vendredi 5 septembre 2008

Pensées exotiques




Depuis quelques jours, une question me hante: comment ça pense un pitbull avec du rouge à lèvre ?

Quelques éléments de réponses peuvent être trouvés ici ou (merci à Gilles pour ce dernier lien).


Les fermes convictions de madame Sarah Palin, qui tendent à se répandre dans notre triste monde, concernant le respect dû à la VIE, surtout la plus embryonnaire possible, m'ont rappelé une archive que j'avais précieusement conservée. Et que je vous livre pour votre édification...

Au départ, cette curiosité médicale tératologique, publiée en brève dans notre Figaro.fr.

Un fœtus de 9 ans retiré sur une fillette

Des médecins grecs de l'hôpital de Larissa (centre) ont retiré du corps d'une fillette de neuf ans un fœtus qu'elle portait dans le ventre depuis sa naissance, un phénomène rare de "fœtus parasite", a-t-on appris aujourd'hui de sources hospitalières.

Selon les médecins, l'enfant, qui n'a eu aucune complication médicale après cette opération, portait un fœtus de 6 cm sur lequel "on distinguait des cheveux et des yeux".

Connue aussi sous le nom de "fœtus in fœtu", cette anomalie de grossesse gémellaire est parfois décelée avant la naissance par échographie. Mais elle passe parfois inaperçue et l'enfant grandit avec le fœtus parasite de son jumeau. Une fois découvert, une intervention chirurgicale est nécessaire pour le retirer.

Source : AFP

Quand la poésie s'empare d'un thème analogue,

cela donne un beau roman de Per Olov Enquist.

Voici maintenant les réflexions que l'on peut trouver sur le "portail de réinformation" E-DEO, suivies d'un commentaire sur ces réflexions.


Posté le 18 mai 2008 by Didyme

Des médecins grecs ont retiré à une fillette de 9 ans un foetus de 9 ans. Il s’agit d’un “foetus in foetu“, c’est-à-dire d’un foetus qui s’est développé alors que la fillette était encore au stade de foetus. C’est une anomalie de développement. Ce foetus supplémentaire peut se développer en dehors de l’abdomen, dans la vessie, dans le crâne, sur un testicule (il peut se développer chez l’homme). Il peut atteindre 2 kilos. En l’occurence, le bébé retiré avait des yeux et des cheveux. Il peut y en avoir plusieurs, parfois les uns dans les autres.

Pendant longtemps, les médecins n’ont pas su ce que c’était. Ils croyaient plutôt à un kyste ou à une sorte de tumeur. Mais ces foeti ne sont pas viables. Il leur manque des membres, et arrêtent souvent leur développement.

Ceci constaté, le cas moral est intéressant. S’il n’est pas viable, a-t-il une âme humaine ? Est-ce qu’il est plus proche de la tumeur que du foetus humain ? Doit-on considérer l’acte chirurgical comme un avortement ou plutôt comme une sorte d’ablation ? Les foeticides utilisés pour les avortements peuvent-ils être utilisés contre le foetus in foetu ?Pour ma part, le foetus in foetu est incontestablement de nature humaine. Il provient de gènes humains, et connaît le développement que peut connaître un foetus normal. Par conséquent, au même titre que le foetus normal, il a une âme humaine. Le retirer est donc un avortement, mais un avortement légitime, puisqu’il est comme un corps mort dans un corps sain. Le problème vient avec les questions religieuses dans le genre : comment fait-on pour le baptiser ? Généralement, pour le baptême, il suffit que les parents aient la volonté de le faire, et le fasse effectivement sur le cadavre après la naissance (il me semble!). Mais qui sont les parents ? Est-ce le premier foetus, ou les parents du premiers foetus ? Et d’ailleurs, doit-on parler d’hôte ou de parent pour le premier foetus?

Ce sont finalement des questions factices pour dire qu’il s’agit bien d’un avortement nécessaire et légitime à mon goût…

Un cas moral qui malheureusement accrédite l’idée que le foetus est comme un membre mort, un parasite humain dont il faut se débarasser… De quoi satisfaire la nouvelle inquisition du Planning Familial.

Je ne résiste pas au plaisir de vous donner aussi le commentaire de Virginie:

Virginie |Tout être vivant a une âme, ceci n’a rien à voir avec la viabilité de l’enfant.

Avorter, c’est tuer l’enfant à naître. Celui-ci (fœtus in fœtu) n’était plus appelé à naître, car d’une part il ne se développait plus et ne se trouvait pas dans les circonstances normales d’une grossesse. Preuve s’il le faut qu’il restât plusieurs années à cet emplacement et qu’il avait cessé tout développement.

Par ailleurs, ses parents sont ceux de la fillette puisqu’il s’agit d’une grossesse gémellaire et que seuls ses deux parents pouvaient l’avoir conçu. De manière naturelle, sa sœur jumelle ne pouvait concevoir.

Je pense que votre problème est mal posé. Il faut à mon avis l’entendre de cette manière.

Postulat de vérité et non négociable : le fœtus in fœtu est vivant et a une âme. Sa vie est sacrée comme toute autre et doit être regardée avec le plus grand respect. Donc toute mort sciemment donnée à cet enfant est condamnable.

Questions : A quelles conditions a t-on moralement le droit de le retirer du corps de sa sœur? Faut-il attendre que celle-ci soit en danger de mort?

S’il faut le retirer du corps de sa sœur, alors on doit tenter de garder le fœtus in fœtu en vie, ce qui donne dans l’état actuel de la médecine 0% de chance de réussite.

Tout l’aspect moral de cette situation réside donc dans l’intention : Dans quelle intention faut-il retirer cet enfant du corps de sa sœur? Est-ce que tout ce qui est actuellement possible est tenté pour préserver sa vie?

Moralement, la cause est sauve si je retire cet enfant pour préserver la vie de la sœur et que je mets tous mes moyens possibles en œuvre pour préserver la sienne. Dans le cas présent, je ne peux sauver le fœtus in fœtu mais je ne fais qu’accepter le fait que je n’ai pas les moyens humains de sauver le fœtus in fœtu.

La décision ne serait pas moralement recevable si je me résolvais à donner intentionnellement la mort.

C’est pourquoi on ne peut moralement parler “d’avortement nécessaire et légitime”. Dans ce cas, on peut parler d’accepter une mort inéluctable. Mais jamais la mort intentionnellement donnée à un innocent - par avortement, par exemple - ne peut être jugée “nécessaire et légitime”. N’offrez pas cette aubaine aux tenants de l’anti-culture de mort!

15 mai, 16:39 —

D'autres réactions, qui finissent par s'organiser en un savant débat, pourront être consultées sur le site...

Il m'arrive d'avoir des doutes sur les vertus du dialogue.


PS: Puisque j'ai mis une musique du groupe formé par Louis Sclavis (anches diverses), Henri Texier (contrebasse) et Aldo Romano (batterie), autant vous signaler que le festival de jazz de la Villette propose dimanche "L'oeil de l'éléphant" de leur compagnon Guy Le Querrec (appareil photographique). Guy Le Querrec sera accompagné par Louis Sclavis (toujours anches diverses), Michel Portal (idem, plus bandonéon), Henti Texier (contrebasse) et Jean-Pierre Drouet (percussions variées). Entre ceux-là, le dialogue est plus que possible!



5 commentaires:

Anonyme a dit…

Il ne faut pas lire des choses comme ça, tu te fais du mal. Leurs mots sont comme des crachats, aussi imbéciles que pleins de haine latente. Rien de pire que ces pseudos amoureux de la vie qui la détestent.

Guy M. a dit…

Tout à fait d'accord, mais je suis un peu maso...

Anonyme a dit…

Ces débats vont prendre de plus en plus de place, on recule je vous dit... Le récent décret permettant l'ouverture des registres de l'état civil aux foetus morts est un exemple de ce qui ne serait pas passé il y a quelques années. L'amendement Garraud était passé à la trappe grâce à une bonne mobilisation, mais il reviendra par la grande porte, comme c'est la cas au Canada avec le projet de loi C-484 par exemple.

Merci pour la musique, c'était bon ! :)

Guy M. a dit…

Ce qui est frappant (du moins pour moi), c'est bien ce retour "par la grande porte" de ces faux débats... que j'ai eu tendance (mea culpa, pour rester dans la tonalité...) à croire enterrés.

Y a encore du boulot en perspective...

Anonyme a dit…

Bah mon cher Guy M. beaucoup de gens ont eu cette tendance, peu font pour l'instant leur mea culpa et continuent de croire que ce ne sont que des débats anecdotiques...
Contente de te lire à nouveau !

Bises