vendredi 27 janvier 2012

Nouvelle entrée dans les dictionnaires

Notre pauvre Justice ressemble parfois à la "toute vieille" de la chanson de Brel, "qu'en finit pas de vibrer", "et qu'on n'écoute même pas / ce que ses pauvres mains racontent"...

(Jacques Brel, auteur, acteur, réalisateur et chanteur belge (1929-1978), Ces gens-là, 1966.)

Quelques médias seulement ont rendu compte du verdict prononcé par le tribunal correctionnel de Toulouse dans l'affaire opposant l'Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne) à Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République, qui avait utilisé le mot "souchien" en lieu et place de "Français de souche" au cours d'une émission télévisée, en 2007.

Relaxe.

A dit le tribunal.

Appel.

Répondra peut-être monsieur Bernard Antony, président de l'Agrif, ancien conseiller régional de Midi-Pyrénées et ancien député européen Front national.

Ce qui fait qu'il faudra sans doute attendre encore un peu pour savoir si le substantif "souchien" aura un jour les honneurs du petit Robert.

Ce n'est pas une erreur de mon documentaliste,
c'est seulement pour faire plaisir à tout le monde.
(Exemplaire usagé datant de 1905, archives Larousse.)

L'information a fait l'objet d'une brève dans LibéToulouse qui nous apprend que "le mot «souchien» ne mord donc pas..." et d'une dépêche de l'AFP que le Nouvel Observateur a fidèlement copicollée.

Mais je suis assez déçu de ne rien trouver, pour l'instant, en façade de Rue 89 - estimable "site d'information et de débat sur l'actualité" -, où pourtant l'on avait bien relayé le vrai faux débat renaissant sur le "racisme anti-Blancs".

Cela avait commencé par un billet de Mouloud Akkouche, sur son blogue, affirmant avec assurance : "le racisme anti-Blancs existe". Il s'y attaquait vigoureusement aux "pétitionnaires" qui avaient manifesté leur solidarité avec Houria Bouteldja. L'exemple de "la fille d'une amie de Montreuil (Seine-Saint-Denis)", se faisant "traiter de «sale Française» dans un lycée de sa ville", permettait à notre auteur de mettre en évidence "le racisme anti-Blancs" et surtout de mettre en doute la sincérité des signataires de la pétition :

Il serait intéressant aussi de savoir où vivent la plupart des pétitionnaires. Leurs enfants et petits-enfants n'ont pas dû effectuer leur scolarité dans les écoles publiques des quartiers dits "sensibles". Bien sûr, chacun cherche le meilleur pour sa progéniture. Mais les citoyens démunis ne sont plus dupes des envolées solidaires de certains dirigeants de gauche et de leurs modes de vie au quotidien. Vis comme je te dis, pas comme je vis.

Malgré ce gros populisme de rez-de-chaussée, 716 "riverains" du célèbre "site participatif" ont jugé bon d'ajouter leur grain de sel...

La réaction d’Éric Hazan, Bouteldja dit « Souchiens », le racisme anti-Blancs n'est rien, qui avait l'avantage de replacer un peu plus strictement la question du racisme dans un cadre politique, ne recueillera que 462 commentaires. Auxquels s'ajoutera une réponse de Mouloud Akkouche, concluant, façon cosmique :

Pour conclure, laissons la parole aux scientifiques du documentaire L'ADN, nos ancêtres et nous de Franck Guérin et Emmanuel Leconte. Un film rappelant que les sept milliards d'habitants de la planète seraient tous issus d'une seule peuplade ayant vécu en Afrique. Premiers "Terriens de souche" ?

(!!!)

Cette dernière intervention n'a recueilli que 37 réactions...

On a dû en conclure que ce "débat" était clos, et qu'il n'y avait rien à gagner à le réactiver.

Promenade d'un souchien avec un sous-chien.
(David Hughes, Walking the Dog, Jonathan Cape, 2009.)

En vue réduite, qui est généralement celle du juridisme, le tribunal de Toulouse a décidé que l'emploi du mot "souchien", y compris dans le contexte contesté où l'a utilisé Houria Bouteldja, n'est pas assimilable à une "injure raciale". Cette modeste mise au point lexicographique va obliger les zélés dénonciateurs du "racisme anti-Blancs" à trouver un autre ingrédient pour faire monter leur mayonnaise idéologique...

On sait que l'on pourra compter sur eux ; ils sont en cuisine depuis 2005.

La brigade était alors constituée de sept intellectuels, dits "proches de la gauche", qui avaient lancé le vibrant "Appel contre les « ratonnades anti-Blancs »" - on trouvera texte et liste des signataires sur Wikinews.

Il était prévisible que le relais soit assuré, de diverses manières, par des organisations un peu moins "proches de la gauche". On a pu voir, lors du procès de Toulouse, une centaine de militants du Bloc Identitaire, de Riposte laïque et de Résistance républicaine manifester, sinon leur franc soutien à Bernard Antony, du moins leur hostilité à Houria Bouteldja et au Parti des indigènes de la République. Des banderoles inspirées proclamaient "Maintenant les souschiens montrent les crocs" ou "Vous êtes les indigestes de la République".

Lequel Bernard Antony, décidément très doué pour l'inconfortable posture victimaire, trouve à se plaindre du soutien des "souschiens" qui, à Toulouse, faisaient état de leurs difficultés gastro-intestinales en retroussant les babines :

L’AGRIF a été aussi victime, d’une manière provocatrice, de la malhonnête assimilation par les médias locaux avec le groupe appelé Bloc Identitaire, qui n’était en rien concerné par ce procès. Il avait osé clamer à propos de Mme Bouteldja : « Nous la ferons condamner ! », tout en injuriant le tribunal lors d’un renvoi du procès.

Le tribunal a pu être abusé par cet amalgame médiatique, notamment par La Dépêche du Midi, au mépris de nos protestations jamais publiées. L’AGRIF considère donc que le groupe Bloc Identitaire porte une grave responsabilité de cet échec provisoire.

Le "débat" semble s'être déplacé dans une autre rue que la Rue 89.

Aucun commentaire: