La palette de cet Autoportrait au passeport juif est sombre, et sa lumière est rare.
Pourtant, par delà les murs qui semblent enserrer l'homme traqué, se dessine une bien timide et incertaine trouée lumineuse. Là, le ciel plombé de nuages gris s'éclaire de la blancheur neigeuse d'un rameau en fleur, irréelle comme un espoir qui ne veut pas mourir. On ne sait si cette branche fleurie a été épargnée au pied de l'arbre qui l'on voit tout proche ériger un tronc nu sévèrement ébranché.
Le peintre a repris là le motif d'un petit tableau, Gefängnishof (Cour de prison) qu'il a peint en 1942, au dos d'un paysage des environs de Rome datant du début des années 1930.
A partir d'une idée plutôt anecdotique, et d'une grande simplicité - un homme, grimpé très haut sur un arbre ébranché, y attache une corde descendant jusqu'au sol -, Felix Nussbaum donne une image forte du désespoir, qui pourrait bien vous hanter longtemps.
Le 20 juin 1944, Felix Nussbaum a été arrêté à Bruxelles, sur dénonciation, puis, le 21 juillet, déporté vers Auschwitz, où il est mort.
Durant les dernières années de sa vie, son ultime espoir semble avoir été que sa peinture ne soit pas oubliée:
"Si je meurs, ne laissez pas mes peintures me suivre, mais montrez-les aux hommes !"
Il a fallu attendre les années 1970 pour qu'on redécouvre ses dessins et tableaux. La plupart d’entre eux sont maintenant conservés au musée que lui a consacré sa ville natale, Osnabrück, en Basse-Saxe. Du site de ce musée, vous pouvez accéder au catalogue raisonné des œuvres de Felix Nussbaum.
Un bon moyen de compléter la visite de l'exposition du Musée d'art et d'histoire du Judaïsme.

PS: Les images des deux tableaux ont été empruntées au catalogue raisonné en ligne.
Impeccable — sauf la Cour de prison (Gefängnishof).
RépondreSupprimerOoops ! comme on dit avant de débrancher...
RépondreSupprimerMerci, je corrige.