qui a derrière lui tous les sinistrés des réformes stupides de ses prédécesseurs.

A titre d'exemple, voici un commentaire glané sur 20minutes.fr:

si cet enseignant avait eu des convictioàns religiruses catholique ou musulmane, boudiste ou juive auriez vous admis qu'il les enseignat a vos enfants? Je ne pense pas, il n'est pas là pour enseigner ses convictions mais pour executer le programme mis au point (bon ou mauvais) par nos representants. j'ai souffert dans ma jeunesse d'un "maitre d'école" qui enseignait pluqs karl marks que l'histoire de france. Ce sont des enseignants pas des politologues. Les math modernes, les lectures globales voulues par eux, la morale tejettée autany d'echecs mis a leurs actifs. Ca suffit.

Incontestablement, le signataire, balladin83, a dû beaucoup souffrir de l'enseignement du marksisme, des maths modernes et de la lecture globale. Pour en arriver là, il a peut-être même développé des complications après son opération de l'appendicite en CE2...

Mais il est sans doute inutile de lui rappeler que les deux réformes ratées qu'il signale ont été décidées par les experts du Ministère, et mises en œuvre par une cohorte d'enseignants "obéisseurs" dont la souplesse d'échine et la soumission à leur prétendue obligation de réserve ont été bien récompensées par une rapide évolution de carrière.

Et peut-être même les palmes académiques...

2 commentaires:

iGor milhit a dit…

Pourquoi ne pas rattacher les "exécutrices-teurs de programme" au ministère de l'Intérieur? L'Armée, c'est pédagogique et pas du tout politisé.
N'empêche, on a beau critiquer Staline ou Hitler, eux ils savaient traiter de manière efficace les déviants.
Pfff... si l'État laisse faire ces "exécutrices-teurs de programme" récalcitrant, la jeunesse risque de croire qu'elle peut en effet penser, peut-être même par elle-même, et c'est un grave danger pour la sécurité (des capitalistes qui planent, purs, au-dessus de toutes idéologies).

Salutations d'Helvétie...

Guy M. a dit…

Salutations de Normandie...

Il reste au ministère de l'Education encore suffisamment de petits soldats décervelés pour continuer son œuvre, sans avoir recours à de trop grands moyens.

L'esprit d'obéissance n'est pas menacé, malheureusement.