mercredi 1 avril 2009

Monsieur Sophie Germain

S'il y a bien un jour où je trouve qu'il n'y a aucun plaisir à raconter des blagues, c'est bien le premier avril. On y perd sa crédibilité: voyez quel court-bouillon accommode actuellement la galéjade de monsieur Sarkozy sur la réunion du G20.

On se demande parfois s'il écoute encore ce qu'il dit...

Enfin, moi, je ne l'écoute plus.

Tout cela est très défectueux, chez moi.


Le ouiquende dernier, après avoir tourné comme un dératé sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris, je me suis rendu au Local, rue de l'Orillon, prêter une oreille et jeter un œil à/sur un spectacle, intitulé Monsieur Sophie Germain... Femme de Science, écrit et mis en scène par Norbert Aboudharam, et interprété par Claire Vidoni et Christophe Pinon.


J'étais assez curieux de voir ce qu'un homme de théâtre allait tirer du personnage de la mathématicienne Sophie Germain (1776-1831).

La biographie de Marie-Sophie Germain est surtout connue par la notice nécrologique que lui a consacrée G. Libri, membre de l'Académie des Sciences et bibliophile indélicat, dans le Journal des débats du 18 mai 1832, et qui raconte son histoire en quelques anecdotes édifiantes.

Comment la petite fille de 13 ans, recluse au domicile de ses parents pendant la tourmente révolutionnaire, découvre le récit de la mort d'Archimède et se passionne pour cette science qui permet de mépriser la menace de la mort... Comment elle apprend seule le latin pour aborder l'étude des œuvres de Newton et d'Euler... Comment, exclue, en tant que femme, des écoles polytechniques et normales nouvellement créées, elle en étudie cependant les cours et remet des travaux sous le nom de monsieur Le Blanc... Comment elle s'enhardit à écrire au grand mathématicien C.- F. Gauss, qui lui répond... Comment elle révèle que monsieur Le Blanc est mademoiselle Germain et accède à une reconnaissance de la part de ses pairs...

On pourrait lâcher une meute de psychologues à deux sous sur ces images... et on obtiendrait une balourdise en costumes d'époque...

Ce n'est heureusement pas le parti qu'a pris Norbert Aboudharam.

Il a certes repris une bonne partie de ces images anecdotiques, mais il les a assemblées en une construction légère, en séquences assez courtes qui nous font passer du sourire à la réflexion, du ravissement à la gravité, avec cette jolie désinvolture qui est un vrai talent. Les travaux de Sophie Germain, en mathématiques et en physique, sont évoqués avec précision, mais de manière assez discrète pour ne pas "plomber" le spectacle. Enfin, l'équilibre et la cohésion de ce château d'images est assuré par quelques fils, poétiques ou malicieux, qui parcourent la pièce:
la difficulté à trouver du pain digne de ce nom dans le Paris de la révolution, ou la curieuse question du dénombrement d'un troupeau en utilisant la méthode que les matheux nomment "principe du berger"*.

Norbert Aboudharam.

Ce spectacle est le dernier travail en date de Norbert Aboudarham qui a déjà produit Le Chat de Schrödinger, Les Pigeons de Penzias et Wilson, Les Pouces du Panda... que l'on peut essayer de voir en allant à la pêche sur le site de Norbertlechat.

Qui mérite bien une visite.



* Vous comptez les pattes, puis vous divisez par quatre. Allez voir la pièce si vous n'y voyez aucun avantage.

PS: A part ça, et blague à part, Sophie Germain est née le premier avril 1776, et, curieusement, elle n'a pas du tout apprécié qu'un certain Poisson (Siméon Denis), de l'Académie des Sciences, utilise, sans la citer, certains de ses résultats.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Qui etes vous ou avez vous vu le spectacle ?
Norbert Aboudarham

Guy M. a dit…

J'ai vu et apprécié...