lundi 24 octobre 2011

Du sur mesure

Tous les dix ans, depuis ma communion solennelle, je me fais solennellement confectionner un nouveau costume. Après avoir vérifié avec mon banquier que mon compte épargne vêtement a atteint le volume requis, je prends rendez-vous avec mon tailleur personnel, monsieur Leriche, qui œuvre dans le sur-mesure classieux, afin qu'il puisse actualiser sa fiche de mesures et me proposer le choix d'un textile robuste et seyant.

J'ai eu très récemment le très grand plaisir de le revoir sauter de sa table pour m'accueillir avec effusion.

Après avoir procédé, il me glissa à l'oreille :

"Une vraie taille de ministre vous avez, vous saviez ça ?"

Voyant que je ne demandais pas mieux que le savoir, il m'apprit alors, en réclamant la plus grande discrétion - c'est pourquoi j'ai changé son nom -, que monsieur Claude Guéant lui accordait également sa pratique et que - étonnant, non ? - nous avions exactement les mêmes mensurations...

C'est pourquoi je serais fort gêné aux entournures si je voulais plaisanter sur sa "carrure".


Monsieur Claude Guéant essayant une nouvelle cravate
qui taille un peu trop large, surtout vers le bas.
(Photo Le Figaro.)

J'ignore chez qui monsieur François Hollande se fait habiller, mais monsieur Guéant doit le savoir, et même avoir eu communication des mensurations du futur candidat du Parti Socialiste à l'élection présidentielle, puisque, désireux de lui tailler un costard, il n'a pas hésité à dire, de son ton coupant :

"François Hollande n'a pas la carrure."

Cette déclaration sans appel a été fidèlement consignée par Anne Rovan et Philippe Goulliaud, journalistes au Figaro, et utilisée par eux pour titrer le compte-rendu de l'entretien qu'ils ont eu avec le fringant ministre de l'Intérieur :

Guéant : «Hollande n'a pas la carrure pour être président»

(Lequel Hollande s'est aussitôt inscrit à un club de musculation pour compléter le régime qui lui a si bien réussi.)

Très en verve, monsieur Claude Guéant a, sur le dos dudit Hollande, déployé toute son envergure de polémiste :

Martine Aubry a dit qu'il n'avait pas d'épine dorsale. Ségolène Royal, qui le connaît bien, a critiqué son indécision. Laurent Fabius a lancé: «François Hollande président ? On rêve.» François Hollande se targue d'avoir été le collaborateur de François Mitterrand et de Lionel Jospin. Mais aucun d'entre eux ne l'a nommé ministre ! Il ne suffit pas d'avoir les mêmes mimiques que François Mitterrand pour être François Mitterrand. Il ne suffit pas d'être élu de Corrèze pour avoir la stature de Jacques Chirac. Il ne suffit pas d'être de la génération de Nicolas Sarkozy pour être Nicolas Sarkozy.

On notera que, moins délicat que ne pourrait le laisser supposer la sveltesse de sa silhouette, il n'a pas hésité à glisser, très fine allusion, un "qui le connaît bien" en citant la critique de madame Ségolène Royal.

Et on peut estimer que c'est un peu étriqué aux épaules.

Mais on ne peut que regretter l'ampleur qu'aurait pu atteindre ce type de discours, si, comme prévu, monsieur Dominique Stauss-Kahn avait été plébiscité candidat PS... Avec quel plaisir aurait-on entendu, recueillies par monsieur Guéant, les piques, vertes, pas mûres et un peu blettes, de toutes celles qu'il a bien connues...

4 commentaires:

Ysabeau a dit…

Par contre, je serais fort déçue que vous ayez le même fournisseur en cravate. Monsieur Guéant n'a, visiblement aucun sens de ce qui fait un bonne cravate (ou alors il ne sait pas en faire les nœuds, ce qui n'est pas mieux à son âge).

Guy M. a dit…

Il n'y a pas d'âge pour mal faire...

(Mais je ne mets plus de cravate.)

yelrah a dit…

Heu, c'est pas "tailler un costard" un p'tit peu ce billet !
En tout cas bien ajusté ...

Guy M. a dit…

Modeste tentative de cousu main.