mercredi 8 février 2012

Soif de justice à Cherbourg, suite

Malgré le bruit ambiant, on peut trouver dans la presse quelques informations sur les suites de des procès intentés à la demi-douzaine de militant(e)s que le parquet de la Manche avait décidé de faire passer en justice, sous divers motifs plus ou moins fondés, à la suite de leur interpellation dans les environs de Valognes.

Tout en promettant "plus d'informations dans la prochaine édition de La Manche Libre", B.M. donne quelques éléments sur le site dudit journal :

Le premier prévenu âgé de 23 ans devait répondre des chefs d'accusations suivants: pénétration, circulation ou stationnement dans une partie de la voie ferré interdite au public, détention de substances incendiaires et refus de se soumettre au prélèvement biologique.

Le tribunal l'a condamné à un mois de prison avec sursis.

Une militante de 65 ans qui devait également répondre d'un vol de boissons dans un fourgon de CRS a été condamné à un mois de prison avec sursis et à 300 euros d'amendes.

Pour les deux militants, les peines de prison ont été prononcées par le tribunal pour sanctionner leur refus de prélèvement ADN.

Le lecteur manchot doit comprendre tout seul qu'en réalité "le premier prévenu âgé de 23 ans" a été relaxé des délits de "pénétration, circulation ou stationnement dans une partie de la voie ferré interdite au public, détention de substances incendiaires"...

Ce n'est pas pour faire de la peine au rédacteur en chef de La Manche libre, "premier hebdomadaire régional de France", mais l'articulet de Ouest-France, "premier quotidien français en termes de diffusion", est moins ambigu :

Un Belge âgé de 23 ans a été relaxé de l'accusation de s'être trouvé sur les voies avec un fumigène. Le tribunal a estimé que la preuve ne lui avait pas été apportée.

Une Parisienne âgée de 64 ans a été condamnée à 300€ d'amende pour le vol de neuf canettes de soda, qu'elle avait ramassées à proximité du fourgon de ravitaillement des CRS qui avait été incendié.

Tous deux avaient refusé de se soumettre à un prélèvement ADN destiné à les ficher sur le fichier national des délinquants. Ils ont été condamnés à un mois de prison avec sursis.

Voilà qui est clair, et cela ne laisse plus supposer que notre amie assoiffée a cambriolé un fourgon de ravitaillement de la police.

Exemple de ce qu'elle aurait pu bricoler en garde à vue,
si on ne lui avait pas repris les canettes.
(Il y a bien d'autres modèles possibles.)

Quatre autres personnes devaient comparaître ce mardi au tribunal correctionnel de Cherbourg, et Ouest-France a consacré deux brèves aux résultats de cette audience.

Dans la première, on peut lire :

Un photographe professionnel âgé de 19 ans vient d'être condamné à un mois de prison avec sursis. Les CRS avaient trouvé dans sa voiture deux bombes lacrymogène, un couteau de poche, un casque et un masque à gaz.

Un SDF âgé de 33 ans et un militant antinucléaire âgé de 31 ans avaient également été interceptés par les CRS. Dans leur fourgon, les CRS avaient trouvé deux haches au milieu de tout un matériel de camping. Les deux hommes ont assuré qu'ils n'avaient pas l'intention d'utiliser ce matériel pour autre chose que casser du bois dans le campement antinucléaire. Tous deux ont été condamnés à un mois de prison avec sursis. Les deux haches ont été confisquées.

Et la seconde annonce une nouvelle relaxe :

Cette mère de famille de Lorient avait été interpellée sur la voie ferrée. Elle a assuré ne pas s'y être installée volontairement, mais s'y être arrêtée pour reprendre son souffle après avoir inhalé des gaz lacrymogènes lancés par les forces de l'ordre. Le tribunal a considéré qu'il existait un doute sérieux sur sa volonté d'empêcher le passage du train. Il l'a relaxée.

Le dernier paragraphe doit sans doute être une note d'humour :

La SNCF s'était portée partie civile, en évaluant son préjudice à plus de 160 000€. Sa demande n'a pas été reçue.

(On ne se refuse rien, à la SNCF...)

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