lundi 30 mars 2009

Inauguration printanière, mais ratée, à la Porte Dorée

C'était comme une impression bien diffuse, mais la légèreté de l'air, ce matin, aux abords de la Porte Dorée, où je suis allé flâner avant de revenir vers mes occupations normandes, m'incitait à une certaine alacrité.

Un large périmètre de sécurité avait été dégagé aux alentours de la Cité nationale de l'Histoire de l'Immigration, protégé par des représentants des forces de l'ordre, assez disparates et n'ayant pas encore terminé leur mue en cuirassés de la république. Certains d'entre eux s'oubliaient jusqu'à me dire "bonjour" avant de me signaler qu'il m'était impossible de passer par là... J'ai même pu renouer avec le plaisir, assez solitaire il est vrai, du bavardage enjoué, à deux tons, avec un membre de la police ou de la gendarmerie en tenue.

A l'expression de mon dépit de ne pouvoir aller saluer messieurs et dames les ministres en toute liberté, et "faire la bise aux dames", ajouté-je pour bien marquer ma qualité de galant français de souche, il me fut répondu que je pouvais toujours essayer. J'exprimai alors mon inquiétude d'en être vigoureusement empêché par mon aimable interlocuteur. Il me rétorqua qu'il faisait son "travail". Je commençais à aborder une réflexion sur cette notion de travail quand une invitée au raout d'inauguration me coupa la parole en brandissant son prétendu carton... Je fus ravi de constater qu'elle non plus n'avait pas le droit de passer par là, et que personne dans le cordon de flicaille ne savait où devaient passer les personna grata.

En me promenant, je vis beaucoup de ces invités désemparés...

J'avoue que je les ai regardés avec un certain mépris.

Tous ne le méritaient pas.

On notera la présence d'une flottille la brigade lacustre...

...et de quelques civils plus discrets que d'habitude.

Déjà en retard, car le printemps incite à quelque nonchalance, j'ai quitté le groupe des protestataires que les forces dites de l'ordre, de plus en plus équipées au fil du temps, maintenaient à bonne distance dans un coin de la place, en ayant, selon mes observations, préparé tout ce qu'il fallait pour faire une nasse en bonne et due forme.

Je n'ai appris la suite que par les dépêches...

Et la suite est délectable.

Car, comme nous l'apprend une dépêche de l'AFP:

Les ministres de l'Immigration Eric Besson et de l'Education nationale Xavier Darcos ont renoncé lundi en fin de matinée à inaugurer la médiathèque de la Cité nationale de l'Histoire de l'Immigration à Paris (XIIe), en raison de manifestations hostiles, a constaté une journaliste de l'AFP.

Précision indispensable:

Selon la préfecture de police, "aucune difficulté n'a émaillé le déroulement de la manifestation à l'extérieur qui était encadrée par la préfecture de police", précisant que les difficultés qui sont survenues à l'intérieur étaient "le fait de personnes invitées".

Je peux témoigner que la préfecture a bien dominé la situation.

Selon une autre dépêche de l'AFP:

Pendant que les vociférations couvraient le discours introductif de Jacques Toubon, le président de la Cité de l'histoire de l'Immigration, une personne se faisait expulser manu militari par le service d'ordre.

C'est à ce moment que Xavier Darcos et Eric Besson ont renoncé à prononcer leurs discours et se sont esquivés dans un espace plus privatif.

Je laisse le mot "vociférations" au crédit de l'auteur(e) de cette dépêche. Je suppose que c'est un(e) ancien(ne) élève de monsieur Darcos, pédagogue influent...

Il y a comme un grand sourire qui plane au dessus de mon clavier en ce moment, car j'imagine monsieur Besson, dans cet "espace plus privatif", ravalant la déconvenue d'être trahi par ses propres invités...

Il ne peut cependant s'empêcher de réagir:

Eric Besson a pour sa part regretté, devant quelques journalistes, que les manifestants "aient préféré les slogans à la discussion".

Mauvais perdant, monsieur Besson ?

7 commentaires:

Marianne a dit…

j'ai entendu la même chose sur France inter et je me suis réjouie , va savoir pourquoi !

Les ennuis conjugaux du trahi par les siens( Besson) c'est lui même sur Canal plus je crois .La probabilité d'une expulsion du domicile conjugal c'est pure invention de ma part .

JBB a dit…

Oui, l'histoire est délectable.

Je me dis, c'est peut-être ta présence aux abords du bâtiment qui a précipité les choses. Tu te pointes et hop, ils remballent. La classe ! (D'ailleurs, tu veux pas venir à Strasbourg ? Qui sait, il suffira peut-être que tu fasses le pied de grue devant les CRS pour que Sarko et ses invités abandonnent ?)

Guy M. a dit…

@ Marianne,

On est pas méchants, mais contents...

@ JBB,

Je suis parti trop tôt pour peser sur les événements, hélas!

(Pour Strasbourg, je vous conseille de circonvenir les invités - très dur, mais...)

Kamizole a dit…

Moi aussi, après avoir lu l'info sur Le Monde hier soir, j'ai "la banane" comme dit l'aut' pôv' tache...

Le sieur Besson n'aime pas les huées mais qu'opposer à ces pratiques inhumaines ? la discussion... Il se fout de notre gueule.

Qu'il sache qu'il sera poursuivi sans relâche par notre colère...

Guy M. a dit…

Moi, ça m'a redonné un peu la pêche !

En fait de discussion, monsieur Besson veut bien qu'on l'écoute, mais ne va guère plus loin (comme lorsqu'il réfléchit à haute voix sur les tests ADN).

peterpane a dit…

Je n'avais pas eu vent de cette "affaire" mais il est vrai que pour une fois, l'apparition des noms de Besson et Hortefeux ne m'a pas fait bondir, mais plutôt sourire, vu les circonstances. Ah qu'il est bon de penser que même dans les "milieux informés", certains arrivent encore à se rebeller. Oh ! les vilains...
Merci Guy de cette information tout à fait revigorante.

Guy M. a dit…

Il y avait un bon nombre d'universitaires et de "cultureux" parmi les invités... Cela explique sans doute le succès de l'opération.

La prochaine fois, seuls les gardes mobiles seront conviés.