lundi 19 septembre 2011

Par dessus les barbelés

Les quotidiens, qui ont rarement parlé de ses procès, n'ont probablement pas parlé non plus de son décès.

Alors, pour saluer Marie-Noëlle Gues, alias Zetkin, cette emmerdeuse majuscule qui était une fille bien, je me permets, moi qui ne la connaissais pas, de copicoller cet hommage qu'Eunous, qui la connaissait, a publié hier sur Indymédia Lille :

Zetkin n’est plus, vive zetkin !

Il était une femme. Elle était sans compromission et sans fatigue, elle portait la lutte jusque dans son cœur, donnant toute sa fougue pour témoigner de la saloperie policière. Marie-Noëlle Gues, connue sous le pseudonyme « Zetkin », a mené une lutte en images et en actes auprès des migrants de Calais durant de longues années, publiant sans relâche des chroniques acides et sans concession pour la flicaille. Elle était le témoin vivant d’une décennie de violences et d’humiliation organisée par l’État contre les exilés du monde entier.

Je me souviens de son imperméable jaune et de son appareil photo, sillonnant les dunes du littoral jusque dans la nuit, participant avec nous aux rondes autour du centre de rétention de Coquelles, guettant les moindres mouvement de la police aux frontières, apportant son aide en toute indépendance, sans jamais se laisser abattre par ses détracteurs, politiciens véreux, flics violents, associatifs bien-pensants, magistrats à la solde du préfet…

Elle a été mon premier repère solide dans la lutte en faveur des migrants. Lors de mes premiers allers-retours sur Calais en 2007, elle était déjà là. Elle était d’ailleurs la seule à porter un message véritablement politique dans ce paysage désertique où les humanitaires s’entendaient avec les élites pour gérer en silence la misère des « clandestins ». Elle était là aussi quand les flics menaient leur rafles, photographiant leurs visages de tortionnaires et tentant d’interposer son corps entre eux et leurs proies.

Ils ont essayé de la briser. Ils l’ont fait casquer, prétextant la rébellion et l’outrage, l’ont arrêtée à maintes reprises et traîné devant leurs tribunaux. Ils l’ont moqué dans leur presse, traîné dans la boue pour qu’elle cesse ses activités. Mais rien ne pouvait la faire taire, car sa conscience était sans faille.

Sans m’étendre d’avantage, je voudrais livrer un hommage personnel à Zetkin, qui était l’incarnation d’une lutte simple, efficace et permanente contre l’agression capitaliste et son pendant xénophobe. Zetkin était communiste, je suis anarchiste. Mais nos luttes étaient faites pour s’entendre. Pour elle, et parce qu’on lui doit bien ça, je voudrais qu’on reprenne une lutte collective, radicale et sans concession contre l’oppression capitaliste. Quand enfin les murs tomberont, mes pensées iront vers elle.

Zetkin s’est envolée par dessus les barbelés, que le vent la porte ! Elle reste parmi nous, plus vivante que jamais.


Quelques liens :

Le blogue de Zetkin, "Témoignages de la vie à Calais, des travaux d'avancement de la destruction de tous nos droits".

Un article de Rue 89, "Jugée car je photographie les arrestations de sans-papiers".

Son dernier billet repris sur Indymédia Lille, le 14 août, "Calais : des soudanais et des afghans en voie d’expulsion !"

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